Climat, pollution, surpêche : l’économie marine en péril

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Climat, pollution, surpêche : l’économie marine en périlImage d’illustration © DR

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À l’heure où les économies cherchent à se diversifier et à répondre aux défis climatiques, l’économie océanique apparaît comme un secteur d’avenir. Mais son potentiel est aujourd’hui menacé par les effets du changement climatique, la pollution et la surexploitation. La CNUCED tire la sonnette d’alarme et appelle à une gouvernance renforcée, des investissements durables et une meilleure résilience du secteur maritime.

L’économie océanique, ou « blue economy », s’impose de plus en plus comme un pilier stratégique pour de nombreux pays, en particulier pour les États côtiers et insulaires. Représentant environ 7% du commerce mondial avec 2,2 milliards de dollars en 2023 (dont 1,3 milliard en services et 900 milliards en biens), elle constitue un levier essentiel pour la sécurité alimentaire, la création d’emplois et la diversification économique.

Pourtant, derrière cette croissance rapide se cache une vulnérabilité grandissante. Dans son rapport de juin 2025, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) alerte sur les menaces pesant sur l’économie océanique et formule des recommandations pour la rendre plus résiliente, inclusive et durable.

Une économie à fort potentiel, mais inégalement exploitée

L’économie océanique ne se limite pas à la pêche ou au transport maritime. Elle englobe aussi les énergies marines renouvelables, le tourisme côtier, la biotechnologie marine, l’aquaculture ou encore la transformation des produits de la mer. Ce secteur croît plus rapidement que l’économie mondiale dans son ensemble, en particulier dans les pays en développement, où il peut représenter une part substantielle du PIB national.

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Cependant, ce potentiel est loin d’être pleinement exploité. Dans de nombreuses régions, le manque de données fiables, d’infrastructures adaptées ou encore de financements freine l’essor de la blue economy. Les pays du Sud, souvent très dépendants de leurs zones côtières, sont confrontés à une double contrainte : développer leur économie bleue tout en faisant face aux impacts du changement climatique, qui affectent directement les ressources marines et les chaînes logistiques maritimes.

Une économie sous pression : climat, pollution, surpêche

Malgré son dynamisme, l’économie océanique est de plus en plus fragilisée. Le rapport souligne plusieurs menaces majeures :

• Le changement climatique, avec l’élévation du niveau de la mer, l’intensification des tempêtes et la hausse des températures, menace les infrastructures portuaires, la biodiversité marine et la sécurité des communautés côtières.

• La pollution, notamment plastique, continue de s’accumuler dans les océans, perturbant les écosystèmes et affectant la santé des populations qui dépendent de la mer.

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• La surexploitation des ressources, avec la surpêche et la dégradation des habitats marins, met en péril la durabilité de nombreuses activités économiques.

La CNUCED insiste sur l’urgence de mettre en place une gouvernance plus rigoureuse de l’économie marine. Il est crucial de renforcer la collecte de données, de promouvoir la transparence, et d’intégrer les dimensions sociales et environnementales dans la gestion des ressources.

Des leviers d’action pour une économie bleue durable et inclusive

Pour préserver le potentiel de l’économie océanique, plusieurs pistes d’action sont proposées par la CNUCED. Tout d’abord, le développement d’infrastructures marines résilientes est indispensable. Cela passe par des ports mieux préparés aux chocs climatiques, des systèmes de transport durables et des technologies adaptées aux$ environnements marins vulnérables.

Ensuite, la coopération Sud-Sud doit être encouragée pour permettre un partage d’expertise, de technologies et de bonnes pratiques entre pays en développement. Le rapport souligne également l’importance d’améliorer l’accès au financement, en particulier pour les petites entreprises locales et les initiatives communautaires qui peuvent jouer un rôle important dans la transition vers une économie bleue inclusive.

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Enfin, la CNUCED appelle à l’innovation bleue, via des investissements dans les technologies propres, la recherche marine et la bioéconomie. Cette approche doit s’accompagner d’une intégration des femmes et des jeunes, encore trop peu représentés dans les chaînes de valeur maritimes, et d’une meilleure inclusion des populations autochtones et des communautés côtières.

L’économie océanique représente une chance unique de bâtir un modèle de développement durable, capable de répondre aux défis sociaux, économiques et environnementaux du XXIe siècle. Mais ce potentiel ne pourra se concrétiser sans une action coordonnée à l’échelle mondiale, régionale et locale. Face à l’urgence climatique et aux menaces croissantes pesant sur les océans, il est temps d’investir massivement dans la résilience, l’innovation et l’inclusivité. Car sans une mer en bonne santé, il ne peut y avoir de prospérité durable.

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