L’eau, la législation et le développement au Maroc : une nouvelle ère pour la gestion des ressources hydriques

L’eau est le secret de la vie et la base du développement dans toute société. Au Maroc, cette ressource vitale est un moteur principal de l’économie, de l’agriculture, de l’industrie, ainsi que de la vie quotidienne des citoyens. Depuis les années 1960, le Royaume du Maroc a adopté une politique de l’eau globale visant à sécuriser les ressources en eau pour les générations futures et à garantir leur utilisation durable.

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Publié le 05/08/2024 à 18:14

Tribune

Yassine Kahli

Conseiller juridique et chercheur en sciences juridiques

Le Maroc fait face à des défis hydriques croissants dus aux changements climatiques, à la croissance démographique rapide, et à l’expansion urbaine et industrielle. Ces défis ont poussé le pays à adopter des textes législatifs et réglementaires stricts pour protéger cette ressource précieuse. Dans ce contexte, la « Police de l’eau » a été créée dans le cadre des efforts visant à surveiller et à protéger le domaine public hydraulique.

La Loi sur l’eau n° 36.15 constitue la pierre angulaire de la gestion des ressources en eau au Maroc. Cette loi définit le domaine public hydraulique, comprenant les eaux de surface et souterraines, les plans d’eau naturels tels que les rivières et les lacs, ainsi que les installations hydrauliques artificielles comme les barrages et les canaux. Cette définition vise à protéger ces ressources contre l’exploitation excessive et à garantir leur utilisation durable.

Le domaine public hydraulique au Maroc est inaliénable et insaisissable, et inclut une variété de ressources hydriques telles que les lacs, les sources, les rivières et les marécages. Ces ressources se répartissent entre celles d’origine naturelle et celles créées par l’homme, nécessitant des politiques strictes et une surveillance minutieuse pour prévenir les abus et les violations.

La Police de l’eau est l’organisme chargé de mettre en œuvre ces politiques et de surveiller effectivement le domaine hydraulique. Elle est responsable de l’application des lois et de l’exécution des mesures visant à protéger les ressources en eau contre la pollution et l’exploitation illégale. Cet organisme dispose de larges pouvoirs incluant l’inspection, l’imposition d’amendes et la poursuite des contrevenants en justice.

En ce qui concerne l’exploitation du domaine public hydraulique, la loi distingue entre les activités nécessitant un permis et celles nécessitant une concession. Les activités nécessitant un permis comprennent le forage de puits, la capture des eaux de source, l’établissement d’installations sur le domaine public hydraulique, et la régulation des cours d’eau. Ces permis garantissent que les ressources en eau sont utilisées d’une manière qui ne nuit ni à l’environnement ni aux droits d’autrui.

Les activités nécessitant une concession, quant à elles, incluent les grands travaux et projets nécessitant des investissements majeurs et une durée prolongée. Parmi ces activités figurent la construction de barrages, l’exploitation des eaux à des fins hydroélectriques, et l’utilisation des plans d’eau à des fins récréatives ou touristiques. Le système de concession vise à garantir que ces activités soient conformes à l’intérêt général et servent le développement durable.

Dans le contexte marocain, les institutions centrales et décentralisées jouent un rôle crucial dans la gestion des ressources en eau. L’Agence du bassin hydraulique est l’une de ces institutions, chargée de la gestion et de l’exploitation des ressources en eau au niveau régional. Cette agence est responsable de l’octroi des permis et de la surveillance de l’application des lois relatives à l’eau. Elle participe également à l’élaboration des études et des plans visant à améliorer la gestion des ressources en eau et à garantir leur durabilité.

Les défis hydriques auxquels le Maroc est confronté aujourd’hui nécessitent des stratégies multidimensionnelles, incluant le renforcement des infrastructures hydrauliques, l’amélioration de l’efficacité de l’utilisation de l’eau dans l’agriculture et l’industrie, et la promotion de la recherche et de l’innovation dans le domaine des technologies de l’eau. L’investissement dans la construction de barrages et l’amélioration des réseaux d’irrigation et d’assainissement fait partie de cette stratégie.

En outre, faire face aux défis hydriques nécessite de sensibiliser la communauté à l’importance de l’eau et à la nécessité de la préserver. L’éducation et la sensibilisation jouent un rôle majeur dans le changement des comportements et la réduction de la consommation non nécessaire d’eau. Des campagnes de sensibilisation continues doivent cibler toutes les catégories de la société et expliquer l’importance de l’eau et les moyens de la préserver.

Les changements climatiques sont l’un des principaux facteurs affectant les ressources en eau au Maroc. Les variations des régimes de précipitations et l’augmentation des températures entraînent une diminution des ressources en eau et une augmentation des périodes de sécheresse. Il est donc nécessaire de mettre en place des stratégies d’adaptation à ces changements, incluant une meilleure gestion de l’eau et une augmentation de l’efficacité de son utilisation.

En somme, la gestion des ressources en eau au Maroc aujourd’hui nécessite des efforts intégrés incluant l’élaboration de politiques et de législations appropriées, le renforcement des infrastructures, et la promotion de la recherche et de l’innovation. C’est ce que garantit le discours de Sa Majesté le Roi à l’occasion de la Fête du Trône, coïncidant avec le vingt-cinquième anniversaire de son accession au trône de ses ancêtres. La protection de cette ressource vitale et la garantie de sa durabilité nécessitent une coopération étroite entre le gouvernement, la société civile et le secteur privé. Ce n’est qu’à travers ces efforts conjoints que la sécurité hydrique et le développement durable peuvent être atteints au Maroc.

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