Le Maroc, grand absent du sommet de Berlin sur la Libye

Avatar de Nora Jaafar
Temps de lecture :

conference_sur_la_libye

A
A
A
A
A

La conférence sur la Libye, qui a eu lieu ce dimanche 19 janvier à Berlin, n’a pas réussi «pour l’instant» à entamer «un dialogue sérieux» entre Fayez al-Sarraj, chef du gouvernement d’union (GNA) du pays nord-africain, et son rival le maréchal Khalifa Haftar, commandant de l’armée nationale libyenne (ANL). Ce sommet, qui avait pour objectif premier de décélérer le conflit opposant les deux protagonistes libyens, a connu la participation de onze représentants de nations étrangères. Toutefois le Maroc, qui a toujours exprimé son engagement vis-à-vis de la résolution des tensions qui sévissent dans «ce pays voisin», manquait à l’appel. De ce fait, le ministère marocain des Affaires étrangères a dénoncé, par le biais d’un communiqué, la non-invitation du royaume à la conférence de Berlin.

Face à l’escalade de tensions en Libye entre les forces de Fayez al-Sarraj, chef du gouvernement d’union (GNA), et celles du maréchal Khalifa Haftar, commandant de l’armée nationale libyenne (ANL), les Nations Unies ont décidé d’intervenir. Ainsi,leConseil de sécurité de l’ONUa organisé, ce dimanche 19 janvier à Berlin, une conférence d’urgence sur la Libye, tout en invitant plusieurs pays étrangers à y participer. Après une demi-journée de négociations, pendant laquelle les deux protagonistes libyens ne se sont pas rencontrés, aucun «dialogue sérieux» n’a été entamé, a souligné le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à l’issue de la rencontre. «La conférence a été très utile (…) mais il est clair qu’on n’a pas réussi pour l’instant à lancer un dialogue sérieux et stable entre Fayez al-Sarraj et Khalifa Haftar», a-t-il déploré à France 24.

Voici ce qui a été convenu

Lors du sommet de ce dimanche, les pays participants, notamment les États-Unis, la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, la Turquie, l’Italie, l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Algérie, ont appelé à la création d’une «Commission militaire» inter-libyennes entre représentants militaires des deux camps. Cette instance, qui sera composée de dix officiers (cinq de chaque côté), aura pour mission de consolider l’accord de cessez-le-feu en vigueur depuis le 12 janvier 2020, rapporte CNN. Puis, pendant la conférence de presse commune avec le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lachancelière allemande, Angela Merkel, a annoncé qu’il a été convenu que les deux protagonistes respectent l’embargo sur les armes. Elle a expliqué que «cet embargo serait plus strictement contrôlé qu’auparavant», nous apprend Euronews. Enfin, Guterres a soutenu que «tous les participants se sont également engagés à renoncer à des interférences dans le conflit armé ou les affaires intérieures de la Libye». Notons que le pays, qui est confronté à un chaos politique depuis la chute en 2011 de son ex-dirigeant Muammar Gaddafi, a fait face depuis avril 2019à de violents combats entre les forces de l’ANL et du GNA. De plus, ce conflit a été attisé par l’ingérence de la Turquie qui soutient militairement le gouvernement d’Al-Sarraj, ainsi que celle de la Russie, qui malgré ses dénégations, appuie visiblement plusle maréchal Haftar.

Le Marocécarté du sommet deBerlin

Ce lundi 20 janvier, la presse marocaine s’interroge sur l’exclusion du Maroc de cette conférence d’urgence sur la Libye. Le ministère marocain des Affaires étrangères a même publié un communiqué de presse déplorant la non-invitation du royaume qui «a toujours été à l’avant-garde des efforts internationaux pour la résolution de la crise libyenne», indique Médias24. Le département de Nasser Bourita a également souligné «le rôle décisif de Rabat dans la conclusion des accords de Skhirat, qui sont, à ce jour, le seul cadre politique – appuyé par le Conseil de Sécurité et accepté par tous les protagonistes libyens – en vue de la résolution de la crise dans ce pays maghrébin frère». La même source ajoute que «Le Royaume du Maroc ne comprend ni les critères ni les motivations qui ont présidé au choix des pays participant à cette réunion». Et d’ajouterque «le pays hôte de cette conférence, qui est loin de la région et des complexités de la crise libyenne, ne saurait la transformer en instrument de promotion de ses intérêts nationaux».

De son côté le quotidien arabophone Al Akhbar a indiqué que la veille du sommet de Berlin, le président français, Emmanuel Macron, a contacté par téléphone le roi Mohammed VI pour le consulter surle dossier libyen et pour lui exprimer son incompréhension quant à la non-présence du Maroc. Selon une source d’Al Massae, le pays hôte de la conférence sur la Libye a écarté le Maroc parce que la rencontre ne vise que de faire de la crise libyenne un fonds de commerce. Et Al Ahdath Al Maghribia, qui cite Ghassan Salamé, représentant spécial et chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye, rapporte que ce dernier a appelé au respect de l’accord de Skhirat. Il a également insisté sur la formation d’un gouvernement d’union nationale qui mettrait fin à la juxtaposition de deux gouvernements en guerre, l’un à Tripoli et l’autre à Benghazi. Salamé a en outre soutenu que l’ingérence internationale dans les affaires libyennes ne traduit que l’intérêt que portent certaines puissances occidentales aux réserves de pétrole du pays.

Pour rappel, grâce aux efforts du Maroc et de la supervision de l’ONU plusieurs traités ont été signés le 17 septembre 2015 pour aider la Libye à sortir de son impasse politique. C’est ainsi qu’après plusieurs mois de négociations et de concertation entre les différentes factions libyennes que l’accord de Skhirat a vu le jour.

Dernier articles
Les articles les plus lu
Analyse : le roi Mohammed VI fixe les priorités de la dernière année législative

Politique - Le roi Mohammed VI a appelé les élus à renforcer la justice sociale… Analyse.

Ilyasse Rhamir - 10 octobre 2025
Ouverture du Parlement : le Roi met l’accent sur la justice sociale et le développement des zones vulnérables

Politique - Le roi Mohammed VI a adressé un discours, ce vendredi 10 octobre, au Parlement à l'occasion de l’ouverture de la première session de la 5e année législative de la 11e Législature.

Rédaction LeBrief - 10 octobre 2025
Chèque sans provision : vers une réforme du Code de commerce

Politique - Un projet de loi vise à redonner au chèque sa crédibilité comme moyen de paiement dans le contexte économique actuel.

Mouna Aghlal - 10 octobre 2025
Sahara : à l’ONU, de multiples intervenants confirment leur appui au plan d’autonomie du Maroc

Politique - Lors d’une session à New York, plusieurs pétitionnaires ont salué la montée du soutien international au plan d’autonomie présenté par le Maroc, qualifié de solution crédible et durable pour mettre fin au différend autour du Sahara.

Ilyasse Rhamir - 10 octobre 2025
La princesse Lalla Hasnaa participe à une réception du Congrès Mondial de la Nature à Abou Dhabi

Politique - Présente à Abou Dhabi, la princesse Lalla Hasnaa a pris part à une réception en marge du Congrès Mondial de la Nature. Elle y a échangé avec plusieurs responsables internationaux engagés dans la préservation de la biodiversité et la lutte climatique.

Ilyasse Rhamir - 9 octobre 2025
ONU : le modèle de développement des provinces du Sud du Maroc salué à New York

Politique - Le modèle lancé par le roi Mohammed VI salué à New York pour son impact sur le développement régional.

Mouna Aghlal - 9 octobre 2025
Voir plus
Sahara : 4 ans pour tout régler ?

Dossier - Le Maroc peut maintenant demander plus : sortir le dossier du Sahara de la quatrième commission de l'ONU, inscrire le Polisario comme organisation terroriste…

Sabrina El Faiz - 25 janvier 2025
Sahara : Guterres appelle à un changement de cap

Politique - L’ONU tire la sonnette d’alarme : le Sahara reste en tension, Guterres appelle les parties à un changement de cap pour éviter l’escalade.

Hajar Toufik - 25 août 2025
Fête du Trône : le Roi adresse un discours à la Nation

Le roi Mohammed VI a adressé, mardi, un discours au peuple marocain à l’occasion du 26e anniversaire de son accession au Trône. Voici le texte…

Rédaction LeBrief - 29 juillet 2025
Parlement : la diplomatie de l’ombre

Dossier - À l’instar d’un pur-sang arabe, le Parlement avance toujours, rectifiant ses virages au besoin. Immersion dans un univers parallèle.

Sabrina El Faiz - 28 décembre 2024
Le Roi préside à Rabat un Conseil des ministres

Politique - Le roi Mohammed VI a présidé un Conseil des ministres à Rabat, validant des réformes importantes, des nominations stratégiques et des conventions renforçant la coopération internationale.

Hajar Toufik - 12 mai 2025
Sahara : pourquoi le Maroc doit agir avant la fin du mandat de Trump ?

Politique - Pour le Sahara, l'heure n'est plus à la négociation, le contexte international offre une fenêtre d'opportunité inédite. Interview avec Pr. Nabil Adel.

Sabrina El Faiz - 24 avril 2025
pub

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire