La CNSS revalorise les retraites et s’essaie à l’amnistie

Avatar de Nora Jaafar
Temps de lecture :

retraite maroc (1)

A
A
A
A
A

La Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) compte revaloriser de 5 % les pensions de retraite de ses affiliés à partir du 1er janvier 2020. Son conseil d’administration a pris cette décision à l’issue d’une réunion qui s’est tenue le mardi 24 décembre. Malgré une apparente bonne nouvelle, la caisse de retraite de la CNSS menace toujours d’épuiser ses fonds à horizon 2039. Pire encore, la Caisse Marocaine de Retraite (CMR) risque de voir ses réserves fondre d’ici 2027.

Bonne nouvelle pour les pensionnaires de la CNSS ! Àl’issue d’une réunion du Conseil d’administration de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), une revalorisation de toutes lespensions de retraite de 5 % avec une augmentation d’au moins 100 dirhams entrera en vigueur à partir du 1er janvier 2020.

Assainir la situation

Ce conseil, présidé par le ministre du Travail et de l’insertion professionnelle, Mohamed Amkraz, a également approuvé d’autres « décisions importantes », souligneMédias24. Le site d’information indique que l’organisme a adopté des mesures de rééchelonnement des dettes ainsi que des remises sur lespénalités de retard.

La Nouvelle Tribune rapporte pour sa part que la CNSS a approuvé « l’exonération, pourtout affilié, des majorations résultant du retard de paiement des cotisations, des pénalités et des frais de poursuite, dans le cadre des facilités de paiement, à condition de régler la totalité des échéances et de l’encours durant la période du rééchelonnement ».

Les entreprises vont également bénéficier « d’une exemption d’une partie des majorations de retard de paiement des cotisations, astreintes et frais de poursuite de toute entreprise s’engageant à régler ses créances dues à la CNSS, selon un échéancier convenu d’un commun accord ». Ces mesures concernent les exercices 2016 et suivants, et sont valables pour les accords conclus entre le 1er janvier et le 31 décembre 2020 selon le barème ci-dessous.

CNSS

Des régimes de retraite qui menacent de fondre

Toutefois, on se rappelle queles équilibres financiers de la CNSS soulèvent quelques inquiétudes. En effet, un salarié du secteur privé qui n’a cotisé qu’à la CNSS ne peut encaisser qu’une pension maximale de 4200 DH, quel que soit son revenu.De plus la moitié des retraites versées par la Casisse sont inférieures à 1 500 DH. Seuls les assurés qui ont cumulé au moins 3 240 jours de cotisation (10 ans) pourront bénéficier des compensations de ce régime. Et cette durée de cotisation ne donne accès qu’à une pension de 3 000 DH par mois, et 3 400 DH pour quelqu’un qui a cotisé pendant 15 ans.En outre, vu la tendance baissière du rapport démographique,les premiers déficits pourraient apparaitre dès 2024 et l’épuisement des réserves interviendrait en 2039.

Par ailleurs, le quotidien l’Économiste déplore dans son édition du jour que la situation est encore plus délicate pour la Caisse Marocaine de Retraite (CMR). Le journal, qui affirme que les fonds dela CMR risquent de disparaitre en 2027, conseille même de passer rapidement à la deuxième étape de la réforme des retraites. « Le changement paramétrique a permis à la Caisse Marocaine de Retraite (CMR) de gagner du temps, mais pas suffisamment », souligne le quotidien.

Le déficit du régime des pensions civiles a atteint 6,2 milliards de dirhams en 2018. Il a été principalement financé par les produits financiers (59 %) et par une ponction sur les réserves (41 %). « Le portefeuille a ainsi clôturé l’année, en valeur comptable, à 77,6 milliards de dirhams contre 80,13 milliards une année auparavant. La réserve a ainsi baissé de 3,13 % à 2,51 milliards de dirhams. La valeur marché du fonds de réserve s’est établie à 90,71 milliards de dirhams, en recul de 4,61 % », explique l’Économiste.

Pour 2019, les prévisions tablent sur un déficit de 8,4 milliards de dirhams contre 14,6 milliards si la réforme paramétrique de 2006 n’avait pas été mise en place. Les déficits devraient s’aggraver progressivement pour atteindre 19,5 milliards de dirhams en 2027. Le360révèle que les engagements de la CMR sont quatre fois supérieurs aux recettes prévisionnelles, soit 671,01 milliards de dirhams. Le taux de préfinancement du régime des pensions civiles s’établit quant à lui à seulement 35,78 %.

L’effondrement des régimes de retraites marocains risquerait de provoquer une crise sans précédent. Les retards dans la mise en œuvre d’une réforme dans ce sens pourraient coûter cher aux contribuables comme à l’économie du pays dans l’avenir.

Dernier articles
Les articles les plus lu
Manifestations de la « GenZ 212 » : la Confédération des TPE-PME réclame l’indemnisation des entrepreneurs sinistrés

Économie - La Confédération des TPE-PME réclame l’indemnisation urgente des petits entrepreneurs victimes des violences ayant émaillé les manifestations de la « GenZ 212 », alertant sur les lourdes pertes matérielles et leurs répercussions économiques et sociales.

Hajar Toufik - 5 octobre 2025
Bourse de Casablanca : un nouveau programme pour propulser les industries

Economie - La Bourse de Casablanca lance un programme stratégique pour booster les industries marocaines avec ses partenaires clés.

Mouna Aghlal - 3 octobre 2025
Saham Bank reçoit sa première notation internationale

Une notation internationale pour Saham Bank, symbole de confiance et de solidité dans le paysage bancaire marocain.

Rédaction LeBrief - 3 octobre 2025
Aéronautique au Maroc : quel manque à gagner face aux investissements ?

Economie - Plongée dans une table ronde sur la culture industrielle aéronautique et ses défis stratégiques.

Mouna Aghlal - 3 octobre 2025
OMPIC : plus de 65.000 entreprises créées en sept mois 

Economie - Le tissu entrepreneurial marocain s'élargit avec 65.754 nouvelles entreprises selon l'OMPIC en seulement sept mois.

Mouna Aghlal - 2 octobre 2025
Salon du Cheval d’El Jadida : SOREC et EXPASA concluent un partenariat

Économie - La SOREC a conclu un partenariat stratégique avec l’entreprise publique espagnole EXPASA, visant à renforcer la coopération dans l’élevage équin, la recherche et la formation.

Ilyasse Rhamir - 2 octobre 2025
Voir plus
Visa Schengen : le cauchemar européen à prix d’or

Dossier - Entre les délais interminables, les coûts exorbitants et les parcours semés d’embûches, obtenir un visa Schengen c’est devenu…

Sabrina El Faiz - 26 juillet 2025
Coût, impact… tout savoir sur la nouvelle LGV Kénitra-Marrakech

Économie - Le Maroc lance l’extension de sa LGV vers Marrakech, un projet structurant qui transformera durablement la mobilité, l’économie et la connectivité entre les grandes villes.

Hajar Toufik - 25 avril 2025
Où en est l’avancement du gazoduc Nigeria-Maroc ?

Économie - Le projet de gazoduc Nigeria-Maroc progresse : 13 pays engagés, signature intergouvernementale à venir et lancement d’un premier tronçon entre Nador et Dakhla.

Hajar Toufik - 14 juillet 2025
BTP : le Maroc bétonne ses règles

Dossier - Pas d’attestation, pas de chantier. C’est simple, non ? Pas de couverture décennale, pas de livraison. N'y réfléchissons pas trop !

Sabrina El Faiz - 19 juillet 2025
Ces Marocains qui s’endettent pour les vacances

L’endettement pour les vacances est devenu, chez beaucoup, une évidence presque banale. On ne s’en vante pas forcément, mais on ne s’en cache plus.

Sabrina El Faiz - 2 août 2025
Pourquoi le Maroc ne croit pas en son tourisme rural ?

Dossier - La vérité, c’est que le tourisme rural n’a jamais été considéré comme un projet national. Il n’est ni stratégique, ni prioritaire. Et pourtant, il concentre tout ce que le Maroc pourrait offrir de plus noble.

Sabrina El Faiz - 30 août 2025

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire