Rougeole au Maroc : une victoire fragile face à un fléau hautement contagieux
Photo illustration © Getty Images
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Alors que les autorités sanitaires redoublent d’efforts pour contenir la propagation du virus, la situation soulève des questions essentielles sur la vaccination, la perception du risque et les défis posés par le mouvement antivaccin. Pour mieux comprendre les enjeux, il est crucial de revenir sur l’évolution récente de la rougeole au Maroc, les caractéristiques de cette maladie redoutable et les perspectives de son éradication.
Un recul de 80%
Le Maroc connaît ces dernières semaines une baisse notable du nombre de cas de rougeole, une tendance jugée très encourageante, mais qui nécessite une vigilance constante. Selon le chercheur en politiques et systèmes de santé, Dr. Tayeb Hamdi, «atteindre une baisse de 80% des cas de rougeole au Maroc est très important».
En effet, après une flambée épidémique récente, le Royaume est passé d’une dizaine de cas annuels à des milliers. Rien qu’au cours de la troisième semaine de mai 2025, 746 cas ont été enregistrés, un chiffre certes encore significatif, mais bien inférieur aux pics observés les semaines précédentes.
Cette amélioration est principalement attribuée à la campagne de rattrapage vaccinal menée par les autorités sanitaires marocaines. Le ministère de la Santé rapporte que 95% des enfants de moins de 18 ans ont reçu au moins une dose de vaccin ou ont complété leur schéma vaccinal. Cette couverture vaccinale est cruciale, car la rougeole circule particulièrement chez les enfants et les personnes non immunisées.
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Néanmoins, Dr. Hamdi avertit que «si nous sommes vraiment à 95% d’immunité collective, il ne devrait pas y avoir de nouvelles vagues». Mais les chiffres actuels montrent que la population générale n’a pas encore atteint ce seuil critique, ce qui pourrait ouvrir la porte à de futures résurgences. D’où la nécessité de maintenir la vigilance, notamment face aux discours antivaccins ayant proliféré depuis la pandémie de Covid-19.
Le défi des antivaccins : une menace persistante
L’un des principaux obstacles au maintien d’une couverture vaccinale élevée reste le scepticisme croissant à l’égard des vaccins. Alimenté par les polémiques autour du vaccin contre la Covid-19, ce phénomène suscite l’inquiétude des professionnels de santé. Comme le souligne Dr. Hamdi, «beaucoup de jeunes médecins n’ont jamais vu de cas réel de rougeole», ce qui peut conduire à une sous-estimation des risques que représente cette maladie.
Certains parents s’interrogent : pourquoi vacciner contre une maladie qu’ils pensent disparue ? Cette illusion est justement le résultat du succès des campagnes vaccinales. Or, relâcher l’effort pourrait relancer des épidémies. «Il faut continuer à vacciner jusqu’à l’éradication», insiste Tayeb Hamdi, rappelant que la rougeole, à l’instar de la variole éradiquée dans les années 1970, peut théoriquement être éliminée.
Une maladie éradiquable, mais pas pour l’instant
La rougeole est une maladie infectieuse hautement contagieuse, transmise par voie aérienne, notamment par les gouttelettes respiratoires émises lorsqu’une personne infectée tousse, éternue ou parle. Une simple proximité avec un malade suffit à être exposé. La période d’incubation dure généralement de 10 à 14 jours, avant l’apparition des premiers symptômes. Bien que la rougeole puisse sembler bénigne dans certains cas, elle peut entraîner de graves complications, en particulier chez les enfants de moins de cinq ans, les adultes non immunisés et les personnes immunodéprimées.
Il n’existe aucun traitement antiviral spécifique contre la rougeole. La prise en charge repose uniquement sur le traitement symptomatique. La prévention occupe donc une place centrale dans la lutte contre la maladie. La vaccination demeure l’outil le plus efficace : le vaccin ROR (rougeole-oreillons-rubéole), administré en deux doses, offre une immunité solide dans plus de 97% des cas.
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À ce propos, Dr. Hamdi souligne que «les vaccins sauvent des millions de vies. L’immunité naturelle ne suffit pas. La preuve en est que, dès que la couverture vaccinale a diminué, la rougeole est réapparue». Il rappelle également que des maladies autrefois quasiment disparues, comme la poliomyélite, ont fait de nombreuses victimes en raison du manque de vaccination, laissant des séquelles irréversibles à vie chez des milliers de Marocains aujourd’hui adultes.
Notons à cet égard que la rougeole fait partie des maladies identifiées comme potentiellement éradiquables par l’OMS. Cela signifie qu’elle ne touche que l’être humain, et que des campagnes de vaccination bien coordonnées peuvent conduire à son élimination définitive. Cependant, cela nécessite une couverture vaccinale durablement supérieure à 95%.
La situation marocaine montre que des efforts soutenus peuvent rapidement inverser une tendance épidémique. Pourtant, l’exemple récent rappelle également que la moindre faille dans la couverture immunitaire permet au virus de rebondir. La phase actuelle est donc cruciale. Il s’agit de consolider les acquis en maintenant les efforts de vaccination, en renforçant la surveillance épidémiologique et en poursuivant l’éducation du public pour contrer la désinformation.
La baisse des cas de rougeole au Maroc représente une victoire pour le système de santé et les campagnes de vaccination. Cependant, cette victoire reste fragile. Comme l’explique Dr. Tayeb Hamdi, l’immunité collective est un objectif, non une garantie : il faut la maintenir pour éviter toute résurgence.
La rougeole, maladie que certains croyaient oubliée, rappelle aujourd’hui avec force que seule une vigilance permanente et une politique vaccinale cohérente permettront un jour de l’éliminer totalement. En attendant, chaque dose administrée constitue une barrière supplémentaire contre une menace qui, bien que moins visible, reste bien réelle.
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