Aïd Al-Adha : amende pour le sacrifice du mouton ? Le vrai du faux

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Aïd Al-Adha : amende pour le sacrifice du mouton ? Le vrai du fauxDes moutons © DR

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Une vague de rumeurs circule sur les réseaux sociaux, laissant croire à l’instauration d’une amende en cas de sacrifice rituel durant Aïd Al-Adha. Qu’en est-il réellement sur le plan juridique ? Éléments de réponse.

À l’approche de Aïd Al-Adha, une vague de rumeurs a enflammé les réseaux sociaux : plusieurs publications affirment qu’une amende pouvant aller jusqu’à 5.000 DH serait infligée à toute personne procédant au sacrifice rituel du mouton. Une affirmation qui suscite l’inquiétude chez de nombreux citoyens, surtout après l’appel royal invitant les Marocains à faire preuve de solidarité en s’abstenant d’accomplir le rituel du sacrifice cette année.

Cette décision royale, largement saluée pour sa portée sociale et humanitaire, intervient dans un contexte économique difficile pour une grande partie des ménages. Elle ne remet pas en question la célébration de l’Aïd, qui reste officiellement maintenue. Elle vise plutôt à encourager une prise de conscience collective face aux inégalités sociales et à promouvoir un esprit de solidarité, en invitant ceux qui le peuvent à renoncer temporairement à un rituel coûteux.

Mais cette invitation a aussi soulevé de nombreuses interrogations, notamment sur le cadre juridique applicable. Est-il désormais interdit de sacrifier un mouton lors de l’Aïd ? Et surtout, les contrevenants risquent-ils vraiment une amende ?

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Pas d’amende, pas d’interdiction légale

Contacté par LeBrief, Me Youssef Chahbi, avocat au barreau de Casablanca, est formel : «À ma connaissance, aucun texte de loi ne prévoit une amende en cas de sacrifice rituel durant Aïd Al-Adha. Le message royal est une recommandation morale et sociale, non une obligation légale». En d’autres termes, aucune infraction ne peut être retenue contre les citoyens qui choisissent, en conscience, d’accomplir ce rite religieux.

D’un point de vue strictement juridique, rien n’interdit aujourd’hui le sacrifice du mouton. Le vide juridique sur cette question est d’ailleurs l’une des causes de la confusion actuelle. L’appel royal, bien qu’il soit porteur d’un message fort, ne s’accompagne pas d’un dispositif légal contraignant. Il appartient donc à chaque citoyen d’interpréter cette recommandation en fonction de sa situation personnelle, de ses convictions religieuses et de sa capacité à contribuer à l’effort collectif souhaité.

La diffusion massive de rumeurs sur des amendes imaginaires s’inscrit ainsi dans une dynamique plus large de désinformation, souvent amplifiée par les réseaux sociaux. De nombreux juristes et chercheurs appellent d’ailleurs à la vigilance et au discernement face à ces fausses informations qui entretiennent la confusion.

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Appel à la conscience

Il convient de rappeler que le message royal ne remet pas en cause la fête religieuse elle-même. La prière de l’Aïd, les retrouvailles familiales et les autres aspects spirituels et culturels de la célébration sont maintenus. L’appel s’adresse essentiellement aux Marocains qui, en raison de la crise financière, pourraient envisager de renoncer volontairement à l’achat du mouton et orienter leur solidarité vers ceux qui en ont le plus besoin.

Ce choix n’est ni simple ni évident, tant le sacrifice rituel est ancré dans la tradition et la symbolique religieuse de Aïd Al-Adha. Il représente pour beaucoup un acte de foi, mais aussi un moment de partage et de cohésion familiale.

Néanmoins, le message royal propose une autre forme de sacrifice : celle de l’intérêt personnel au profit du bien commun. Un geste de solidarité qui, dans un contexte de hausse des prix et de précarité croissante, prend tout son sens.

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