Guerguarate : le Maroc reprend les choses en main

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Le trafic routier entre le Maroc et la Mauritanie a repris samedi après trois semaines de blocage. La situation est très calme ce dimanche selon l’agence Maghreb arabe presse (MAP). Le passage de Guerguarate est à présent complètement sécurisé par la mise en place d’un cordon de sécurité par les Forces armées royales (FAR), conformément aux instructions du roi Mohammed VI. C’est ce qu’a indiqué vendredi soir un communiqué de l’Etat-major général des FAR. Le ministère des Affaires étrangères a de son côté affirmé que l’opération menée par les FAR pour restaurer la libre-circulation au passage de Guerguarate, s’est déroulée «de manière pacifique, sans accrochage ni menace pour la sécurité des civils». Plusieurs pays arabes ont réitéré leur soutien au Maroc alors que la Chambre des représentants ainsi que l’ensemble des partis politiques marocains ont salué cette opération.

Retour à la normale à Guerguarate. Le trafic routier a repris samediaprès trois semaines de blocage,au lendemain d’une opérationlancée par le Maroc dans cettezone-tampon. 80 camions ont traversé côté mauritanien et presque autant du côté marocain. La situation était très calme dimanche matin àGuerguarate «contrairement à la propagande des séparatistes et de leurs relais algériens qui tentent de faire croire à l’opinion publique internationale que la zone tampon est à feu et à sang», affirme l’agence MAP. L’envoyé spécial de l’agenceajoute que les professionnels du transport international routier (TIR) marocains et étrangers ont laissé éclater leur joie après la réouverture du poste-frontière et la reprise du trafic des biens et des personnes entre le Maroc et la Mauritanie.

Le Maroc avait réagi vendrediaux provocations du Front Polisario à Guerguarate. Dans un communiqué de presse publié ce vendredi matin,le ministère des Affaires étrangères a annoncé que face aux provocations des milices du groupe séparatiste, le Royaume «n’a eu d’autre choix que d’assumer ses responsabilités afin de mettre un terme à la situation de blocage et restaurer la libre circulation civile et commerciale» dans cette zone reliant le Maroc à la Mauritanie. La même source explique que quelque 70 membres du Polisario se sont introduits dans ladite zonedepuis le 21 octobre 2020. Ils«ont mené des actes de banditisme, bloqué la circulation des personnes et des biens et harcelé continuellement les Observateurs militaires de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara (Minurso)»,précise le communiqué. Ces actes, estime le ministère,impactent le statut de ce passage,menacentla pérennité ducessez-le-feu, et violent aussi les accords militaires et les résolutions 2414 et 2440 du Conseil de Sécurité.

Lire aussi :Pourquoi Guerguarate est stratégique pour le Maroc ?

Un cordon de sécurité

Le passage d’El Guerguerat entre le Maroc et la Mauritanie est à présent complètement sécurisé. C’est ce qu’indique l’Etat-major général des FAR dans un communiqué rendu public vendredi soir. Ainsi, c’est pour rétablir le flux des biens et des personnes dansla zone tampon de Guerguarate que les Forces armées royales (FAR) ont procédé à la mise en place d’un cordon de sécurité dans la zone, nous apprend lecommuniqué de l’État-major général des FAR. «Au cours de cette opération, la milice armée du Polisario a ouvert le feu sur les Forces Armées Royales qui ont pour leur part riposté et obligé les miliciens à prendre la fuite, sans qu’aucun dégât humain ne soit enregistré», affirme le communiqué.Le ministère des Affaires étrangères a pour sa part rappelé que le Maroc s’était jusqu’à présent engagé à faire preuve de retenue malgré les provocations du front séparatiste, qui se sont multipliées depuis 2016. Et d’ajouter qu’en dépit des appels de la Minurso et du Secrétaire général des Nations Unies (SG de l’ONU), ainsi que l’intervention de plusieurs membres du Conseil de sécurité, le Polisario refuse toujours d’obtempérer.

Après l’intrusion du 21 octobre 2020, et tout en soutenant l’action du Secrétaire Général, le Souverain avait affirmé dans une lettre à M. Guterres: «Le statu quo ne peut plus se prolonger. Si cette situation perdure, le Royaume du Maroc, dans le respect de ses attributions, en vertu de ses responsabilités et en parfaite conformité avec la légalité internationale, se réserve le droit d’agir, au moment et de la manière qu’il jugera nécessaire, afin de sauvegarder le statut de la zone, de rétablir la libre-circulation et de préserver la dignité des Marocains», rappelle le ministère.

Il souligne aussique le Maroc «demeure fermement attaché à la préservation du cessez-le-feu», relevant que l’opération menée par les FAR vise précisément à consolider le cessez-le-feu en empêchant la récurrence de pareils actes graves et inadmissibles qui violent l’accord militaire et menacent la sécurité et la stabilité régionales. Une position saluée samedi par le Commissaire européen chargé du Voisinage et de l’Elargissement Olivér Várhelyi.«Je salue l’attachement du Maroc au cessez-le-feu. Garantir la libre circulation des personnes et des biens est fondamentale», a déclaréVárhelyi sur son compte Twitter.

Réactiondu Polisario

De leur côté, les séparatistesont « dénoncé » ce vendredi l’opération militaire du Maroc dans la zone tampon de Guerguarate,nous apprendl’AFP. Mohamed Salem Ould Salek, diplomate en chef du front séparatiste, a déblatéréà l’agence française : «C’est une agression. La guerre a commencé. Le Maroc a liquidé le cessez-le-feu». La milice polisarienne a ainsi lancé une attaque dans le Nord du mur de défense marocain au niveau du sous-secteur Mahbès, rapporte Le360. Les FAR ont de nouveau répliqué en utilisant des moyensantichars et ontneutralisél’offensive du Polisario.

Par ailleurs, Le360 nous apprend de sources sûres que le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, a fui le siège du groupe séparatiste à Tindouf. Ce dernier aurait disparu peu de temps après la riposte des Forces armées royales. Le lieu exact où se trouve Ghali et les motifs de sa disparition sont encore inconnus.

L’ONU regrette, l’Algérie et la Mauritanie appellent à la retenue

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « regrette » que ses efforts ces derniers jours pour « éviter une escalade » à Guerguarateaient échoué, a déclaré vendredi son porte-parole. Profondément préoccupé par les derniers développement, Guterres «reste engagé à éviter l’effondrement du cessez-le-feu».

Le chef de l’Union africaine (UA) s’est inquiété pour sa part samedi des « menaces graves » sur le cessez-le-feu en vigueur depuis 1991 entre Maroc et Front Polisario. Dans un communiqué publié samedi, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, «exprime sa profonde préoccupation suite à la détérioration de la situation».

L’Algérie a réagi,en fin de journée vendredi, en déplorant vivementles « graves violations » du cessez-le-feu.«L’Algérie appelle les deux parties, le Maroc et le Front Polisario, à faire preuve d’un sens de responsabilité et de retenue», a indiqué un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères.

Quant à la Mauritanie, son ministère des Affaires étrangères (MAE) a également appelé à la retenue. Nouakchott«invite tous les protagonistes à oeuvrer dans le sens de la préservation du cessez-le-feu», indique le communiqué du MAE mauritanien.

La France a pour sa partappelé vendredi soir à «tout faire pour éviter l’escalade et à revenir au plus vite à une solution politique», a rapporté le ministère français des Affaires étrangères à l’AFP. Paris préconise «la nomination dans les meilleurs délais d’un nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies».

Enfin, l’Espagne, ancienne puissance coloniale au Sahara, «exhorte les parties à reprendre le processus de négociation et à avancer vers une solution politique, juste, durable et mutuellement acceptable», a indiqué le ministère espagnol des Affaires étrangères dans un communiqué publié vendredi soir.

Plusieurs pays arabes soutiennent le Maroc

L’Organisation de la coopération islamique (OCI) a affirmé son appui aux mesures prises par le «Royaume du Maroc pour sécuriser le flux des biens et des personnes au niveau de la zone tampon d’El Guergarate dans le Sahara marocain».Dans un communiqué publié samedi, l’OCI dit «condamner tout acte menaçant la libre circulation dans cette zone reliant le Maroc et la Mauritanie».

Le Royaume d’Arabie Saoudite a exprimé samedi son soutien aux mesures prises par le Royaume du Maroc pour rétablir la liberté de circulation civile et commerciale dans la zone tampon de Guerguarate au Sahara marocain. Dans un communiqué, le ministère saoudien des Affaires étrangères a exprimé sa «condamnation de toute pratique qui menace le trafic dans ce passage vital entre le Royaume du Maroc et la République islamique de Mauritanie».

La Jordanie a exprimé, samedi, son soutien total au «Royaume frère du Maroc dans toutes les démarches qu’il entreprend pour protéger ses intérêts nationaux, son intégrité territoriale et sa sécurité». Le ministère jordanien des Affaires étrangères et des Expatriés a condamné, dans un communiqué,«l’incursion illégale à Guerguarate, qui viole les accords signés et pousse vers une menace pour la sécurité et la stabilité».

L’État des Émirats Arabes Unis (EAU) a réitéré, vendredi, sa solidarité et son soutien au Maroc dans la protection de ses territoires. «Les Émirats arabes unis ont réitéré leur solidarité et leur soutien au Royaume du Maroc frère et appuyé la décision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI de mettre fin à l’incursion illégale dans la zone tampon de Guerguarate, qui relie le Maroc et la Mauritanie, dans le but de sécuriser les flux naturels de marchandises et de personnes entre les deux pays voisins»,indique un communiqué du ministère émirati des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.

Le Qatar a également exprimé, vendredi par la voix de son ministère des Affaires étrangères, son soutien à la décision du Maroc d’agir pour mettre fin à l’impasse provoquée par le blocage de la circulation au passage de Guerguarate par les milices du Polisario.

Enfin, le Royaume du Bahreïn a exprimé, vendredi, son appui et sa solidarité avec le Maroc dans la défense de sa souveraineté et ses droits et la sécurité de ses terres et citoyens au niveau du passage deGuerguarate dans le cadre de la souveraineté du Maroc et l’intégrité de son territoire conformément à la légalité internationale. Dans un communiqué, le ministère bahreïni des Affaires étrangères a exprimé sa forte condamnation des actes hostiles entrepris par les milices du Polisario et ses provocations dangereuses au passage de Guerguarate dans le Sahara marocain.

Réunion avec les chefs des partis politiques

Dans un communiqué rendu public vendredi soir, la Chambre des représentants a souligné la légitimité des actions menées par le Maroc, dans le cadre des références juridiques internationales et de l’exercice du droit à instaurer la sécurité à Guerguarate.

Saad Dine El Otmani, Chef du gouvernement, a pour sa part convoqué une réunion d’urgence avec les secrétaires généraux des partis politiques, en présence du Conseiller du Roi Fouad Ali El Himma, du ministre de l’IntérieurAbdelouafi Laftit et du ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger Nasser Bourita. À cet égard, le secrétaire général du Parti Authenticité et Modernité (PAM), Abdellatif Ouahbi, a salué la sage décision du roi Mohammed VI, Chef Suprême et Chef d’Etat-Major Général des FARconcernant la zone tampon de Guerguarate, relevant que cette décision a permis «le règlement de la situation dans la région».De son côté, le secrétaire général du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), Mohamed Nabil Benabdallah, a souligné que le «Maroca pris aujourd’hui une décision pour la défense de la légitimité internationale et de l’intégrité territoriale, après une longue période de retenue».Pour sa part, le secrétaire général du Parti Mouvement populaire (MP), Mohand Laenser, a déclaré que le Maroc a pris toutes les mesures nécessaires pour faire de cette opération un succès, expliquant dans ce sens que le Royaume avait informé les Nations Unies et un certain nombre de pays des provocations du Polisario. Enfin, pour le secrétaire général du Parti de l’Istiqlal (PI), Nizar Baraka, cette décision «a résolu le problème du transit entre le Maroc et la Mauritanie, et a garanti le droit des citoyens des deux pays de se déplacer via le passage de Guerguarate».

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