Temps de lecture : 7 minutes

Accueil / Économie / Omicron : le manque de visibilité assombrit les perspectives économiques de 2022

Omicron : le manque de visibilité assombrit les perspectives économiques de 2022

Temps de lecture : 7 minutes

Gros plan

Temps de lecture : 7 minutes

La propagation rapide des contaminations au variant Omicron a forcé les économies mondiales à revoir à la baisse leurs prévisions de croissance au titre de 2022. Pour les économistes, le manque de visibilité et l’incertitude suscitée par l’apparition de cette nouvelle souche ne présagent rien de bon. Désormais, la relance économique et la croissance dépendent étroitement de l’endiguement de la pandémie et de la nature des mesures sanitaires préventives qui vont être prises au cours de cette année, notamment au Maroc.

Temps de lecture : 7 minutes

Omicron, le dernier variant virulent en date de la Covid-19, menace fortement la croissance mondiale. Au cours du mois de décembre, les grandes institutions internationales avaient mis en garde contre l’impact de cette nouvelle souche sur l’économie.Laurence Boone, économiste en chef de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a ainsi prévenu : «Le fort rebond que nous avons observé marque le pas, et les perturbations de l’offre, la hausse de l’inflation et l’impact continu de la pandémie assombrissent l’horizon». Pour le Fonds monétaire international (FMI), la prévision d’une croissance mondiale de 4,9% est désormais trop optimiste.

Lire aussi :Omicron : le monde paralysé, pic dépassé en Afrique du Sud

Le spectre de la récession et la menace d’inflation

Les États-Unis, première économie mondiale, commencent déjà à montrer les signes des effets économiques d’Omicron. D’après le quotidien Wall Street Journal, Moody’s Analytics, cabinet spécialisé dans l’analyse des risques, des performances et de la modélisation financière, a annoncé que la croissance américaine ne sera plus que de 2,2% et non de 5,2% comme espérée auparavant.

Dans une interview accordée àBloomberg, l’ex-secrétaire américain au Trésor, Lawrence Summers, a présenté pour sa part un tableau encore plus sombre, dénonçant quela Réserve fédérale du pays a agi avec trop de retard pour contrôlerl’inflation. «Je crains que nous n’atteignions déjà un point où il sera difficile de réduire l’inflation sans donner lieu à une récession», a-t-il déploré.Et d’ajouter qu’à 5,7% en novembre, l’inflation américaine n’a jamais été aussi élevée depuis 1982.

Côté européen, l’inflation, qui était de 4,9% en novembre dernier, préoccupe de plus en plus les pays de la région. Selon les données de HSBC, banque d’investissement multinationale britannique et société holding de services financiers, la flambée des prix de l’énergie affecte le pouvoir d’achat et le niveau de vie des ménages européens. «Le surcoût des prix de l’énergie pourrait amputer le PIB de la zone d’un demi-point», estime l’institution, notant que«si l’on rajoute les risques d’un dérapage incontrôlé des cas du variant Omicron, les espoirs d’une croissance du PIB de 4,3 % (dernière prévision de l’OCDE) s’envoleront».

En outre, l’économiste Chris Williamson d’IHS Markit a prévenu que la nouvelle souche de la Covid-19 «risque de peser sur la croissance de la zone euro au cours des prochains mois, et toute perturbation des chaines d’approvisionnement inhérente à une nouvelle vague épidémique pourrait faire repartir à la hausse les tensions inflationnistes dans la région».

Lire aussi :Covid-19 : le monde en ordre de bataille contre Omicron

Quid des perspectives économiques du Maroc

Concernant les perspectives et les prévisions économiques du Maroc en 2022, la rédaction de LeBrief s’est tournée vers deux économistes pour analyser la situation. Pour Nabil Adel, enseignant-chercheur en géopolitique, «désormais les prévisions économiques du Maroc dépendent plus des décisions du comité scientifique de suivi de la Covid-19». Selon lui, «dès que ce comité arrêtera ses orientations et que le gouvernement les approuvera, nous pourrons présenter les prévisions économiques de cette nouvelle année. Aujourd’hui, la situation est confuse etincertaine. On ne sait pas si on va revenir à des mesures sanitaires plus drastiques, comme le confinement, le couvre-feu, la fermeture des frontières ou encore l’arrêt de circulation».

M. Adel nous a confié qu’en tant qu’économiste, «je ne peux pas faire de prévisions sur un terrain économique mourant. Pour le moment, en raison du flou généralisé qui paralyse l’activité économique,on ne peut que présenter des hypothèses».Il explique de ce fait que «le Maroc a réussi à éviter les périodes de pic pandémiques, notamment la période de fin d’année, en instaurant des mesures restrictives bien spécifiques. Ainsi, si on poursuit l’application des mesures barrières en accélérant la cadence de la vaccination et sans revenir au confinement et à la fermeture complète des frontières du pays, on peut prévoir un rythme de croissance de 5 à 5,5%. Par contre, si on revient aux restrictions drastiques mises en place en 2020, soit on risque une année blanche soit même une régression du PIB».

Lire aussi :Omicron : arrêt des vols de rapatriement le 23 décembre

Même constat du côté de Ahmed Azirar, économiste et professeur universitaire. Ce dernier anoté que «tout dépendra de la virulence de la pandémie dans le monde et au Maroc ainsi que de la gestion optimum qui seraopérée localement entre les secteurs de la santé, du social et de l’économie. Pour le moment, l’économie et les populations mondiales sont à bout de souffle, surtout avec la crainte croissante de la détériorationdu climat».Notre intervenant indique également que «l’inflation reprend du tonus tant mondialement que localement». Aussi, poursuit-il, «la dette a atteint des niveaux sans précédent, qui font craindre une augmentation des pressions sur la demande publique et donc de nouvelles retombées en chaine».

Par ailleurs, sur un ton plus positif, le spécialiste nous a précisé que le Maroc a su gérer avec brio les pressions géostratégiques régionales, notamment avec la bonne tenue du comex et des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE).Il prévoit «un taux de croissance de 3.5% si la production agricole est moyenne». Il estime que «ce taux pourrait être plus élevé si le Royaume arrive à gérer les problèmes liés au climat et à assurer l’endiguement de la pandémie ainsi que s’il rouvre ses frontières et relance les activités du transport et du tourisme nationaux».

Enfin, pour les deux économistes, la prioritéaujourd’hui du pays estd’inciter les Marocains à appliquer avec rigueur les mesures de distanciation et autres précautions sanitaires en vigueur, dont la vaccination, pour ne pas compromettre les acquis du Royaume en termes de lutte contre la Covid-19. «De toute façon, la pandémie et ses conséquences seront durables, il faut en être conscient, pour mieux s’y adapter», conclut Ahmed Azirar.

Laissez-nous vos commentaires

Temps de lecture : 7 minutes

La newsletter qui vous briefe en 5 min

Chaque jour, recevez l’essentiel de l’information pour ne rien rater de l’actualité


Et sur nos réseaux sociaux :

Trafic aérien : plus de 6.873.487 passagers au premier trimestre 2024 (ONDA)

Les aéroports du Maroc ont réalisé une hausse de 14 % au premier trimestre de l'année 2024 par rapport à l'année passée. Soit un volume de t…

SIAM : le Maroc mise sur l’intelligence artificielle pour améliorer la rentabilité de l’agriculture

Selon l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 30 à 35% de la croissance agricole des pays en voie de dé…

2015-2024 : l’économie poursuit sa croissance malgré des conditions difficiles

L'économie marocaine a fait preuve d’une belle résilience, qui continue de croître. Le pays, a ainsi su surmonter un certain nombre de défis…

SIAM 2024 : pour faire face au changement climatique, le Maroc pourra compter sur l’aide européenne

L’ambassadrice de l’Union européenne (UE) au Maroc, Patricia Llombart Cussac, a souligné l’importance de la relation entre le Maroc et l’UE …

Comment le Maroc déstabilise la tomate espagnole

Elle nous ferait monter le rouge aux joues. La tomate marocaine, star de toutes nos salades, séduit même en Union européenne. Et c’est en Es…

Sécheresse et croissance : Nadia Fettah fait le point sur l’économie du Royaume

Selon Nadia Fattah Alaoui, ministre de l’Économie et des Finances, le pays devrait connaître cette année une croissance économique de 3,4%, …

Inflation : analyse de l’évolution de l’IPC

L'IPC a enregistré une augmentation de 0,7% en mars 2024 par rapport au mois précédent, impulsée par une hausse de 1,7% dans les produits al…

Echanges commerciaux : quelles sont les dépenses de l’Espagne au Maroc ?

Qu’importe l’Espagne du Maroc exactement ? Cette question a été posée par la presse espagnole dernièrement et qui a trouvé réponse dans une …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire