8e réunion du CVE : financer la relance

image defaut author user
Temps de lecture :

COM

A
A
A
A
A

Le Comité de veille économique a tenu, ce jeudi, sa huitième réunion de travail depuis le début de la propagation du coronavirus au Maroc. Outre le bilan chiffré des mesures prises jusqu’à présent, cette réunion a été marquée par l’annonce d’un dispositif de garantie par l’État pour le financement de la phase de relance de toutes les entreprises publiques et privées impactées par la pandémie. Deux produits de garantie ont été lancés : la garantie « Relance TPE » et « Damane Relance ». Des questions subsistent pourtant sur l’impact réel de ces mesures et les risques qu’elles entraînent.

Nouvelle réunion et nouvelle batterie de mesures déployées par le Comité de veille économique (CVE) en faveur des entreprises impactées par le Covid-19 (communiqué de presse consultable ici). Les membres du Comité ont décidé de mettre en place un dispositif finançant la phase de relance des entreprises durant le deuxième semestre de l’année 2020. L’objectif étant de créer une dynamique avec une incidence positive sur les emplois et qui permettra de rétablir la confiance entre les partenaires économiques.

Ce dispositif permet de financer le besoin en fonds de roulement des entreprises avec un taux d’intérêt maximum de 4% (taux directeur BAM + 200 points)rapporte le quotidien le Matin dans son édition du vendredi 22 mai 2020. Le remboursement de ces crédits peut s’étaler sur une période de sept ans avec deux ans de délai de grâce.

Financer la relance économique

Le CVE a annoncé deux produits de garantie sans pour autant dévoiler la date de leur déploiement par les banques :

  1. «Relance TPE» : produit de garantie réservée aux toutes petites entreprises (TPE) dont le chiffre d’affaires ne dépasse pas les 10 millions de dirhams. La garantie de l’État y est à hauteur de 95%.Cecréditpeutreprésenter 10% du chiffre d’affaires annuel.
  2. «Damane Relance» : ce produit de garantie (proposé par la CGEM) est consacré aux entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur à 10 millions de dirhams. La garantie de l’État variera entre 80 et 90% selon la taille de l’entreprise. Ces crédits peuvent atteindre 1 mois et demi de chiffre d’affaires pour les entreprises industrielles et un mois de chiffre d’affaires pour les autres, rapporte Medias24. Afin de contribuer à réduire les délais de paiement, 50% du crédit doit servir au règlement des fournisseurs.

Afin de soulager la trésorerie des TPME, il a également été décidé d’accélérer le paiement des dettes de ces entreprises auprès de certains établissements et entreprises publiques impactés par cette pandémie. Dans un communiqué, le CVE précise qu’un nouveau mécanisme est mis en place :

  • L’établissement public ou l’entreprise publique arrête la liste détaillée des entreprises créancières devant être payées.
  • L’État accorde sa garantie pour la levée par l’entité publique concernée d’un emprunt dédié exclusivement au paiement desdites entreprises.
  • Les banques accordent le crédit et prennent en charge directement les paiements des entreprises concernées sur la base des informations communiquées par l’entité publique concernée.

Les membres du CVE se sont, également, penchés sur les principales mesures émanant des plans de relance sectoriels élaborés par la CGEM en étroite concertation avec les fédérations sectorielles (consultable ici).

Un bilan mitigé

Outre les chiffres des mesures prises en faveur des ménages, le Comité de veille économique a annoncé que 17600 entreprises ont bénéficié de la garantie « Damane Oxygène »pour un montant total de 9,5 milliards DH. Un chiffre qui reste somme toute bienfaible. Pour rappel,134.000 entreprises ont déclaré 950000 salariés en arrêt provisoire de travail en avril dernier. Comparativement, en France,80 milliards d’euros de prêts ont été accordés au bénéfice de 445000 entreprisesau 21 mai 2020, rapporte le sitele Monde.

La CGEM avait relevé il y a près d’un mois quelques déviations dans la manière d’agir de certaines banques pour garantir la continuité des entreprises en cette période difficile. Parmi les pratiques dénoncées «l’instauration de pénalités ou intérêts supplémentaires ou encore l’augmentation de tarifs». L’attribution de crédit Damane Oxygène faisait également débat. Othman Benjelloun, président du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) avait alors tenu à démentir ces accusations et assuréque le GPBM veillait à apporter le soutien et l’appui nécessaire aux entreprises en crise.

De son côté, le site online du magazine Challenge tire la sonnette d’alarme sur ce qu’adviendrontl’État et les entreprises dans les mois, voire les années à venir. «Le dispositif de sauvetage en question aura créé deux zombies, un État lourdement endetté et donc à la marge de manœuvre des plus limitées et un tissu de PMEétranglées par l’endettement et subissant de surcroît une dégradation imparable de leurs marges normatives», souligne Challenge.

La même source estime que «s’il n’est pas suivi d’autres mesures complémentaires pour permettre aux entreprises de sortir définitivement de la crise, le dispositif de Damane Oxygène risque d’avoir les mêmes effets que le Supplice du Pal (supportable au début, mais extrêmement douloureux à la fin)», appelant l’État à trouver des solutions d’urgence pour les fonds propres dont manqueront cruellement les entreprises durant cette période.

Dernier articles
Les articles les plus lu
Maroc-Japon : accord de prêt de 3,9 MMDH pour moderniser l’irrigation dans la plaine du Gharb

Économie - Le Maroc et le Japon signent un prêt de 3,9 MMDH pour moderniser l’irrigation de la plaine du Gharb, renforçant sécurité alimentaire et coopération bilatérale.

Hajar Toufik - 20 novembre 2025
COP30 : quand le Maroc tisse une transition climatique qui unit tourisme, sport, jeunesse et territoires

Économie - Au cœur de la COP30 à Belém, le Maroc multiplie les initiatives pour ancrer l’action climatique dans les territoires, renforcer l’éducation, verdir le tourisme, mobiliser le sport et consolider la coopération internationale, affirmant un modèle durable et inclusif.

Ilyasse Rhamir - 20 novembre 2025
Budget citoyen 2026 : un guide clair pour comprendre les priorités nationales

Économie - Un document pédagogique du ministère des Finances présente les grandes lignes du Budget 2026 de manière simple et accessible, en éclairant les citoyens sur les priorités publiques, les choix fiscaux et les projets majeurs prévus pour l’année à venir.

Ilyasse Rhamir - 20 novembre 2025
Vidéo – La SGTM franchit un cap stratégique avec son entrée en Bourse

Économie - La SGTM ouvre une nouvelle phase de son expansion avec une entrée en Bourse destinée à renforcer sa croissance, diversifier son actionnariat et consolider son rôle dans les grands projets d’infrastructures au Maroc et en Afrique.

Ilyasse Rhamir - 20 novembre 2025
Investissement touristique : le Maroc renforce son positionnement comme hub continental

Économie - La deuxième édition du Morocco Showcase Summit 2025 renforce l'attractivité du Maroc pour les investisseurs touristiques.

Mouna Aghlal - 19 novembre 2025
Le Maroc signe un partenariat digital stratégique avec Keiretsu Forum

Le Maroc a signé un partenariat stratégique avec Keiretsu Forum afin de devenir un acteur majeur du numérique en Afrique et d’accélérer sa transition digitale.

Mahmoud Nafaa - 19 novembre 2025
Voir plus
Visa Schengen : le cauchemar européen à prix d’or

Dossier - Entre les délais interminables, les coûts exorbitants et les parcours semés d’embûches, obtenir un visa Schengen c’est devenu…

Sabrina El Faiz - 26 juillet 2025
Coût, impact… tout savoir sur la nouvelle LGV Kénitra-Marrakech

Économie - Le Maroc lance l’extension de sa LGV vers Marrakech, un projet structurant qui transformera durablement la mobilité, l’économie et la connectivité entre les grandes villes.

Hajar Toufik - 25 avril 2025
Où en est l’avancement du gazoduc Nigeria-Maroc ?

Économie - Le projet de gazoduc Nigeria-Maroc progresse : 13 pays engagés, signature intergouvernementale à venir et lancement d’un premier tronçon entre Nador et Dakhla.

Hajar Toufik - 14 juillet 2025
BTP : le Maroc bétonne ses règles

Dossier - Pas d’attestation, pas de chantier. C’est simple, non ? Pas de couverture décennale, pas de livraison. N'y réfléchissons pas trop !

Sabrina El Faiz - 19 juillet 2025
Régions : qui profite vraiment du Maroc des grands chantiers ?

Économie - Le Maroc construit partout, mais se développe-t-il partout ? Analyse région par région…

Sabrina El Faiz - 25 octobre 2025
Indemnités CNSS 2025 : nouveaux plafonds et conditions d’exonération

Économie - Un arrêté du 19 mai 2025 redéfinit les règles d’exonération des indemnités liées au transport, à la représentation ou aux aides sociales. La CNSS est désormais dotée d’un cadre harmonisé avec la fiscalité, garantissant plus de clarté pour les employeurs.

Ilyasse Rhamir - 20 octobre 2025
pub

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire