Israël face à sa plus grande défaite stratégique : la guerre de l’information
Le paradoxe est cruel. L’État hébreu a longtemps capitalisé sur une réalité historique : la Shoah, le massacre de la délégation israélienne aux Jeux olympiques de Munich en 1972, et le récit national du « seul contre tous« , de David contre Goliath. Cette posture victimaire, d’abord instrument de survie, est devenue un levier d’influence régionale. Mais ce levier s’essoufflait déjà, lentement, mais sûrement, à mesure que les nouvelles générations occidentales, déconnectées du récit fondateur du conflit israélo-arabe, n’en retenaient que les résumés poussiéreux de leurs manuels scolaires. Dans ce contexte, le 7 octobre 2023 aurait pu offrir à Israël une opportunité rare : celle de réinitialiser sa position morale et de réinscrire son narratif dans l’imaginaire collectif des moins de 25 ans. L’attaque sanglante du Hamas, sa brutalité, les images d’otages et de familles massacrées : tout concourait à produire un électrochoc comparable au 11 septembre américain. Comme les États-Unis en 2001, Israël bénéficia soudain d’une forme de virginité narrative, d’un crédit de sympathie absolu et d’une suspension provisoire du jugement. Le monde regardait à nouveau Tel Aviv avec empathie et solidarité. Le drame pouvait ouvrir un nouveau consensus : celui d’un Israël agressé, vulnérable, profondément humain. Une parenthèse qui aurait pu, peut-être, reléguer la cause palestinienne dans les marges de l’histoire contemporaine.
Mais cette fenêtre s’est refermée avec fracas. En quelques jours, le gouvernement Netanyahou a opté pour une stratégie de répression massive, brutale, dictée par l’égo et la démonstration de force. Les bombardements sur Gaza, les coupures d’eau et d’électricité, la destruction d’infrastructures civiles, les bilans de morts toujours plus lourds et surtout les images d’enfants faméliques ont fini par retourner l’opinion mondiale : tout cela a renversé le regard mondial. Le choc est devenu indignation, l’émotion s’est muée en malaise, la compassion a viré à la colère. Le récit israélien s’est effondré aussi vite qu’il avait ressurgi. Là où l’histoire pouvait encore être celle d’un peuple qui se défend, elle est devenue celle d’un État qui écrase.
Le poids des récits concurrents et la mutation générationnelle
Cette défaite n’est pas seulement médiatique. Elle est stratégique. En s’enfermant dans une logique du tout-sécuritaire, Israël a oublié que la guerre contemporaine se joue aussi sur TikTok, sur Instagram, dans les tribunes universitaires, et jusque dans la mémoire collective mondiale. Les Palestiniens, de leur côté, ont compris la puissance des récits incarnés : un médecin en larmes, une mère fouillant les décombres, un enfant filmant une nuit d’enfer. Ces images brutes, immédiates, émotionnelles, touchent plus sûrement les opinions que n’importe quel porte-parole de Tsahal, dont les interventions, souvent désinvoltes ou arrogantes, desservent plus qu’elles ne servent.
Ce basculement est d’autant plus violent qu’il révèle une vérité plus profonde : Israël n’est plus perçu comme une exception morale. La mémoire de la Shoah, longtemps utilisée comme rempart contre toute critique, ne suffit plus à justifier une politique d’occupation, de colonisation, d’humiliation quotidienne. L’Holocauste, tragédie fondatrice, n’efface pas les checkpoints, les colonies illégales, les deux poids deux mesures. Et surtout, il ne parle plus aux jeunes générations occidentales, qui lisent désormais le monde à travers les prismes de l’antiracisme, du post colonialisme et des droits humains.
Dans ce nouvel ordre symbolique, Israël n’est plus David. Il est Goliath. Et ce changement d’échelle cognitive semble irréversible.
L’isolement d’un État qui n’écoute plus personne
Même chez ses alliés historiques, le soutien se fissure. Jeffrey Sachs dénonce un « militarisme incontrôlé« . Ben Rhodes, ex-conseiller de Barack Obama, parle d’un suicide stratégique. Peter Beinart, juif américain, journaliste politique très virulent à l’encontre de la stratégie de riposte israélienne va plus loin : selon lui, l’État israélien agit comme si sa légitimité allait de soi. Or, elle ne va plus de soi. Elle est à reconquérir, jour après jour, par la mesure, la justice, l’exemplarité. Pas par la force brute. Face à ce constat, les hommes de Netanyahu s’en moquent. Pour la frange ultra-nationaliste, Israël est non seulement dans son droit, celui de se défendre, mais surtout dans une fenêtre temporelle historique pour tenter de neutraliser, une bonne fois pour toutes, l’ensemble des menaces existentielles : Hamas, Hezbollah, Houthis, Iran. Et tant qu’à faire, si quelques hectares peuvent être arrachés ici ou là pour « sécuriser » les frontières à travers des zones tampons provisoires, mais « pérennes« , pourquoi s’en priver ? Après tout, le Golan reste une zone « provisoire » depuis 1967, et le Sinaï l’a été pendant plus d’une décennie.
Mais si une idée devait être retenue, c’est bien celle-ci : ce qui se joue ici dépasse largement Gaza. Il s’agit du statut international d’Israël à l’ère multipolaire. Un État isolé moralement devient vite un État isolé diplomatiquement. Il devient un embarras pour ses alliés et une cible pour ses adversaires. Il perd la main, non seulement sur les territoires, mais sur le récit lui-même. Et dans un monde saturé d’images et d’indignation, perdre le récit, c’est s’exposer à un lent effacement.
Israël reste une puissance. Mais il n’est plus une cause. Et peut-être est-ce là, dans le fond, sa plus grande défaite depuis sa création.
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