Ramadan 1446 : les Marocains se serrent la ceinture

Avatar de Hajar Toufik
Temps de lecture :

Ramadan 1446 : les Marocains se serrent la ceintureUne table de ftour ramadanesque. DR

A
A
A
A
A

Les Marocains se préparent à un mois de Ramadan placé sous le signe de la prudence budgétaire. Avec un début coïncidant avec le mois de mars, nombreux sont ceux qui ont récemment perçu leur salaire, mais ils doivent redoubler de prudence pour qu’il dure tout au long de ce mois sacré.

Le mois de Ramadan est une période de forte consommation où les ménages marocains s’approvisionnent en grandes quantités de denrées alimentaires pour préparer des repas variés et conviviaux. Les marchés et supermarchés connaissent une forte affluence. Toutefois, cette année encore, la flambée des prix vient perturber ces habitudes bien ancrées, rendant les préparatifs encore plus contraignants pour de nombreuses familles.

Face à cette inflation persistante, de nombreux foyers envisagent de modifier leur mode de consommation. Loin des excès des années précédentes, ils privilégient désormais l’essentiel et cherchent à éviter le gaspillage. Cela traduit une prise de conscience collective face aux défis économiques actuels.

Ramadan 2025 : 2M et Al Aoula redoublent de créativité pour séduire les Marocains

Une hausse généralisée des prix

Comme l’année précédente, le mois sacré de Ramadan se déroule sous le signe de l’inflation. La flambée des prix des produits essentiels affecte lourdement le pouvoir d’achat des Marocains, déjà éprouvés par une conjoncture économique difficile. L’indice des prix à la consommation (IPC) de janvier 2025, en hausse par rapport à l’année précédente, traduit une tension économique qui pèse sur la préparation du Ramadan.

L’inflation a connu un rebond en janvier 2025, marquant une rupture avec la tendance à la baisse observée en décembre 2024. L’IPC est ainsi passé de 117,5 points en janvier 2024 à 119,9 points un an plus tard, soit une augmentation de 2%. De plus, l’indicateur d’inflation sous-jacente, qui exclut les produits à prix volatils et ceux à tarifs réglementés, a progressé de 0,2% par rapport à décembre 2024 et de 2,4% sur un an.

Cette tendance se reflète particulièrement dans le prix des aliments les plus consommés durant le Ramadan. Par exemple, les tomates, ingrédient indispensable pour de nombreux plats, sont vendues entre 8 et 9 DH le kilo à Casablanca. Les poivrons, très utilisés durant cette période, coûtent entre 15 et 20 DH le kilo. Les oignons, considérés plus abordables, sont à 5 dirhams, tandis que les pommes de terre affichent un prix de 7 DH le kilo.

La situation est encore plus préoccupante pour les produits protéiques. Les viandes rouges enregistrent une flambée spectaculaire, atteignant 120 DH le kilo, un niveau inégalé qui les rend inaccessibles à de nombreux foyers. Le poulet demeure à 20 DH le kilo, un tarif jugé élevé, mais les estimations prévoient une légère baisse dans les prochains jours. Quant à la sardine, surnommée « le poisson des pauvres », son prix fluctue entre 15 et 20 DH le kilo, une somme jugée excessive pour de nombreuses familles modestes.

Les produits de base ne sont pas en reste. Les œufs suivent également une tendance haussière. Leur prix de gros varie entre 1 et 1,40 DH l’unité, mais sur le marché de détail, les consommateurs les achètent entre 1,20 et 1,60 DH l’unité.

Pourquoi l’œuf devient plus cher ?

Un Ramadan sous le signe des restrictions

Traditionnellement, les familles marocaines anticipent le mois sacré en constituant des provisions de produits de base et en préparant des mets spécifiques, notamment des pâtisseries traditionnelles. Cependant, cette année, la flambée des prix complique ces préparatifs.

«D’habitude, je m’organise plusieurs semaines avant Ramadan pour confectionner les pâtisseries traditionnelles, indispensables à notre table ramadanesque. Cependant, le prix des produits de base comme le miel, les graines de sésame et les amandes a augmenté par rapport à l’an dernier. Faute de moyens, j’ai dû renoncer à les acheter», confie Hasnaa, une veuve casablancaise.

Ce témoignage illustre le ressenti de nombreux Marocains qui, face à cette situation économique tendue, adaptent leur mode de consommation. «Aujourd’hui, je n’arrive qu’à acheter de la marchandise bas de gamme. La situation est difficile et étouffante», déplore-t-elle.

Malgré l’augmentation des prix, dans les marchés et les grandes surfaces, la fréquentation reste élevée, mais les consommateurs font preuve d’une plus grande retenue. Contrairement aux années précédentes où les achats se faisaient en quantités importantes, cette année, ils se limitent à l’essentiel.

Dernier articles
Les articles les plus lu
Rabat : grande marche populaire en soutien au peuple palestinien

Société - Rabat a vu affluer des milliers de Marocains venus exprimer leur solidarité avec Gaza et dénoncer les massacres perpétrés contre les civils palestiniens.

Hajar Toufik - 5 octobre 2025
Vidéo – Tbourida : la Sorba du Moqaddem Benkheda sacrée au Salon du cheval d’El Jadida

Société - La Sorba de Béni Mellal-Khénifra a brillé à El Jadida, s’adjugeant le prestigieux Grand Prix le roi Mohammed VI de Tbourida.

Ayoub Jouadi - 5 octobre 2025
Trafic de drogue : 33 kg de cocaïne interceptés au port Tanger Med

Société - Une opération conjointe entre la DGSN et la DGST a permis de saisir 33 kg de cocaïne brute dissimulés dans un conteneur au port Tanger Med.

Hajar Toufik - 5 octobre 2025
Trafic de drogue : plus de 53 kg de cocaïne interceptés à El Guerguerat

Société - Une importante cargaison de cocaïne a été saisie au poste-frontière d’El Guerguerat lors d’une opération conjointe entre la Sûreté nationale et la Douane.

Hajar Toufik - 5 octobre 2025
Huitième jour de mobilisation : la « GenZ 212 » poursuit son mouvement dans le calme

Société - Huit jours après le lancement du mouvement « GenZ 212 », les jeunes continuent de se mobiliser pour défendre leurs revendications sociales.

Hajar Toufik - 5 octobre 2025
Kénitra : 17 personnes déférées devant la justice après les violences à Sidi Taibi

Société - 17 individus, dont 9 mineurs, ont été déférés devant la justice à Kénitra après les graves incidents survenus mercredi dernier à Sidi Taibi.

Hajar Toufik - 4 octobre 2025
Voir plus
Travaux : les Casablancais n’en peuvent plus !

Dossier - Des piétons qui traversent d’un trottoir à l’autre, des voitures qui zigzaguent… À croire que les Casablancais vivent dans un jeu vidéo, sans bouton pause.

Sabrina El Faiz - 12 avril 2025
Mariages marocains : l’amour au prix fort

Société - Au Maroc, on peut rater son permis de conduire, son bac… Mais rater son mariage ? Inenvisageable !

Sabrina El Faiz - 23 août 2025
La classe moyenne marocaine existe-t-elle encore ?

Dossier - Au Maroc, pour définir le terme classe moyenne, nous parlons de revenus. Cela ne veut pourtant plus rien dire.

Sabrina El Faiz - 5 juillet 2025
Faux et usage de faux, la dangereuse fabrique de l’illusion

Dossier - Un faux témoignage peut envoyer un innocent en prison ou blanchir un coupable. Un faux diplôme casse la méritocratie. Un faux certificat peut éviter une sentence.

Sabrina El Faiz - 24 mai 2025
Le Maroc des voisins qu’on n’a pas choisis

Dossier - Les voisins ont bien changé. Les balcons étaient les réseaux sociaux d’antan. On y partageait les breaking news du quartier et les hommes étaient aussi bien surveillés que les enfants !

Sabrina El Faiz - 12 juillet 2025
Casablanca : les malls en perte de vitesse, sauf exceptions

Société - Les mails de Casablanca traversent une période de transformation, entre défis liés à l’entretien, évolution des attentes et adaptation à un nouveau contexte économique.

Hajar Toufik - 8 août 2025

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire