Le Maroc face à une urbanisation accélérée qui redessine le territoire
Le Twin Center au cœur de Casablanca © DR
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À l’horizon 2025, le Maroc est engagé dans une transformation profonde de sa géographie humaine. Selon le rapport World Urbanization Prospects 2025 des Nations unies, le pays connaît une urbanisation rapide, où la ville s’impose progressivement comme principal espace de vie, de production et de mobilité. Ce phénomène, loin d’être linéaire, restructure les relations entre villes, bourgs et campagnes et redessine les dynamiques régionales du Royaume.
En 2025, le Maroc compte 38,4 millions d’habitants, dont une part croissante vit en milieu urbain. Selon la méthode Degree of Urbanization, adoptée par l’ONU pour harmoniser les classifications urbaines, 52% de la population réside dans les grandes villes, 26,3% dans les villes moyennes et zones semi-denses, et 21,8% dans les zones rurales.
Cette répartition montre clairement que la ville concentre désormais la majorité des Marocains, tandis que les villes intermédiaires jouent un rôle croissant dans la structuration du territoire. Le Maroc se distingue ainsi en Afrique du Nord par une transition urbaine solide, sans atteindre l’extrême observé dans certains pays voisins, comme l’Égypte ou la Libye, où les définitions nationales de l’urbain englobent presque toute la population.
La trajectoire future confirme cette tendance : d’ici 2050, 52,3% des Marocains devraient résider dans des zones urbaines classées comme « villes », contre 52% en 2025, soit une progression régulière, accompagnée d’une stabilisation du poids des villes moyennes. Loin d’un basculement brutal, le Maroc poursuit une urbanisation progressive mais continue, marquant une recomposition lente de l’espace national.
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Une croissance soutenue de la population urbaine
Entre 2000 et 2025, la population urbaine au Maroc a fortement augmenté, passant de 15,2 millions à 24,2 millions d’habitants. Ce bond de près de 60% traduit une expansion modérée mais régulière des agglomérations.
Dans le même temps, la part des Marocains résidant officiellement en zones urbaines, selon la définition nationale, est passée de 53,6% en 2000 à 63,1% en 2025, avec une projection de 76,5% d’ici 2050. Cette évolution reflète la cohérence entre la dynamique démographique et la politique nationale d’accompagnement de l’urbanisation.
Cette croissance s’explique par plusieurs facteurs : la tendance structurelle à la migration interne vers les grands pôles économiques, le dynamisme des villes intermédiaires, notamment dans le Nord, l’amélioration relative de l’accès aux services urbains et la concentration des activités économiques et administratives en ville.
L’urbanisation ne se limite pas à la croissance démographique. Le rapport souligne également une expansion physique significative des zones bâties au Maroc : la surface totale construite est passée de 584,5 km² en 2000 à 1 012 km² en 2025, soit une hausse de 73% en un quart de siècle.
Les zones bâties classées comme villes ont également connu une forte progression, passant de 213,8 km² en 2000 à 373 km² en 2025, illustrant l’extension des grandes agglomérations et la densification de leur tissu urbain.
Cependant, cette expansion exerce une pression importante sur les ressources foncières et pose des défis d’aménagement pour éviter l’étalement urbain incontrôlé. Elle nécessite de renforcer les politiques de mobilité et d’habitat, ainsi que d’adopter une gestion efficace des interfaces entre ville et monde rural.
Dans la région Afrique du Nord, le Maroc occupe une position intermédiaire. Les données montrent qu’il est moins urbanisé que la Libye ou l’Algérie selon les définitions officielles, mais qu’il bénéficie d’une répartition plus équilibrée entre grandes villes, villes intermédiaires et zones rurales selon le système harmonisé. Cette diversité interne rend ses dynamiques urbaines à la fois plus complexes à analyser et plus riches en opportunités d’aménagement territorial.
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Les villes marocaines dans le paysage urbain mondial
Parmi les 50 villes les plus densément peuplées au monde en 2025, deux villes marocaines figurent dans le classement : Tanger à la 34ᵉ position et Marrakech à la 40ᵉ. Cela témoigne d’une densification importante, d’un dynamisme économique soutenu et d’une attractivité renforcée par les investissements dans les infrastructures, le tourisme, l’industrie et la logistique.
Le cas de Tanger illustre particulièrement la montée en puissance des villes du Nord, soutenue par de grands projets structurants tels que Tanger Med et le développement des zones industrielles.
Le Maroc reste un pays où le monde rural joue un rôle essentiel. Cependant, les données révèlent une tendance claire : la part de la population vivant en zones rurales, selon la classification mondiale, passera de 21,8% en 2025 à 20,8% en 2050. Ce recul n’est pas brutal, signe que l’exode rural massif d’antan s’est ralenti grâce à l’amélioration des services publics et à des infrastructures facilitant la mobilité plutôt que l’abandon des territoires ruraux. Néanmoins, cette baisse lente mais structurelle soulève la question de la viabilité économique de nombreuses zones périphériques.
L’urbanisation au Maroc s’inscrit désormais dans une perspective de long terme. Les villes resteront les principaux foyers de croissance démographique, avec une demande croissante en logements, infrastructures, transports et services. Les villes moyennes joueront un rôle stratégique pour l’équilibre territorial, comme le soulignent les projections. Cette dynamique s’aligne également sur les objectifs de développement durable (ODD), promouvant un urbanisme inclusif, résilient et durable.
Issu des données du rapport World Urbanization Prospects 2025, le portrait du Maroc qui se dessine est celui d’un pays en transition, où la ville gagne chaque année en importance démographique et économique. La croissance urbaine y est soutenue mais maîtrisée, et l’expansion des zones bâties révèle une transformation profonde du territoire.
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