Flexibilité du dirham : le Maroc opte pour une transition en douceur

Avatar de J.R.Y
Temps de lecture :

Flexibilité du dirham : le Maroc opte pour une transition en douceur

A
A
A
A
A

Le Maroc a effectué un pas supplémentaire dans la réforme du régime de change en élargissant la bande de fluctuation du dirham à +/- 5%. Depuis lundi, le dirham n’a pas connu de mouvements brusques, ce qui signifie que le timing était approprié et que les opérateurs économiques comprennent mieux la réforme. Pour un citoyen lambda, la libéralisation du dirham est assimilée à une dévaluation et beaucoup craignent une augmentation des prix à la consommation. Les deux premières années de la réforme ont démontré que les craintes étaient infondées.

Depuis lundi, le Maroc est passé à la deuxième phase de la réforme du régime de change. Les autorités monétaires (ministère des Finances et Bank Al-Maghrib) ont élargi la bande de fluctuation du dirham.

Comment cela fonctionne?

La banque centrale fixe un cours central sur la base d’un panier composé de 60% d’euros et de 40% de dollars. Par rapport à ce cours central, le dirham peut s’apprécier ou se déprécier aumaximum 5%. En dehors de cette borne, la banque centrale peut intervenir. Avant cette nouvelle étape, les bornes étaient fixées à 2,5% de part et d’autre.

Depuis lundi, le dirham n’a pas connu de mouvements brusques, laissant supposerque le timing était approprié et que les opérateurs économiques comprennent mieux la réforme. À terme, c’est la loi de l’offre et de la demande qui déterminera la valeur du dirham. Pour arriver à ce stade, il faudra attendre encore quelques années. Certains pays qui ont mené cette réforme avant le Maroc, ont mis au moins dix ans pour passer à un régime de change flottant. Le Maroc a démarré sa réforme il y a deux ans.

Le contexte macro-économique et financier favorable a motivé le passage à la deuxième phase. Les réserves de changes sont à un niveau jugé approprié. Elles s’élèvent à 240 milliards de DH. L’inflation est maîtrisée. Sur une période longue, la hausse des prix à la consommation a été contenue en dessous de 2%. Les autres indicateurs qui sont surveillés sont le taux d’endettement. Là aussi, le niveau est jugé soutenable.

Pourquoi la libéralisation du dirham ?

La réforme du régime de change permettra de renforcer la capacité de l’économie à absorber les chocs externes (comme la flambée du prix du pétrole par exemple), soutenir sa compétitivité et contribuer ainsi à améliorer sa croissance.

Le taux de change est un instrument qui peut soutenir les exportations. On parle de dévaluation compétitive. Toutefois, elle n’est efficace que si votre secteur exportateur est aussi performant. Beaucoup de pays ont donc utilisé le taux de change pour soutenir les ventes de leurs entreprises à l’étranger. Mais, il y a des limites. Depuis l’arrivée de Donald Trump à la présidence américaine, il accuse régulièrement ses partenaires étrangers (Chine, Japon, Union européenne…) de manipuler leurs devises. Ce n’est pas forcément vrai. La politique monétaire influence aussi le taux de change. Ceci dit, c’est une arme dont dispose les États. Elle est à double tranchant, surtout lorsque vous êtes un grand importateur parce que vous prenez aussi le risque de voiraugmenter le prix des importations.

Le Maroc a choisi de mener une réforme graduelle et il n’y est pas contraint par la conjoncture. L’Égypte, pour ne citer qu’elle, a été obligée de passer brutalement au système flottant en novembre 2016, avec toutes les conséquences sur l’économie. Aujourd’hui, l’économie du pays se redresse.

Dernier articles
Les articles les plus lu
Maroc-Japon : accord de prêt de 3,9 MMDH pour moderniser l’irrigation dans la plaine du Gharb

Économie - Le Maroc et le Japon signent un prêt de 3,9 MMDH pour moderniser l’irrigation de la plaine du Gharb, renforçant sécurité alimentaire et coopération bilatérale.

Hajar Toufik - 20 novembre 2025
COP30 : quand le Maroc tisse une transition climatique qui unit tourisme, sport, jeunesse et territoires

Économie - Au cœur de la COP30 à Belém, le Maroc multiplie les initiatives pour ancrer l’action climatique dans les territoires, renforcer l’éducation, verdir le tourisme, mobiliser le sport et consolider la coopération internationale, affirmant un modèle durable et inclusif.

Ilyasse Rhamir - 20 novembre 2025
Budget citoyen 2026 : un guide clair pour comprendre les priorités nationales

Économie - Un document pédagogique du ministère des Finances présente les grandes lignes du Budget 2026 de manière simple et accessible, en éclairant les citoyens sur les priorités publiques, les choix fiscaux et les projets majeurs prévus pour l’année à venir.

Ilyasse Rhamir - 20 novembre 2025
Vidéo – La SGTM franchit un cap stratégique avec son entrée en Bourse

Économie - La SGTM ouvre une nouvelle phase de son expansion avec une entrée en Bourse destinée à renforcer sa croissance, diversifier son actionnariat et consolider son rôle dans les grands projets d’infrastructures au Maroc et en Afrique.

Ilyasse Rhamir - 20 novembre 2025
Investissement touristique : le Maroc renforce son positionnement comme hub continental

Économie - La deuxième édition du Morocco Showcase Summit 2025 renforce l'attractivité du Maroc pour les investisseurs touristiques.

Mouna Aghlal - 19 novembre 2025
Le Maroc signe un partenariat digital stratégique avec Keiretsu Forum

Le Maroc a signé un partenariat stratégique avec Keiretsu Forum afin de devenir un acteur majeur du numérique en Afrique et d’accélérer sa transition digitale.

Mahmoud Nafaa - 19 novembre 2025
Voir plus
Visa Schengen : le cauchemar européen à prix d’or

Dossier - Entre les délais interminables, les coûts exorbitants et les parcours semés d’embûches, obtenir un visa Schengen c’est devenu…

Sabrina El Faiz - 26 juillet 2025
Coût, impact… tout savoir sur la nouvelle LGV Kénitra-Marrakech

Économie - Le Maroc lance l’extension de sa LGV vers Marrakech, un projet structurant qui transformera durablement la mobilité, l’économie et la connectivité entre les grandes villes.

Hajar Toufik - 25 avril 2025
Où en est l’avancement du gazoduc Nigeria-Maroc ?

Économie - Le projet de gazoduc Nigeria-Maroc progresse : 13 pays engagés, signature intergouvernementale à venir et lancement d’un premier tronçon entre Nador et Dakhla.

Hajar Toufik - 14 juillet 2025
BTP : le Maroc bétonne ses règles

Dossier - Pas d’attestation, pas de chantier. C’est simple, non ? Pas de couverture décennale, pas de livraison. N'y réfléchissons pas trop !

Sabrina El Faiz - 19 juillet 2025
Régions : qui profite vraiment du Maroc des grands chantiers ?

Économie - Le Maroc construit partout, mais se développe-t-il partout ? Analyse région par région…

Sabrina El Faiz - 25 octobre 2025
Indemnités CNSS 2025 : nouveaux plafonds et conditions d’exonération

Économie - Un arrêté du 19 mai 2025 redéfinit les règles d’exonération des indemnités liées au transport, à la représentation ou aux aides sociales. La CNSS est désormais dotée d’un cadre harmonisé avec la fiscalité, garantissant plus de clarté pour les employeurs.

Ilyasse Rhamir - 20 octobre 2025
pub

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire