KPMG : quels impacts pourraient avoir les tarifs douaniers sur les fusions entre le Canada et les États-Unis ?

Mbaye Gueye
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Trump promet 2.000 dollars à chaque Américain grâce aux recettes douanièresDonald Trump qui signe dès son entrée en fonction une centaine de décrets © Jim WATSON/POOL/AFP

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Les tarifs de 25% proposés par Donald Trump sur les marchandises canadiennes pourraient freiner les fusions et acquisitions entre le Canada et les États-Unis à court terme. Toutefois, des ajustements stratégiques et des opportunités transfrontalières à long terme pourraient permettre aux entreprises canadiennes de tirer leur épingle du jeu. Retour sur les perspectives et les recommandations des experts de KPMG.

Les tarifs douaniers proposés par le président américain Donald Trump pourraient ralentir les activités de fusion et d’acquisition entre le Canada et les États-Unis au début de l’année, mais des opportunités pourraient émerger à long terme. Il a ordonné une évaluation des pratiques commerciales et a proposé des droits de douane de 25% sur les marchandises canadiennes. En réponse, le gouvernement canadien a annoncé envisager des contre-mesures.

Marco Tomassetti, président de KPMG Corporate Finance Inc., a expliqué que l’incertitude causée par ces tarifs pourrait réduire l’attractivité des entreprises canadiennes pour les acheteurs potentiels. Même si les fusions et acquisitions ont connu une forte dynamique en Amérique du Nord en raison de taux d’intérêt bas et de capitaux abondants, ces tarifs pourraient freiner cet élan.

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« À court terme, les acheteurs et les vendeurs vont ralentir leurs décisions pour évaluer les impacts des tarifs sur les revenus », a-t-il précisé. Les propriétaires d’entreprises pourraient retarder la mise en vente de leurs actifs pour éviter une dévaluation de leurs actifs. De leur côté, les acheteurs souhaitent comprendre les répercussions des tarifs avant d’investir.

Cette incertitude rend les transactions plus difficiles à évaluer et à financer, ce qui risque de ralentir le marché au cours des six premiers mois. Cependant, toutes les entreprises ne seront pas affectées de la même manière. Selon Marco Tomassetti, les entreprises canadiennes peu exposées aux États-Unis ou ayant un pouvoir de fixation des prix devraient être moins touchées. Ces entreprises continuent d’attirer des acheteurs, et certaines transactions se réalisent encore à des valeurs élevées.

« Malgré les défis, le marché demeure actif, et nous nous attendons à une année solide pour les fusions et acquisitions », a-t-il affirmé.

Une vision à long terme

À long terme, les changements dans les accords commerciaux, comme une renégociation possible de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), pourraient encourager des transactions transfrontalières. Neil Blair, responsable des services-conseils transactionnels chez KPMG, prévoit que les entreprises canadiennes chercheront à acquérir des actifs aux États-Unis pour contourner les restrictions commerciales.

Selon lui, des entreprises canadiennes pourraient acheter des usines aux États-Unis pour se conformer aux nouvelles exigences en matière de chaînes d’approvisionnement. En outre, des hausses potentielles de l’impôt sur les gains en capital au Canada pourraient inciter les entreprises à réaliser des acquisitions stratégiques.

Les conseils de KPMG pour naviguer dans l’incertitude

Pour évoluer dans un contexte commercial marqué par l’incertitude liée aux tarifs douaniers, les entreprises doivent adopter une approche stratégique et proactive.

Tout d’abord, il est essentiel d’évaluer l’impact des tarifs douaniers sur les coûts, les chaînes d’approvisionnement et les stratégies de tarification. Cette analyse permet d’identifier les vulnérabilités et de mieux anticiper les effets sur la rentabilité.

Ensuite, les entreprises devraient planifier des scénarios afin d’atténuer les risques. Cela inclut la création de stratégies adaptées pour réduire les coûts et contourner les obstacles commerciaux, tout en restant compétitives sur le marché.

Pour attirer des investisseurs ou acheteurs potentiels, il est crucial de démontrer leur résilience face aux défis. Les entreprises doivent mettre en avant leur capacité à maintenir la création de valeur malgré les pressions des tarifs.

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Par ailleurs, une diligence raisonnable rigoureuse est nécessaire lors de toute acquisition. Cela implique une évaluation approfondie des impacts des changements commerciaux sur les cibles, en tenant compte des flux de trésorerie et des modèles d’affaires.

Enfin, il est fortement recommandé de s’appuyer sur des conseillers expérimentés. Ces experts peuvent fournir des conseils en fiscalité, logistique et stratégie pour maximiser les opportunités et minimiser les risques.

KPMG a été classé comme le conseiller le plus actif au Canada en matière de fusions et acquisitions en 2024. L’entreprise a conseillé 46 transactions en un an et 246 transactions au cours des cinq dernières années, selon les données de LSEG.

Malgré les défis actuels, l’avenir des fusions et acquisitions au Canada reste prometteur, porté par une vision stratégique et des opportunités à long terme dans le commerce transfrontalier.

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