Forum de la transformation Digitale : une deuxième édition dans le “Nuage”!

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Abdelatif Miraoui au Forum de la Transformation DigitaleAbdelatif Miraoui, Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, au Forum de la Transformation Digitale le 17 mai 2023 © Lebrief

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Sous le thème : « Le Cloud au service de l’accélération de la digitalisation des entreprises marocaines« , la deuxième édition du Forum de la digitalisation s’est tenue, mercredi 17 mai à Casablanca, en présence du Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, Abdellatif Miraoui. Plusieurs grands noms des Télécoms et de la Tech, ainsi que d’éminents experts en matière de Data, de Business de la Data, ou encore de cybersécurité ont également répondu présent afin d’exposer, débattre et échanger autour de la transformation digitale.

La « transformation digitale », ou « digitalisation », est un sujet d’actualité, brûlant même. Le Maroc l’a d’ailleurs hissé au rang de priorité nationale depuis quelques années déjà, et dernièrement avec le PACTE ESRI-2030, à savoir le plan national de l’accélération de la transformation de l’écosystème de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation.

Lire aussi : Abdellatif Miraoui : «Il ne s’agit pas d’une énième réforme, mais plutôt d’une autre manière de conduire les réformes»

La digitalisation : un chantier majeur

La transformation digitale avec toutes ses implications, techniques et humaines, n’est plus à conjuguer au futur, mais bel et bien au présent, voire au passé pour le Royaume et sa région, notamment en matière de connaissance, de formation et de déploiement. Car oui, l’enjeu pour le Maroc aujourd’hui est d’abord de se mettre à la page quant aux nouveaux outils sur lesquels le marché mondial s’aligne et est en train de se déployer à très grande vitesse.

Nous parlons ici de Cloud, d’Intelligence Artificielle, de nouveaux métiers et de métiers en extinction, en préparation à un avenir qui se chiffre ici en mois, voire en années pour les technologies les plus avancées, à l’image du “Quantum Computing”, la prochaine “révolution informatique majeure” du siècle.

C’est dans ce contexte chargé que le Forum de la Transformation Digitale a tenu sa deuxième édition, au Sofitel de Casablanca. Un événement coorganisé par Orange Maroc et AOB Group, en partenariat avec Huawei Technologies et Fortinet (groupe international spécialisé en cybersécurité). À noter également la participation de l’Association des Utilisateurs de Systèmes d’Information du Maroc (AUSIM), de la Banque Européenne de Reconstruction et de Développement (BERD) et du cabinet d’intelligence de marché IDC. Tous se sont réunis avec un panel d’experts et d’expertes pour clarifier davantage certains aspects techniques du secteur digital, ainsi que de sa réglementation.

Pour cette édition, l’accent a été mis sur le Cloud et l’Intelligence Artificielle pour les entreprises, comme moteurs de croissance économique et de développement désormais incontournables. Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, a ainsi indiqué vouloir faire passer la digitalisation au Maroc de 1% à 5% dans les plus brefs délais, et atteindre divers secteurs tels que la Santé, la télémédecine, l’agriculture et, pourquoi pas, se préparer à l’intégration des “enjeux du Metavers”. Ce dernier reste présent dans les petits papiers de la stratégie ministérielle, malgré ce que les experts n’hésitent pas à qualifier de « débâcle » concernant le très cher projet de Mark Zuckerberg.

Néanmoins, cela montre le sérieux de la volonté politique derrière la stratégie nationale pour la digitalisation à l’horizon 2030, et son ambition à vouloir marquer sa présence.

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Investir dans la formation

Parmi les piliers du plan national pour la digitalisation à l’horizon 2030 : la formation. Pour le Maroc, il s’agit d’un élément central qu’il faudra préparer, en vue d’une capitalisation rapide avec la production de ressources locales, suffisamment qualifiées et prêtes à répondre aux nouvelles exigences du marché mondial, et à l’anticipation des besoins du marché national. L’objectif, selon Abdellatif Miraoui, serait de passer de 8000 lauréats dans le secteur aujourd’hui, à 25 000 en 2025 et 50 000 d’ici à 2030. Une stratégie qui s’appuie notamment sur les nouveaux espaces de codage informatique, sobrement intitulés “code 212”, en référence à l’indicatif téléphonique du Maroc. Des espaces dédiés à la formation et à la certification de cursus, auxquels viendra s’ajouter la “Cloud Academy”, produit de l’engagement du partenariat public-privé entre le ministère de l’Enseignement supérieur et Orange Maroc. Une convention-cadre a été ratifiée en ce sens par les deux parties, lors de la cérémonie de signature en marge du Forum de la Transformation Digitale.

Ainsi, les futurs académiciens du Cloud recevront une formation dispensée par des experts d’Orange Maroc, ainsi que de ses partenaires technologiques, à travers des programmes d’apprentissage et des ateliers pratiques pour, en sommes : « former une nouvelle génération de talents numériques prêts à relever les défis technologiques d’aujourd’hui et de demain », précise Hendrik Kasteel, directeur général d’Orange Maroc. Pour lui, une télémédecine assistée par intelligence artificielle, telle que chatGPT, ne relève plus du fantasme.

Et bien que datant de quelques mois déjà, une deuxième convention partenariale a été officialisée en marge de l’événement, cette fois entre Huawei Technologies, Orange Maroc et l’ENSAM Casablanca (École Nationale Supérieure des Arts et Métiers). Elle vise à assurer une formation en TIC dans le cadre de la mise en place de ladite académie.

Par ailleurs, les étudiants de dernière année de l’ENSAM ont eu l’opportunité de participer à un concours autour de l’intelligence artificielle, lancé par Orange Maroc et dont la remise des prix a eu lieu après la cérémonie de signature. Le premier prix du concours a été décerné au projet “Leaf Doctor”, avec une solution dédiée aux agriculteurs et basée sur l’I.A. Elle permet, entre autres, de détecter et d’isoler les plantes malades ou infectées. Le deuxième prix a été remporté par une équipe 100% féminine, avec un projet autour de la sécurité de données, nommé: “SecData”. Enfin, en troisième position, une solution pour la détection des problèmes dans les infrastructures routières. Le tout basé sur l’intelligence artificielle, le machine learning et l’analyse de données.

la plupart des industries n’en sont encore qu’aux débuts, en termes d’adoption du Cloud
Yassine Sekkat, du cabinet de conseil McKinsey Casablanca

Chiffres et opportunités

Selon Ali Salhi, chief technology officer de Loop Insurance, le marché global du Cloud représentera en 2025 plus de 800 milliards de dollars. Un marché colossal sur lequel devrait s’aligner l’économie marocaine et ses différents acteurs, à commencer par les PME. Sur le terrain, il s’agit de définir le niveau de maturité des secteurs à même d’entamer un processus réel de déploiement. Car « la plupart des industries n’en sont encore qu’aux débuts, en terme d’adoption du Cloud« , précise Yassine Sekkat, du cabinet de conseil McKinsey Casablanca.

Hormis une réduction des coûts pour les entreprises, notamment en matière de dématérialisation, de Monitoring ou de sécurité des données, la technologie Cloud permet également un déploiement plus “efficace” de l’intelligence artificielle. Manish Ranjan, responsable Cloud & IT chez IDC, indique que les dépenses des entreprises marocaines ont augmenté en 2023 de 25% pour l’infrastructure, 7,8% pour les projets orientés et de 23,9% dans les logiciels. En termes de priorités de développement, poursuit-il, 50% des chefs d’entreprises déclarent s’orienter vers les processus d’automatisation.

Intégrer un déploiement des solutions Cloud, combinées à de l’IA, pourrait ainsi offrir des opportunités d’expansion considérables. Sur ce point, Ali Salhi cite le cas Netflix qui génère plus d’un milliard de dollars rien qu’avec leur système de recommandation, avec un algorithme basé sur des modèles de machine learning avancés. Le taux annuel de croissance s’élèverait à 37%.

Côté financement, la Banque Européenne de Reconstruction et de Développement (BERD) a profité de l’occasion pour présenter son programme de soutien aux projets de transformation digitale, éco-responsable des PME, à travers le programme ASB,  Advice for Small Business. Ce dernier propose le financement de 55 à 88% du coût total du projet, pour un budget allant jusqu’à 150000 euros. Silvia Carter, experte en stratégie digitale de la BERD, a rappelé que pour l’année 2022, 56 projets ont été approuvés au Maroc, sur plus de 200.

Entre 25 et 30% des métiers du “back office” sont voués à disparaître
Hassan Bahej, de IBM Maroc

Amis ou ennemis?

Cela dit, malgré tous ces avantages, l’ensemble des spécialistes s’accordent sur l’importance de la régulation et de l’éthique dans ce milieu. Le Cloud posant la question de la souveraineté des données stockées, alors que l’IA pose celles de la disparition de certains métiers. Ils seraient entre 25 et 30% des métiers du “back office” voués à disparaître, selon Hassan Bahej, de IBM Maroc. Pour Steve JARRETT, directeur de l’Intelligence Artificielle Groupe Orange France, ces métiers vont plutôt se “transformer”. Des secteurs comme celui du support client, du marketing, de la programmation et de l’analyse de données, seront obligés d’explorer d’autres horizons, ou de se mettre à jour. Le défi actuel, ajoute la même source, c’est de « réduire les hallucinations de l’I.A… de trouver le modèle le plus équilibré« . Une question de temps estiment les experts. Pour l’instant, l’IA a encore besoin du facteur humain pour se développer, car toujours aussi imparfaite.

Alors, le Cloud et l’intelligence artificielle : amis ou ennemis ? Pour les entreprises, la réponse est claire: ce sont des amis qui vous veulent du bien. Les avantages sont nombreux et la facilité de déploiement et d’utilisation, entre autres, ne pourra qu’être positive en matière de retour sur investissement. Il reste toutefois des problématiques à régler, telles la souveraineté des données, le coût d’accès et surtout la facture énergétique, ces technologies étant extrêmement énergivores. Repenser la relation Homme-Machine est également un défi à relever, ainsi que le développement d’un cadre éthique et d’une régulation suffisamment efficace pour éviter toute dérive, en attendant la prochaine révolution de l’informatique mondial. Une étape “historique”, disent les spécialistes, comparable à l’invention de l’imprimerie ou de l’internet, à savoir le “Quantum Computing”.

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