PLF 2026 : quels amendements pour quelles réactions ?
Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget © DR
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Il aura fallu près de 16 heures de débat pour que la Commission des finances et du développement économique adopte, dans la nuit de mardi à mercredi, la première partie du PLF 2026. Le texte a été voté à la majorité avec 24 voix pour, 10 contre et aucune abstention. Deux séances plénières étaient prévues jeudi et vendredi pour l’examen global du projet.
Au cœur des discussions, des amendements fiscaux marquants, notamment la hausse des droits d’importation sur les pare-brise automobiles, qui passeront de 2,5% à 17,5%. Le PLF préfère protéger la production locale et stimuler la création d’emplois. Le gouvernement justifie ce choix par la volonté de dynamiser une filière nationale capable de produire 600.000 unités par an, dans le cadre du programme de substitution des importations par la production locale.
Une proposition plus radicale du groupe du PJD, qui souhaitait porter ces droits à 30%, a été rejetée.
Dans la même logique de souveraineté économique, un autre amendement a été adopté pour soumettre 22 types de tests rapides médicaux (Covid-19, VIH, hépatite…) à un droit de douane de 17,5% afin d’encourager la fabrication locale et réduire la dépendance sanitaire. Mais cette mesure n’a pas fait l’unanimité. L’opposition s’est inquiétée d’un risque de monopole au profit d’un laboratoire local, appelant à plus de transparence dans l’octroi des marchés publics liés à ces dispositifs médicaux.
Des exonérations pour les clubs de football
Point intéressant pour les footeux, le gouvernement a défendu l’exonération fiscale des clubs de football récemment transformés en sociétés sportives. Ces structures bénéficieront d’une exonération de l’impôt sur les sociétés pendant cinq ans.
Le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, a tenu à préciser qu’il ne s’agissait pas d’un privilège, mais d’un ajustement réglementaire. L’idée est d’intégrer le football dans le tissu économique formel, au même titre que d’autres secteurs qui ont bénéficié d’avantages similaires lors de leur mutation, comme l’industrie ou le tourisme.
Par ailleurs, l’opposition, notamment l’USFP et le PJD, avait proposé d’augmenter les taxes sur le tabac, les cigarettes électroniques et l’alcool. Des amendements rejetés par le gouvernement, qui met en garde contre le risque de marché parallèle et la perte de recettes fiscales. Des hausses trop fortes encourageraient la contrebande et nuiraient à la santé publique en favorisant la consommation de produits non contrôlés. L’opposition, elle, a insisté sur la dangerosité de ces produits, rappelant que certains contiennent des substances interdites dans l’Union européenne.
Le débat a également porté sur la surtaxation des déchets et pneus usagés importés, proposée pour éviter que le Maroc ne devienne une décharge industrielle. Là encore, le gouvernement a opposé une fin de non-recevoir, évoquant le respect des procédures légales encadrant ces importations.
Une vision mitigée
Pour la majorité parlementaire, le PLF 2026 s’inscrit dans la continuité d’une vision économique fondée sur la compétitivité, la durabilité et la justice territoriale.
Les groupes majoritaires y voient un projet réaliste, clair dans ses priorités, et aligné sur les orientations royales exprimées lors du discours du Trône et de l’ouverture de l’année législative. Le texte, affirment-ils, cherche à concilier financement des priorités stratégiques et préservation du modèle social, tout en consolidant les fondements de l’État social.
Les secteurs de l’éducation et de la santé continuent d’occuper une place centrale, avec un budget global d’environ 140 milliards de dirhams et 27.000 postes créés. La majorité souligne également les 380 milliards de dirhams consacrés à l’investissement public, un effort jugé sans précédent pour renforcer la compétitivité et réduire les coûts de production.
Lire aussi : Première partie du PLF 2026 adoptée : cap sur l’attractivité économique
Elle appelle cependant à évaluer l’impact réel des programmes de soutien direct, notamment ceux liés au logement, à l’agriculture ou à la culture, afin d’en mesurer la portée sur les catégories cibles.
Face à cette lecture optimiste, l’opposition reste plus sceptique. Selon elle, le PLF 2026 continue de s’appuyer sur les mêmes approches et manque de courage politique pour apporter des réformes structurelles audacieuses. Elle estime que les créations de postes dans la santé et l’éducation sont trompeuses, puisqu’une partie importante du personnel enseignant est proche de la retraite et que le taux d’utilisation des postes budgétaires dans la santé ne dépasse pas 42%.
Sur le volet financier, elle met en garde contre le recours croissant à l’endettement et aux financements innovants, utilisés selon elle pour couvrir des dépenses permanentes avec des ressources temporaires – un choix qui, à moyen terme, pourrait fragiliser les équilibres budgétaires.
Enfin, elle appelle à accélérer la réforme du portefeuille public, dont la charge annuelle (entre 50 et 60 milliards de dirhams) pèse lourdement sur le budget général.
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