Transition énergétique : et si le Maroc exploitait ses toits ?

Avatar de Mouna Aghlal
Temps de lecture :

Transition énergétique : et si le Maroc exploitait ses toits ?Une centrale solaire © DR

A
A
A
A
A

Dans son dernier rapport, le think tank Initiative Imal pour le Climat et le Développement (IMAL) montre comment le Maroc pourrait couvrir une large partie de sa demande en électricité en exploitant les toits de ses bâtiments. En 2023, la facture énergétique nationale a dépassé 140 milliards de DH (MMDH), soit plus de 6% du PIB, tandis que le coût du kilowattheure pour les ménages demeure parmi les plus élevés de la région.

Concrètement, l’étude d’IMAL souligne que la baisse de plus de 80% du prix des panneaux photovoltaïques, conjuguée à la diminution continue du coût des batteries, rend aujourd’hui l’énergie solaire économiquement viable.

En modélisant plusieurs scénarios, le rapport estime qu’à l’horizon 2035, le Maroc pourrait produire jusqu’à 66,8 TWh d’électricité solaire, avec une capacité installée de 28,58 GW. Ce scénario permettrait d’éviter 48,19 millions de tonnes de CO₂, tout en générant un marché estimé à 31 milliards de dollars et 43.000 emplois.

Même dans un scénario plus modeste, l’étude anticipe 8,57 GW de capacité installée pour une production annuelle de 20 TWh, représentant un potentiel économique de 9,3 milliards de dollars et la création de 26.000 emplois.

Vers un nouveau modèle énergétique participatif

Cette révolution énergétique appelle cependant une refonte profonde du modèle électrique national. IMAL estime que ce potentiel représente une opportunité majeure pour l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) et les Sociétés régionales multiservices (SRM), qui devront repenser leurs modes de production, de distribution et de tarification.

Lire aussi: L’ONEE relie Nador West Med au réseau haute tension

Le consommateur marocain pourrait ainsi devenir à la fois producteur et consommateur, voire stockeur et vendeur de son électricité. Le rapport évoque également un parc potentiel de 2,5 millions de véhicules électriques d’ici 2035, capable d’offrir une capacité de stockage mobile équivalente à 91% de la demande nationale. Une évolution qui ouvrirait la voie à une énergie citoyenne, plus flexible, interconnectée et résiliente.

Des avancées freinées par un cadre réglementaire lacunaire

Entre 2011 et 2023, les investissements privés dans le solaire décentralisé ont atteint 3,36 MMDH, permettant l’installation de 336 MWc de capacité. Mais le développement du secteur reste freiné par l’absence d’un cadre réglementaire structurant, déplore IMAL.

Pour libérer ce potentiel, le think tank recommande une série de mesures :

  • Finaliser les décrets d’application de la loi 82-21 sur l’autoproduction d’énergie ;
  • Créer un fonds national pour soutenir l’investissement des ménages et des PME ;
  • Introduire des codes du bâtiment verts, intégrant les technologies solaires dès la conception ;
  • Et structurer la filière par la formation, la labellisation et la transparence des données.

Selon IMAL, le Maroc dispose ainsi de tous les atouts pour faire de ses toits un levier stratégique de sa transition énergétique — à condition que la législation suive le rythme de l’innovation.

Dernier articles
Les articles les plus lu
Importation des médicaments : aux grands maux, les grands remèdes ?

Économie - Face à la crise et aux tensions dans le secteur pharmaceutique, le Maroc renforce le contrôle douanier pour sécuriser l’importation et la traçabilité des médicaments.

Mouna Aghlal - 31 octobre 2025
Global Cities Index 2025 : Casablanca ferme la marche du classement

Société - Casablanca ferme la marche du Global Cities Resilience Index 2025, révélant les fragilités d’une métropole en expansion mais encore mal préparée aux défis du XXIᵉ siècle.

Mouna Aghlal - 31 octobre 2025
Transformation numérique : Barid Al-Maghrib accompagne les Adouls

Société - Barid Al-Maghrib et l’Ordre national des Adouls s’unissent pour moderniser la profession, digitaliser les services et former aux compétences numériques essentielles.

Mouna Aghlal - 31 octobre 2025
Vidéo – SIDATTES 2025 : la recherche peut-elle sauver les oasis marocaines ?

Économie - Au SIDATTES 2025, chercheurs et experts se sont réunis pour un enjeu crucial : assurer la survie des oasis face à la raréfaction de l’eau.

Ilyasse Rhamir - 31 octobre 2025
Forum de l’investissement au SIDATTES 2025 : les oasis au centre du débat

Économie - Réunis à Erfoud, les acteurs agricoles ont débattu des leviers d’un investissement durable pour préserver les oasis marocaines.

Ilyasse Rhamir - 31 octobre 2025
Vidéo – SIDATTES 2025 : les lauréats célébrés pour la qualité et l’innovation

Économie - À Erfoud, le SIDATTES 2025 a mis à l’honneur les coopératives et exposants les plus méritants. Entre qualité, innovation et engagement durable, les lauréats illustrent le dynamisme du secteur phoenicicole marocain.

Ilyasse Rhamir - 31 octobre 2025
Voir plus
Visa Schengen : le cauchemar européen à prix d’or

Dossier - Entre les délais interminables, les coûts exorbitants et les parcours semés d’embûches, obtenir un visa Schengen c’est devenu…

Sabrina El Faiz - 26 juillet 2025
Coût, impact… tout savoir sur la nouvelle LGV Kénitra-Marrakech

Économie - Le Maroc lance l’extension de sa LGV vers Marrakech, un projet structurant qui transformera durablement la mobilité, l’économie et la connectivité entre les grandes villes.

Hajar Toufik - 25 avril 2025
Où en est l’avancement du gazoduc Nigeria-Maroc ?

Économie - Le projet de gazoduc Nigeria-Maroc progresse : 13 pays engagés, signature intergouvernementale à venir et lancement d’un premier tronçon entre Nador et Dakhla.

Hajar Toufik - 14 juillet 2025
BTP : le Maroc bétonne ses règles

Dossier - Pas d’attestation, pas de chantier. C’est simple, non ? Pas de couverture décennale, pas de livraison. N'y réfléchissons pas trop !

Sabrina El Faiz - 19 juillet 2025
Régions : qui profite vraiment du Maroc des grands chantiers ?

Économie - Le Maroc construit partout, mais se développe-t-il partout ? Analyse région par région…

Sabrina El Faiz - 25 octobre 2025
Ces Marocains qui s’endettent pour les vacances

L’endettement pour les vacances est devenu, chez beaucoup, une évidence presque banale. On ne s’en vante pas forcément, mais on ne s’en cache plus.

Sabrina El Faiz - 2 août 2025
pub

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire