Gestion de l’eau au Maroc : le point sur la stratégie nationale 2009-2020

Avatar de Nora Jaafar

Temps de lecture :

Le point sur la stratégie nationale de l'eau 2009-2020

A
A
A
A
A

La séance plénière de la Chambre des conseillers du mardi 9 février a été consacrée à la stratégie nationale de l’eau 2009-2020. Durant cette réunion le groupe thématique parlementaire chargé de l’évaluation des politiques publiques a présenté les conclusions de cette stratégie, déplorant des retards accablants en termes de réalisation des objectifs de ce chantier. Abdelkader Amara, ministre de l’Équipement et du Transport, a pour sa part avancé qu’une enveloppe budgétaire de près de 4,8 milliards de DH sera mobilisée pour l’édification de cinq grands nouveaux barrages en 2021. Et Noureddine Boutayeb, ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, a annoncé qu’un total de 153 stations de traitement des eaux usées ont été réalisées depuis le lancement en 2006 du Programme national d’assainissement liquide (PNA).

Il s’est tenuce mardi 9 février, la séance annuelle de la Chambre des conseillers consacrée à la stratégie nationale de l’eau 2009-2020. Lors de cette réunion, le groupe thématique parlementaire chargé de l’évaluation des politiques publiques a présenté ses conclusions quant à cette stratégie. Soulignant que ce dossier concerne les ministères del’Intérieur, de l’Agriculture, de l’Équipement et de l’Énergie, ledit groupe a dénoncé que lesdeux gouvernements successifs de cette dernière décennie n’ont pas su atteindre les objectifs escomptés en matière de gestion d’eau.Il explique dans son rapport que «plusieurs retards au niveau de la mobilisation de l’eau, de la construction des barrages ou encore du transfert des ressources hydriques des zones excédentaires vers les régions qui en ont le plus besoin» ontété constatés.Aussi, un manque conséquent de ressources financières a entravé la réussite des différents chantiersde la stratégie nationale de l’eau.

«Dix ans après la présentation de la stratégie nationale de l’eau devant le roi, il est clair que l’activation de cette stratégie a été gravement perturbée en termes de temps», martèle le rapport. D’après TelQuel, à la suite de ce retard alarmant, le roi Mohammed VI a dû intervenir en 2019 afin d’introduire en urgence un nouveau programme qui porte sur l’accélération des opérations de dessalement et de la cadence de construction des grands barrages.

Pour compenser les retards accumulés dans le cadre de la gestion d’eau, le groupe de travail parlementaire recommande :

  • une meilleure coordination entre les différents ministères en charge de ce dossier ainsi que l’intégration des barrages à construire dans les projets agricoles ;
  • l’étude et l’adoption de nouvelles méthodesplus innovantes de la mobilisation afin de lutter contre les menaces du stress hydrique ;
  • le recours à des plantations plus adaptées au changement climatique et à la disponibilité des ressources des nappes phréatiques ainsi que la réduction des cultures qui nécessitent de grandes quantités d’eau ;
  • la sensibilisation des citoyens quant à l’importance de la rationalisation dans l’économie de l’eau ;
  • une meilleure canalisation des eaux de pluie et des inondations ainsi que la protection des nappes phréatiques à travers la poursuite de la construction des barrages ;
  • la solution de «contraindre les unités industrielles et touristiques à traiter leurs eaux usées conformément à la réglementation avant de les rejeter dans les cours d’eau» ;
  • la réutilisation des eaux usées pour l’irrigation et l’alimentation des nappes phréatiques.

Consolidation du réseau de barrages au Maroc

Intervenant également lors de cette séance plénière, Abdelkader Amara, ministre de l’Équipement, du Transport, de la logistique et de l’eau, a fait le point sur les chantiers de barrages. Il a ainsi annoncé que cinq grands nouveaux barrages d’une capacité de 525 millions de m3 seront lancés en 2021 dans le cadre du programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027. Ces derniers nécessiteront une enveloppe globale estimée à 4,8 milliards de DH (MMDH). Tout en précisant que l’objectif in fine est d’atteindre une capacité totalede 27 milliards de m3,le ministreindiquequ’il s’agit du barrage sur Oued Lakhdar, dans la province d’Azilal et des barrages de Taghzirt, dans la province de Béni-Mellal, Tamri dans la préfecture d’Agadir Ida-Outanane et d’Alkhankro à Figuig, en plus du barrage d’Imfout, à Settat, qui fera l’objet d’unrehaussement.

De plus, il a affirmé aux parlementaires que son département a procédé entre 2009 et 2020 au lancement de 23 grands barrages, pour un coût global de 28,2 MMDH, et avec une capacité de 6,237 milliards de m3. Il a noté que sept de ces barrages sont en exploitation, 11 sont en cours de réalisation et cinq ont été réalisés en 2020 (avec une capacité de 2,237 milliards dem3)pour un montant de7,8milliardsde DH (MDH).

S’agissant de la stratégie nationale de l’eau, Abdelkader Amara a indiqué que «26 barrages ont été réalisés ou sont en cours de réalisation (dont 17 en exploitation), 18 ont été inclus dans le programme national 20-27 et au projet de plan national 20-50 et 16 n’ont pas été pris en compte, soit pour suffisance des dispositifs de drainage et d’approvisionnement existants, soit pour inefficacité du projet due à une faible capacité». Il a conclu son exposé en soutenant que c’est grâce à la politique proactive en matière de l’eau initiée par feu le roi Hassan II et consolidée par le roi Mohammed VI que le Maroc s’est doté de 149 grands barrages d’une capacité globale de plus de 19 milliards de m3 et de 133 petits barrages en exploitation.

Le bilan du Programme national d’assainissement liquide (PNA)

Outre le groupe thématique parlementaire chargé de l’évaluation des politiques publiques et Abdelkader Amara, Noureddine Boutayeb, ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, s’est également exprimé devant les parlementaires ce mardi 9 février. Ce dernier a évoqué en détail le bilan du Programme national d’assainissement liquide (PNA), notant que depuis son lancement en 2006 «un total de 153 stations de traitement des eaux uséesd’une capacité de 3,38 millions de m3(MM3), ont été réalisées». Il a expliqué qu’en termes de réutilisation des eaux usées traitées, 45 MM3 d’eaux ont été mobilisés, dont 23 MM3 ont été exploités pourl’irrigation des parcours de golf, des zones vertes ainsi qu’à des fins industrielles. Le responsable a tenu à rappeler que la mise en place des 89 projets concernantla réutilisation d’environ 100 MM3 d’eaux usées traitéschaque année vise principalement à contrer le stress hydrique du Royaume.Dans ce sens, il a indiqué que les chantiers du PNA ont ainsi amélioré «les indicateurs dans les zones urbaines avec un taux de raccordement de 76% en 2018, et de 82% l’an dernier, contre 70% en 2006, soit un taux de réalisation de 102% des objectifs programmés». Le ministre délégué a en outre précisé que letaux de traitement des eaux usées a atteint 56% en 2020, contre 7% en 2006, soitprès 94% des objectifs initiaux.

Par ailleurs, Noureddine Boutayeb a avancé que son département a poursuivi, en collaboration avec les ministères et les acteurs concernés, la mise en œuvre du PNA en milieux urbain et rural ainsi quela réutilisation des eaux usées traitées afin de «porter à 90% le raccordement au réseau d’assainissement et de réduire le taux de la pollution de plus de 80%». Enfin, il a précisé qu’une série de mesures d’urgence liéesà ce domaine a également été adoptée, notamment: la mise en place d’un programme de renforcement de l’approvisionnement en eau potable en milieu urbain ;l’extension du PNA aux zones rurales ;le lancement de projets d’équipement des centres ruraux en réseaux d’assainissement sanitaire ;etla mise en œuvre de projets de renforcement de l’approvisionnement en eau potable dans le monde rural ainsi que du programme de petits barrages.

Dernier articles
Les articles les plus lu
Safi : près de 2,5 tonnes de résine de cannabis saisie

Société : Lors d'une saisie de 60 ballots de Cannabis, la police de Safi a interpellé deux personnes soupçonnées de trafic de stupéfiants.

Mouna Aghlal - 30 juillet 2025
Bab Sebta : la douane a récupéré 4.770 kg de cocaïne

Société : Société - Une femme a été interpellée mardi soir à Bab Sebta. Lors d'une fouille approfondie, 4,770 kg de cocaïne ont été saisis.

Mouna Aghlal - 30 juillet 2025
Corruption : fin de partie pour Mohamed Karimine et Aziz El Badraoui

Société : Mohamed Karimine et Aziz El Badraoui ont été condamnés à 7 et 6 ans de prison pour détournement de fonds publics.

Mouna Aghlal - 29 juillet 2025
Télécoms : forte progression des abonnements au 1er trimestre 2025

Société - Le Maroc franchit un nouveau cap avec près de 57,4 millions d’abonnés à la téléphonie mobile et un taux de pénétration record.

Ilyasse Rhamir - 29 juillet 2025
Nador : alerte après une intoxication collective, les autorités rassurent

Société - À Zaïo, seize personnes ont été hospitalisées après avoir consommé un gâteau contenant des éclats de verre lors d’une fête. Les analyses médicales ont écarté tout risque grave.

Mouna Aghlal - 29 juillet 2025
Ethiopie : le Maroc appelle à la création d’un fonds dédié à la sécurité alimentaire en Afrique

Société - Le ministre Ahmed El Bouari a plaidé pour une transformation durable des systèmes alimentaires, fondée sur l’innovation, la gouvernance inclusive et la coopération Sud-Sud.

Mbaye Gueye - 28 juillet 2025
Voir plus
Travaux : les Casablancais n’en peuvent plus !

Dossier - Des piétons qui traversent d’un trottoir à l’autre, des voitures qui zigzaguent… À croire que les Casablancais vivent dans un jeu vidéo, sans bouton pause.

Sabrina El Faiz - 12 avril 2025
La classe moyenne marocaine existe-t-elle encore ?

Dossier - Au Maroc, pour définir le terme classe moyenne, nous parlons de revenus. Cela ne veut pourtant plus rien dire.

Sabrina El Faiz - 5 juillet 2025
Faux et usage de faux, la dangereuse fabrique de l’illusion

Dossier - Un faux témoignage peut envoyer un innocent en prison ou blanchir un coupable. Un faux diplôme casse la méritocratie. Un faux certificat peut éviter une sentence.

Sabrina El Faiz - 24 mai 2025
Le Maroc des voisins qu’on n’a pas choisis

Dossier - Les voisins ont bien changé. Les balcons étaient les réseaux sociaux d’antan. On y partageait les breaking news du quartier et les hommes étaient aussi bien surveillés que les enfants !

Sabrina El Faiz - 12 juillet 2025
Aïd Al-Adha : amende pour le sacrifice du mouton ? Le vrai du faux

Société - À quelques semaines de Aïd Al-Adha, une rumeur sur une prétendue amende pour le sacrifice du mouton sème le doute chez les Marocains.

Hajar Toufik - 16 mai 2025
IA : avons-nous encore un libre arbitre ?

Dossier - Confiance dans les GPS, les avis en ligne ou des suggestions d'algorithme, nous déléguons notre libre-arbitre à des logiques invisibles.

Sabrina El Faiz - 3 mai 2025

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire