Montagnes et glaciers, des indispensables face au stress hydrique
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Dans un récent rapport, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) met en lumière une urgence souvent négligée, et pourtant vitale : la fonte accélérée des glaciers et le bouleversement des écosystèmes de montagne. En effet, ces derniers, comparés à de « véritables châteaux d’eau » pour la planète, sont au cœur de son rapport annuel. Avec des conséquences alarmantes sur l’approvisionnement en eau douce de milliards de personnes, l’UNESCO appelle à une action immédiate et coordonnée.
État des ressources en eau au niveau mondiale
Selon les estimations les plus récentes, l’agriculture exploite 72% des volumes d’eau douce prélevés au niveau mondial, tandis que 15% sont dirigés vers l’usage industriel, contre 13% sont prélevés pour une utilisation domestique ou municipales. Toutefois, ces taux, bien que propre à chaque secteur, varient en fonction du développement économique de chaque pays. Concrètement, les pays à revenu élevé utilisent davantage d’eau pour l’industrie, tandis que les pays à faible revenu utilisent jusqu’à 90% de leurs ressources en eau à des fins d’irrigation agricole.
D’ailleurs, au cours de la période 2000-2021, les prélèvements mondiaux d’eau douce ont augmenté de 14%, ce qui correspond à un taux moyen d’augmentation de 0,7% par an. Cette augmentation concerne principalement les villes, les pays et les régions qui connaissent un développement économique rapide. En revanche, la croissance démographique ne semble pas contribuer de manière significative à l’accroissement de cette demande. De fait, les pays où la consommation en eau par habitant est la plus faible, parmi lesquels plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, sont souvent ceux dont la population augmente le plus rapidement.
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Dans son rapport, l’UNESCO fait état de 25 pays, abritant un quart de la population mondiale, sont exposés à un stress hydrique « extrêmement élevé » chaque année. On estime que près de quatre milliards de personnes, soit la moitié de la population mondiale, sont confrontées à de graves pénuries d’eau pendant une partie de l’année.
Dans ce sens, le changement climatique est la principale raison puisqu’il ne fait qu’accroître la variabilité saisonnière ainsi que l’incertitude concernant la disponibilité des ressources en eau dans la plupart des régions. L’ONU pointe du doigt la pollution, la dégradation des sols et des écosystèmes. Ces risques naturels peuvent compromettre davantage la disponibilité de ces ressources.
Régions montagneuses, de « véritables châteaux d’eau »
Qualifié de « véritables châteaux d’eau de la planète », les montagnes sont une source essentielle d’eau douce. Elles sont indispensables pour répondre aux besoins humains fondamentaux, notamment en matière d’approvisionnement en eau et d’assainissement. Elles permettent également d’assurer la sécurité alimentaire et énergétique de milliards de personnes vivant dans les régions montagneuses et aux alentours ainsi que dans les zones situées en aval.
Au sein des régions montagneuses, les principales activités économiques incluent l’agriculture, l’élevage, la sylviculture, le tourisme, l’exploitation minière, le commerce transfrontalier et la production d’énergie. Ces régions produisent des marchandises à forte valeur tels les plantes médicinales, le bois et autres produits forestiers, un bétail particulier et des spécialités agricoles régionales. Elles constituent aussi des zones sensibles en termes de biodiversité agricole, une grande partie du patrimoine génétique mondial servant à l’agriculture comme des plantes médicinales s’y trouvant.
Par ailleurs, les montagnes abritent une grande diversité de zones écologiques dont chacune résulte d’une combinaison spécifique de facteurs tels l’altitude, la géomorphologie, l’isolement et les conditions micro-climatiques. Par conséquent, elles présentent souvent une biodiversité endémique plus riche que les zones de plus faible altitude, et notamment de larges variétés de cultures agricoles et d’espèces animales d’un point de vue génétique. On y trouve également une gamme tout aussi diversifiée de cultures humaines.
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Les glaciers et la cryosphère de montagne
La cryosphère de montagne compte parmi les éléments du système terrestre les plus sensibles au changement climatique. De façon générale, les montagnes fournissent davantage d’eau de ruissellement par unité de surface que les terres de plus faible altitude du fait des précipitations plus importantes et de l’évaporation plus faible qui s’y produisent. Par exemple, les glaciers alpins, eux aussi, stockent et rejettent de l’eau, mais sur des périodes beaucoup plus longues. Dans de nombreuses régions de haute altitude, la formation du manteau neigeux saisonnier fournit la majeure partie des réserves d’eau douce.
Cependant, la plupart des glaciers mondiaux, y compris ceux des montagnes, fondent à une cadence de plus en plus rapide. La fonte des neiges alimente plus largement encore les cours d’eau dans la plupart des bassins fluviaux à composante cryosphérique et donne souvent un volume d’eau nettement supérieur à celui de la fonte des glaciers. Sous l’effet du réchauffement climatique, la fonte des glaciers s’accélère, le manteau neigeux diminue, le dégel du pergélisol s’intensifie, les précipitations et les risques naturels deviennent plus extrêmes.
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À l’avenir, le rapport de l’UNESCO prévoit que les flux d’eau douce provenant des montagnes deviendront plus erratiques, plus incertains et plus variables. De ce fait, les changements des périodes et du volume de débit maximum et minimum, l’accroissement de l’érosion et des charges sédimentaires auront des conséquences sur la quantité, la qualité et la périodicité des ressources en eau en aval. Les tempêtes de poussière, la pollution atmosphérique et les incendies de forêt plus fréquents et plus intenses, de même que la prolifération microbienne et algale à la surface de la neige et des glaciers deviendront de plus en plus fréquents.
Ces phénomènes peuvent accélérer les vitesses de fonte en réduisant l’albédo de la surface jusqu’aux prochaines chutes de neige. Les conséquences du changement climatique, surtout la hausse des températures, le recul des glaciers, le dégel du pergélisol et la modification des régimes de précipitations, peuvent avoir un impact sur les risques d’inondation et de glissement de terrain. De même, les phénomènes associés à ces risques, tels que les coulées de débris et les crues, les avalanches, les chutes de pierres et de glace, les inondations provoquées par la rupture de barrages ou la vidange brutale de lacs glaciaires, peuvent constituer des menaces importantes pour les communautés, la faune et la flore ainsi que pour les infrastructures.
Par ailleurs, l’UNESCO déplore le fait que la gouvernance de l’eau dans les régions montagneuses n’a pas connu le même degré d’attention que la gouvernance de l’eau dans les terres de plus basse altitude. Expliquant que la gestion des eaux de montagne s’effectue principalement à l’échelle des pays au moyen de lois, de politiques et de stratégies nationales. Dans certains cas, les politiques nationales relatives à l’eau, à l’agriculture, à l’industrie et à l’énergie sont élaborées de manière à favoriser les régions de faible altitude au sein des bassins hydrographiques, afin de profiter aux zones les plus peuplées. Il est rare qu’elles tiennent pleinement compte des problématiques sectorielles propres aux montagnes en matière de gestion de l’eau.
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