Service militaire 2025 : un an pour la patrie, une vie pour l’avenir

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Service militaire 2025 : une formation enrichie pour mieux préparer les jeunes à l’avenir professionnelService militaire © DR

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Lancé pour la première fois en 1966, suspendu en 2006, puis réactivé en 2018, le service militaire obligatoire au Maroc revient cette année avec une nouvelle campagne de recensement. Sous l’impulsion royale, ce dispositif mêle désormais patriotisme, formation et insertion professionnelle, dans une volonté assumée de renforcer la citoyenneté et d’ouvrir des perspectives aux jeunes.

Du 25 avril et jusqu’au 23 juin 2025, les jeunes Marocains âgés de 19 à 25 ans seront appelés à remplir le formulaire de recensement pour le service militaire. Cette opération, menée sous les hautes instructions du roi Mohammed VI, s’inscrit dans une dynamique nationale de mobilisation citoyenne, de formation qualifiante et d’insertion socio-professionnelle. Plus qu’un simple devoir civique, le service militaire devient un levier de développement personnel et professionnel. Mais comment en est-on arrivé là ? Et quelles sont aujourd’hui les réalités de cette expérience ?

Un héritage militaire façonné par l’histoire

Le service militaire obligatoire au Maroc a vu le jour le 9 juin 1966, dans un contexte de tensions politiques internes. À l’époque, le pays sort à peine des émeutes de mars 1965 et vit sous état d’exception. Le roi Hassan II instaure cette mesure via le décret royal n°137-66, avec une vision claire, forger des citoyens engagés, disciplinés et utiles à la nation.

D’une durée initiale de 18 mois, le service incluait formation militaire, éducation civique et apprentissage technique. Il s’est rapidement imposé comme un passage quasi obligatoire pour les jeunes souhaitant intégrer la fonction publique, même si cela a provoqué un afflux de demandes de sursis, notamment parmi les étudiants.

Lire aussi : Service militaire 2025 : critères, calendrier et procédure de recensement

En 1999, sa durée est réduite à 12 mois. Mais en 2006, face à des contraintes budgétaires et une application jugée inégale, le roi Mohammed VI décide de suspendre l’expérience. Ce n’est que douze ans plus tard qu’un retour sera envisagé.

Un retour stratégique et progressif

En 2018, le Parlement vote la réactivation du service militaire. La première promotion post-rétablissement dépasse toutes les attentes, avec des milliers de jeunes volontaires, preuve d’un réel engouement.

Le programme, désormais bien rôdé, propose 12 mois de formation, quatre mois de formation de base, puis huit mois de spécialisation. L’affectation tient compte du niveau académique, les diplômés supérieurs sont dirigés vers des fonctions techniques ou de commandement, tandis que les non-diplômés bénéficient d’un encadrement adapté.

Lire aussi : Service militaire 2025 : lancement de l’opération de recensement

Le système de rémunération prévoit une solde mensuelle de 1.050 DH pour les soldats, 1.500 DH pour les sous-officiers et 2.100 DH pour les officiers, en plus d’une prime de 300 DH pour ceux affectés au Sud. À cela, s’ajoutent une couverture médicale, une assurance décès et un accompagnement médico-social.

Recensement 2025 : mode d’emploi

Sous l’impulsion royale, le ministère de l’Intérieur a lancé la nouvelle campagne de recensement pour le contingent 2025. Une réunion de la Commission centrale de recensement s’est tenue le 17 avril pour fixer les critères de sélection.

Les autorités locales établissent des listes par province. Les jeunes concernés reçoivent une notification et sont invités à remplir un formulaire en ligne sur le site www.tajnid.ma. Cette procédure concerne aussi bien les appelés que les volontaires souhaitant intégrer les rangs des Forces Armées Royales.

Une fois la période de recensement achevée, les commissions régionales examineront les dossiers et établiront les quotas définitifs par territoire.

Le roi Mohammed VI, a présidé, hier au Palais Royal à Rabat, un Conseil des ministres consacré à l’approbation d’un projet de loi organique et de quatre projets de décret relatifs au domaine militaire.

Ces décrets concernent :

• La navigation aérienne militaire

• Le statut des attachés militaires, de leurs adjoints et autres personnels

• La révision du traitement des militaires à solde mensuelle des FAR

• Et l’ajustement du régime de solde, d’alimentation et des frais de déplacement pour les militaires à solde spéciale progressive, ainsi que les règles d’administration et de comptabilité associées

Ces textes traduisent une volonté claire de modernisation et d’amélioration des conditions du personnel militaire marocain.

Former pour mieux insérer

Le service militaire ne se limite plus à des entraînements physiques ou des défilés. Il devient une véritable passerelle vers l’emploi, en dotant les jeunes de compétences concrètes.

À Kénitra, Sidi Slimane et Sidi Yahya, les bases militaires ont noué un partenariat avec un centre de formation agricole, en coordination avec le ministère de l’Agriculture. Les conscrits peuvent y apprendre les bases des métiers du monde rural, avec des débouchés concrets dans l’agro-industrie.

Lire aussi : Le Roi préside à Rabat un Conseil des ministres

Autre exemple, une formation dans les métiers ferroviaires a été lancée en partenariat avec l’ONCF pour les appelés du 39ᵉ contingent. Dispensée à la base navale de Casablanca, elle leur permet d’envisager une carrière dans le transport ferroviaire à la fin de leur service.

Une passerelle vers le monde du travail

Selon Mohamed Habi, chef de division au ministère de l’Intérieur, « plusieurs appelés ont intégré, à la fin de leur service, l’administration, les forces de sécurité ou encore le secteur privé ». Un certificat de mérite est délivré aux participants, souvent valorisé dans les processus de recrutement.

Lire aussi : Défense : 172 chars Abrams pour renforcer les forces armées marocaines

L’offre de formation couvre 25 métiers, allant du transport à la logistique, en passant par les services ou la maintenance. Le système de grades reflète également les niveaux d’études, les non-bacheliers sont formés comme soldats, les titulaires du bac comme sous-officiers, et les diplômés universitaires comme officiers.

Un levier d’égalité et d’engagement

Le service militaire marocain se veut aussi un outil de mixité et d’égalité. Les jeunes femmes y participent pleinement, dans les mêmes conditions que les hommes. Cela marque une évolution importante dans la vision des rôles genrés au sein de l’institution militaire.

Mais au-delà du genre, c’est aussi une mixité sociale qui est favorisée. Les jeunes, qu’ils viennent de zones rurales ou urbaines, riches ou modestes, vivent ensemble pendant un an. Cette expérience commune forge des liens, développe la tolérance, et renforce le sentiment d’appartenance à une même nation.

Lire aussi : La 11ᵉ réunion de la Commission militaire maroco-espagnole se tient à Rabat

Alors que de nombreux jeunes peinent à trouver leur place dans un marché de l’emploi saturé et incertain, le service militaire marocain se transforme en une opportunité structurante. Alliant formation, discipline et ouverture professionnelle, il s’adapte aux attentes d’une jeunesse moderne sans trahir ses fondements républicains.

Par cette politique, l’État envoie un message clair, la jeunesse n’est pas un problème à gérer, mais une force à encadrer et à valoriser. En 2025, plus que jamais, le service militaire n’est plus une contrainte. C’est un tremplin.

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