Casablanca © depositphotos
Casablanca accueillera des matchs de la Coupe du monde 2030, aux côtés de villes espagnoles et portugaises. Pour que cet événement planétaire soit à la hauteur des enjeux écologiques, logistiques et humains, la technologie seule ne suffira pas. C’est le message porté par Abdelhameed Mohamed, ingénieur qatari et responsable du département Smart City du cabinet ECG, basé à Doha.
Fort de l’expérience du Qatar 2022, il défend une approche fine de l’aménagement urbain fondée sur l’analyse, la simulation et une vision centrée sur l’usager. Au cœur de sa réflexion : l’expérience du spectateur, depuis l’obtention du visa jusqu’au moment où il reprend son avion.
Planifier pour réduire les déplacements, un impératif écologique
La nouvelle formule du Mondial 2030 accueillera 48 équipes, réparties en 12 groupes de 4. Cela implique une multiplication des matchs et, donc, des déplacements massifs pour les joueurs, les équipes techniques, les médias et les supporters. « La FIFA affirme vouloir réduire autant que possible les distances de déplacement pour des raisons de durabilité », rappelle Abdelhameed Mohamed. Il prend l’exemple d’un groupe qui jouerait son premier match à Casablanca, le deuxième à Séville, et le troisième à Lisbonne : un scénario catastrophique en termes d’émissions de CO₂, de fatigue logistique et de coûts.
Smart City 2025 : Casablanca, laboratoire d’une ville du futur
Le véritable défi, selon lui, consiste à trouver un point d’équilibre entre durabilité et retombées économiques locales. Car oui, les déplacements entre villes génèrent de l’activité : hôtellerie, restauration, transports internes… Mais faut-il sacrifier la planète pour dynamiser l’économie locale ? Pour Abdelhameed, c’est là que la planification intelligente doit intervenir : « La durabilité ne doit pas être en contradiction avec l’optimisation des retombées économiques. »
L’expérience spectateur, nouveau terrain des smart cities
Abdelhameed Mohamed introduit un concept original : la « spectator journey », ou le parcours intégral du spectateur, scène par scène. Il ne s’agit plus de penser uniquement en termes de stades, mais de considérer tout le trajet de l’usager, de la demande de visa jusqu’au retour chez lui. Ce prisme, selon lui, doit guider les investissements et les arbitrages.
Prenons l’exemple de l’attente au contrôle des passeports à l’aéroport. Ce moment anodin est en réalité la première impression du pays pour des milliers de visiteurs. Une attente de deux heures peut ruiner l’image d’une ville. À partir de là, l’enjeu devient clair : modéliser ces flux, les simuler, les optimiser.
« On doit utiliser l’IA, les données paramétriques, les jumeaux numériques pour réduire ces temps d’attente », explique-t-il. Grâce à ces outils, des temps de passage de 2h30 peuvent être ramenés à 25 minutes. Mais cela suppose des décisions en amont : installer des bornes automatiques, collecter les bons indicateurs et former le personnel.
Smart City 2025 : le vélo électrique peut-il arriver à Casablanca ?
Ce modèle s’applique à toutes les scènes : depuis la réservation des billets jusqu’au transport en commun, en passant par la sécurité, la restauration, ou même l’accès aux toilettes. Pour Abdelhameed, c’est dans ce souci du détail que réside la véritable « intelligence » d’une smart city.
Des technologies oui, mais surtout les bonnes questions
Face à la multiplication des projets dits « smart », Abdelhameed Mohamed met en garde contre l’illusion technologique. « On croit souvent que la ville intelligente, c’est juste de l’IA et du big data. Mais non. Ce n’est pas la technologie qui fait la ville intelligente, c’est la capacité à poser les bonnes questions. » Un message fort, qui résonne dans un contexte où beaucoup de projets se contentent d’empiler gadgets et capteurs sans vision d’ensemble.
Le rôle des experts en smart city, selon lui, est donc double : interroger les usages et proposer des réponses mesurées et justifiables. Les outils comme les digital twins (jumeaux numériques) permettent non seulement de tester des hypothèses, mais aussi de simuler les impacts d’un aménagement, d’un embouteillage ou d’un incident sécuritaire. Encore faut-il savoir quel scénario modéliser, quelles données mobiliser et quel objectif viser.
Smart City 2025 : l’IA pour une ville plus fluide et inclusive
C’est ici que l’approche du Qatar peut inspirer le Maroc. Pour la Coupe du monde 2022, le pays a massivement investi dans l’infrastructure, mais aussi dans la planification, avec une logique d’expérience globale optimisée. Abdelhameed propose que Casablanca et les autres villes hôtes marocaines s’en inspirent, en mettant au cœur de leurs priorités le vécu réel des citoyens et visiteurs, bien avant les inaugurations symboliques.
Casablanca, entre promesse et méthode
À l’heure où le Maroc se prépare à recevoir l’un des événements les plus suivis de la planète, le témoignage d’Abdelhameed Mohamed vient rappeler une évidence : la smart city ne se décrète pas, elle se construit, pièce par pièce, scène par scène. Il ne s’agit pas seulement d’installer des écrans ou de parler IA, mais de penser l’interconnexion de chaque service, l’impact de chaque minute d’attente, le confort de chaque utilisateur, qu’il soit touriste ou résident.
L’organisation de la Coupe du monde est une chance unique de repenser l’espace urbain marocain à travers une approche durable, inclusive et intelligente. Mais encore faut-il que la technologie ne soit pas une fin en soi, mais un outil au service d’une vision claire.
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