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L’invasion russe est entrée ce dimanche dans son sixième mois. Bien que marqués par une baisse d’intensité, les combats se poursuivent sur plusieurs fronts. Sloviansk, ville de l’oblast de Donetsk, serait sur le point de subir une attaque russe d’envergure. Son maire, Vadym Liakh, demande aux habitants de quitter de toute urgence la commune voisine de Kramatorsk. Mykolaïv a de nouveau été bombardée dimanche matin. La veille au soir, «quatre missiles de croisière de type Kalibr» ont fait cinq blessés, dont un adolescent, et ont endommagé plusieurs immeubles, selon la présidence ukrainienne. Elle a également fait état de bombardements dans la région de Kharkiv, où «plusieurs bâtiments d’habitation ont été endommagés et des bâtiments résidentiels incendiés». Pour la Russie, le défi des ressources humaines est un aspect délicat de la guerre. D’après des éléments rendus publics ces derniers jours par diverses sources russes et occidentales, le président Vladimir Poutine recruterait à bas bruit, renonçant à la mobilisation générale, de crainte qu’elle ne soit impopulaire. Moscou aurait deux principaux leviers : la voie classique de la souscription de contrat dans l’armée et les sociétés privées de mercenaires, comme Wagner.
Dans son dernier bulletin, le ministère de la Défense britannique indique que les combats dans les secteurs du Donbass se poursuivent, mais sont «non concluants». Dans la région de Kherson, largement occupée par les troupes russes depuis le 3 mars, la défense ukrainienne affirme amplifier leur contre-attaque. «Nous pouvons parler de retournement de situation sur le terrain. Au cours des récentes opérations, ce sont les forces armées ukrainiennes qui ont eu l’avantage», a assuré dimanche le conseiller du chef de l’administration militaire régionale fidèle à Kiev, Sergiy Khlan.
De plus, des missiles russes ont touché samedi le port d’Odessa, selon l’Ukraine. Kiev accuse Vladimir Poutine d’avoir «craché au visage» des Nations unies et de la Turquie, et de compromettre l’application de l’accord signé la veille sur la reprise des exportations des céréales bloquées par la guerre. En réponse, ce lundi matin, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que les bombardements russes sur Odessa «visent uniquement l’infrastructure militaire. Ce n’est pas du tout lié à l’infrastructure utilisée pour la mise en œuvre de l’accord sur les exportations de céréales». Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a de son côté précisé que ces missiles ont visé une «vedette militaire» ukrainienne, «à une importante distance du terminal des céréales».
Les Occidentaux et l’ONU ont condamné cette frappe que Moscou ne nie pas. Sergueï Lavrov insiste que «rien ne figure dans les engagements pris par la Russie, notamment dans le cadre des accords signés le 22 juillet à Istanbul, qui nous interdirait de poursuivre l’opération militaire spéciale, en détruisant des infrastructures militaires» ukrainiennes. Le Kremlin estime de ce fait que les céréales ukrainiennes au départ de ce port stratégique en mer Noire peuvent continuer d’être exportées, en conformité avec l’accord d’Istanbul, et ce malgré les bombardements. «(…) C’est pourquoi ça ne peut ni ne doit gêner le début du processus de chargement», a déclaré Dmitri Peskov.
Et les premières répercussions n’ont pas tardé à se faire ressentir. Ce lundi, les prix du blé ont enregistré une forte hausse, l’attaque sur Odessa ayant ravivé les doutes quant à la possibilité de mettre en œuvre l’accord d’Istanbul. Alors qu’ils avaient chuté de près de 6% après l’annonce d’un compromis trouvé, les contrats à terme sur le blé à la Bourse de commerce de Chicago ont grimpé de près de 4% (à 7,86 dollars) le boisseau. Kiev reste toutefois positive, disant s’attendre à reprendre ses premières exportations de céréales depuis la guerre «dès cette semaine», et ce malgré le bombardement du grand port. «Nous nous attendons à ce que l’accord commence à fonctionner dans les prochains jours et nous prévoyons qu’un centre de coordination sera mis en place à Istanbul dans les prochains jours. Nous préparons tout pour commencer dès cette semaine», a déclaré le ministre de l’infrastructure ukrainien, Oleksandr Kubrakov, lors d’une conférence de presse. «Dans les deux prochaines semaines, nous serons techniquement prêts à effectuer des exportations de céréales depuis tous les ports ukrainiens», a-t-il ajouté. Koubrakov a appelé les garants de l’accord, la Turquie et l’ONU, à protéger les convois ukrainiens. «Si les parties ne garantissent pas la sécurité, cela ne marchera pas», a-t-il prévenu.
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