Smart City 2025 : le vélo électrique peut-il arriver à Casablanca ?

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Smart City 2025 : le vélo électrique peut-il arriver à Casablanca ?Image d'illustration © DR

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Entre manque d’infrastructures et ambitions environnementales, la mobilité verte à Casablanca avance à petits pas. Pour Aya Samir, cheffe de projet chez Ecomove, il est temps de passer des intentions aux projets concrets, en s’appuyant sur l’innovation, l’échange international et la planification durable.

Casablanca a longtemps été pensée pour la voiture. Résultat ? Une circulation saturée, une pollution chronique et des mobilités douces encore marginales. Pourtant, la 9ᵉ édition du forum Casablanca Smart City affiche clairement ses priorités : innover pour une ville inclusive et durable. Au cœur de cette transition, la mobilité verte occupe une place stratégique.

Pour Aya Samir, cheffe de projet chez Ecomove, l’enjeu est clair : la ville doit réduire sa dépendance aux véhicules thermiques et proposer des alternatives écologiques, notamment en matière de vélos électriques et de transports propres. Mais cette transition est loin d’être simple, tant les freins structurels, sociaux et politiques persistent. Dans un entretien accordé lors du forum, la jeune cheffe de projet dresse un état des lieux sans détours, tout en dessinant les contours d’un futur possible.

Des freins persistants à la mobilité durable

Interrogée sur les obstacles à l’adoption de modes de transport plus écologiques, Aya Samir est catégorique : « Il n’y a pas encore de projets concrets capables de révolutionner la mobilité durable à Casablanca. » Les idées et la volonté sont là, mais les mises en œuvre tardent. Ce retard s’explique par plusieurs facteurs : manque d’infrastructures adaptées, faible culture de la mobilité douce, coût élevé des solutions alternatives, ou encore absence de politiques publiques ambitieuses à court terme.

Smart City 2025 : l’IA pour une ville plus fluide et inclusive

« Il faut travailler sur l’impact social et environnemental », insiste-t-elle. La mobilité verte ne doit pas se limiter à un discours technophile, elle doit permettre une amélioration tangible du cadre de vie, en réduisant la pollution, en fluidifiant les déplacements et en reconnectant les quartiers périphériques au cœur de la ville.

Le vélo électrique, par exemple, est une piste sérieuse. « Oui, c’est possible d’intégrer les vélos électriques à Casablanca », affirme Aya Samir. Encore faut-il adapter la ville à leur usage : sécuriser les pistes cyclables, aménager des parkings, sensibiliser les usagers, et surtout… leur laisser une place dans l’espace public.

Vers un changement de culture urbaine

Malgré les freins, les signaux d’un changement commencent à émerger. D’abord parce que le Maroc s’est engagé dans une dynamique de décarbonisation à l’horizon 2030. Ensuite, parce que Casablanca, en tant que capitale économique et vitrine du pays, ne peut plus ignorer les enjeux climatiques et sociaux liés à la mobilité.

La vision portée par Ecomove s’inscrit dans cette mutation : « On veut trouver des solutions innovantes. J’espère qu’elles pourront se concrétiser d’ici 2030 sur le marché marocain. » Pour Aya Samir, l’innovation passe autant par la technologie que par la coopération entre villes, locales et internationales.

Smart City 2025 : Casablanca, laboratoire d’une ville du futur

Elle insiste sur l’importance des forums comme Casablanca Smart City, devenus des lieux d’échange incontournables. « C’est un événement annuel fort, un espace de partage, de réflexion et de relations avec nos villes jumelles », souligne-t-elle.

Cette ouverture à l’international permet à Casablanca de s’inspirer d’expériences réussies ailleurs, mais aussi de s’affirmer comme un acteur crédible dans le concert des villes innovantes. Le recours aux Digital Twins, ces répliques numériques des villes pour tester des scénarios avant mise en œuvre, est une nouveauté qui retient son attention. Elle y voit un outil clé pour anticiper, planifier, corriger, et construire une ville plus agile.

Mettre la technologie au service du citoyen

Au-delà de la mobilité, c’est une nouvelle manière de penser la ville que défend Aya Samir. Une ville planifiée autour du citoyen, de ses besoins, et de sa qualité de vie. « Toutes les technologies émergentes doivent être mises au service de la planification urbaine et du citoyen », martèle-t-elle.

Cette logique suppose une meilleure coordination entre les différents acteurs publics et privés, mais aussi une volonté politique claire. Avec la Coupe du monde 2030 en ligne de mire, certaines villes marocaines seront amenées à moderniser rapidement leurs infrastructures.

Casablanca mise sur l’IA pour fluidifier la ville

Pour Aya Samir, c’est une opportunité stratégique pour accélérer l’intégration des solutions de mobilité verte et tester à grande échelle des innovations jusqu’ici marginales.

L’avenir de la mobilité casablancaise, selon elle, ne dépend pas uniquement de la technologie ou des financements, mais de la capacité collective à dépasser les blocages culturels, administratifs et urbains. C’est en engageant une réflexion systémique, du trottoir au tram, du quartier au territoire que la ville pourra évoluer vers un modèle plus vert, plus inclusif et plus résilient.

Une ambition à concrétiser

Le témoignage d’Aya Samir est à la fois lucide et porteur d’espoir. Oui, la route vers une mobilité verte à Casablanca est encore semée d’embûches. Mais les idées circulent, les réseaux se construisent, les outils se précisent. Reste maintenant à transformer cette effervescence en actions concrètes, visibles et pérennes.

La Smart City ne peut être un simple mot-valise technologique. Elle doit être le catalyseur d’une ville humaine, propre, fluide et équitable. Casablanca a les moyens de faire figure de pionnière, à condition d’écouter ses jeunes talents et de faire place à leurs visions.

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