Découverte d’importantes ressources pétrolières au large d’Agadir

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A l’instar de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, le Maroc découvre d’importantes réserves du précieux or noir au large du littoral atlantique © DR

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En août 2021, la société britannique d’exploration de pétrole et de gaz, Europa Oil & Gas, annonçait l’obtention et le lancement officiel de l’accord d’amodiation pour le permis offshore d’Inezgane situé au large d’Agadir. Une évaluation récente de la société a identifié un volume important de ressources récupérables sans risque, dépassant un milliard de barils (équivalent pétrole), dans les cinq principaux prospects classés uniquement. Selon Europa Oil & Gas, Inezgane représente une opportunité d’exploration à fort impact dans une zone «sous-explorée du monde». Mais la société n’a pas précisé s’il s’agit d’une découverte confirmée d’un potentiel à exploiter ou d’une réserve de pétrole. Le point avec Mohamed Najib Boulif, expert en économie et ancien ministre.

Europa Oil & Gas, une société britannique d’exploration et de production, a annoncé la découverte d’une grande quantité de pétrole offshore à Inezgane, une zone offshore adjacente à Agadir, dans le sud-ouest du Maroc.

«Une évaluation récente a indiqué une quantité considérable de ressources récupérables en toute sécurité, supérieureà un milliard de barils (équivalent pétrole)», a déclaré Europa Oil & Gas dans son rapport annuel 2022.

Le rapport, qui a été publié le 13 avril, résume les résultats des découvertes de la société au cours de la période de six mois qui s’est terminée le 31 janvier 2022.

La valeur de cette richesse découverte à Inezgane dépasse 100 milliards de dollars, ce qui est proche du Produit intérieur brut (PIB) du royaume, atteignant 112,9 milliards de dollars en 2020, selon la Banque mondiale.

À noter que «Europa Oil & Gas est une société d’exploration et de production d’hydrocarbures, qui travaille essentiellement en Irlande mais aussi auRoyaume-Uni. La licence pétrolière qu’elle porte est sur trois phases de huit ans», a précisé, dans une interview accordée à Lebrief.ma, Mohamed Najib Boulif, expert en économie et ancien ministre.

Lire aussi : Secteur gazier : quel potentiel de développement au Maroc ?

Inezgane: une opportunité d’exploration à fort impact

Europa Oil & Gas affirme qu’Inezgane représente une opportunité d’exploration à fort impact dans une «région du monde sous-explorée».

En tant qu’opérateur de l’énorme permis d’Inezgane, la société possède 75% de la région offshore, tandis que l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) possède les 25% restants.

Cette région pétrolière du bassin d’Agadir couvre une superficie de 11 228 km²et se trouve à des profondeurs d’eau allant de 600 à 2.000 m.

«Il y a beaucoup de travail à faire dans l’offshore au Maroc. L’essentiel du travail a été fait jusqu’à présent en onshore dans la plupart des régions du royaume», a souligné l’économiste.

Cela ne manque pas de rappeler «la fameuse question de l’Oriental avec Sound Energy et autres, il y a une vingtaine d’années».

En août dernier, les études géologiques et les estimations de la société ont permis d’identifier plusieurs sites pétroliers potentiels à travers le Maroc qui, selon Europa Oil & Gas, pourraient remplir deux milliards de barils, d’après le rapport 2021 de la société.

Sur la base de ses résultats d’exploration, Europa Oil & Gas a noté que le Maroc offre une opportunité d’investissement très attractive avec d’excellentes conditions fiscales pour les investisseurs.

Lire aussi : Gaz : 40 puits positifs sur 67 forés entre 2000 et 2022

Potentiel à exploiter ou réserve de pétrole?

La société britannique a indiqué avoir «identifié» des «ressources sans risques». Cependant, elle n’a pas précisé s’il s’agit d’une découverte confirmée, d’un potentiel à exploiter ou d’une réserve de pétrole. La question qui se pose est de savoir ce que signifient concrètement les résultats publiés par l’opérateur britannique qui détient 75% de la licence Inezgane?

«Il s’agit de ressources potentielles. Donc, c’est un potentiel qui est estimé et ça n’a rien avoir avec des ressources confirmées», a mis en relief notre intervenant, ajoutant que«cette entreprise a fait cette déclaration dans une communication financière puisqu’elle est cotée en bourse et elle est obligée de faire ce genre de communication».

«Ce n’est pas une découverte commerciale», a-t-il constaté.

«Le volume découvert va permettre de subvenir au besoin du Maroc en termes d’hydrocarbures», a indiqué l’économiste. Néanmoins, «ça reste comme même des estimations et qu’il n’y a pas de ressources confirmées».

«On ne peut qu’espérer que cette communication financière faite par l’entreprise soit conforme aux réalités techniques et géosysmiques du bassin dans lequel elle travaille en offshore», ambitionne-t-il.

Cela dit, la prudence est toujours de mise pour ce genre d’annonces aux motivations aussi variables que nébuleuses. D’autant plus queles résultats finaux n’ont pas encore été dévoilé, malgré le faitqueSimon Oddie, PDG de la compagnie Britannique avait déclaré après l’obtention du permis de recherche Inezgane, que le «Maroc est sur la même ligne géologique que les récentes découvertes en Afrique de l’Ouest cesdernières années». Rendant ainsi les potentialités encore plus prometteuses.

Qu’en est-il des autres régions?

Dans un exposé, mercredi dernier, devant la commission des infrastructures, de l’énergie, des mines et de l’environnement à la Chambre des représentants, la directrice générale de l’ONHYM, Amina Benkhadra, a souligné que la société SDX Energy effectuera les travaux de forage de 13 puits dans les régions terrestres au sud de Lalla Mimouna, le Gharb occidental, Sebou et l’ouest de Moulay Bouchta, alors que Bell et Forpetro effectueront le forage de deux puits à Haha.

Pour sa part, Predator gas prévoit le forage de trois puits, alors que Sound Energy effectuera le forage de cinq puits à Anoual, Grand Tendrara et Sid L’Moukhtar, de même qu’elle a obtenu l’autorisation d’exploitation de Tendrara et la réalisation d’une petite station de gaz naturel liquéfié.

Dans les zones maritimes, Benkhadra a fait savoir que Hunt oil se chargera du forage d’un puits à Mogador, alors que ENI et Qatar Petroleum effectueront les travaux de forage de deux puits à Tarfaya.

Par ailleurs, l’ONHYM compte re-traiter et interpréter 1250 km de sismique 2D au bassin de Zag, a-t-elle ajouté.

Gaz naturel: bilan de deux décennies de forages

Quelque 67 puits ont été forés au Maroc au cours de la période 2000-2022, dont 40 ont révélé la présence de quantités de gaz naturel, selon la directrice générale de l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), Amina Benkhadra.

Jusqu’à aujourd’hui, le Maroc compte 11 sociétés opérant dans le domaine de l’exploration des hydrocarbures. Celles-ci procèdent, en vertu des accords conclus avec l’ONHYM et selon un calendrier sur plusieurs étapes, à la cartographie et l’interprétation des sismiques 2D et 3D afin d’évaluer le potentiel en hydrocarbures dans les zones où elles opèrent.

Elles procèdent ensuite au forage de puits d’exploration au cas où les études d’évaluation montrent des indices encourageants.

La société Repsol a découvert des quantités de gaz au large des côtes de Larache et qui ont été confirmées par le puits réalisé par Chariot Oil entre fin 2021 et début 2022.

L’onshore d’Essaouira produit des quantités de gaz et de condensats des couches triasiques depuis les années 80, qui s’ajoutent à la production de gaz à partir de la licence d’exploitation du gisement de Meskala.

Tendrara a connu le forage de cinq puits par l’ONHYM et ses partenaires Sound Energy et Schlumberger entre 2016 et 2019.

Dans la zone offshore de Tarfaya-Agadir, il a été procédé au forage de sept puits, dont trois en eaux peu profondes.

La zone offshore de Boujdour a connu un forage réalisé en fin 2014 et début 2015, par Kosmos et Capricorn, qui a révélé la découverte de gaz et de condensats qui se sont avérés économiquement inexploitables.

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