Mauritanie-Îles Canaries : « un contrat implicite pour financer la répression, externaliser la souffrance »
Carte des îles Canaries © DR
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« Ce n’est plus une crise migratoire. C’est le naufrage d’une politique ». Dans un rapport accablant publié en juillet 2025, la route migratoire entre la Mauritanie et les îles Canaries est exposée dans toute sa brutalité, notamment la militarisation croissante, l’externalisation des frontières européennes, la répression raciale et les morts en mer à répétition. « L’Europe, en particulier l’Espagne et la France, y apparaissent non seulement comme les architectes d’un dispositif répressif, mais aussi comme des acteurs complices de graves violations des droits humains », indique le rapport.
« Un contrat implicite pour financer la répression, externaliser la souffrance »
Depuis 2005, la Mauritanie est progressivement devenue un maillon central de la stratégie européenne de contrôle migratoire. Sous la bannière de la coopération au développement, l’UE y a déployé une politique de dissuasion brutale grâce à des radars, des patrouilles maritimes, des arrestations arbitraires et des conditions de détentions inhumaines. En 2024, l’Union européenne a injecté plus de 210 M d’euros dans le pays pour verrouiller ses frontières. L’Espagne y a ajouté 300 M d’euro supplémentaire. « Un contrat implicite pour financer la répression, externaliser la souffrance », déplore la même source.
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Le renforcement des dispositifs de surveillance n’a pas endigué les départs. Au contraire, 71% des exilés vers les Canaries sont aujourd’hui partis des côtes mauritaniennes. En 2024, plus de 46.000 personnes ont tenté la traversée, dont 1.086 ont péri. Loin de stopper les migrations, cette stratégie les rend plus clandestines et donc plus mortelles. « Des départs discrets, des organisations structurées, des traversées inhumaines », résume le rapport.
30.000 personnes arrêtées et en captivité dans des conditions extrêmes
L’année 2025 a marqué un tournant répressif. Depuis janvier, les autorités mauritaniennes ont arrêté plus de 30.000 personnes. Une politique d’expulsions massives est en marche. Des rafles arbitraires sont menées à Nouakchott, des femmes enceintes et des enfants sont détenus sans soins, des exilés sont abandonnés en zone désertique sans eau ni nourriture. Le tout souvent sans distinction entre personnes en situation irrégulière ou régularisée. Le racisme structurel est omniprésent, « l’apparence et le lieu de résidence déterminent les interpellations », témoigne un chercheur cité dans le rapport.
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L’Espagne et la France ne sont pas de simples spectateurs. Elles orchestrent. Via Civipol (France) et la FIIAPP (Espagne) financent la formation des forces mauritaniennes, livrent du matériel de surveillance, et organisent même des unités d’intervention, comme le GAR-SI Sahel. Ironie tragique, ces forces, censées assurer la stabilité, sont pointées pour des usages répressifs contre des manifestants démocrates au Sénégal ou pour des refoulements violents en Mauritanie.
Le rapport évoque également l’instrumentalisation de la biométrie, la criminalisation des migrants dans les Canaries, et l’absence de toute protection juridique pour les personnes refoulées. L’aide au développement devient un levier de contrôle, la coopération une chaîne de commandement sécuritaire.
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