Le CESE trace une voie d’inclusion pour les jeunes NEET Marocains

Avatar de Hajar Toufik
Temps de lecture :

Le CESE trace une voie d'inclusion pour les jeunes NEET MarocainsUn jeune homme sans emploi © depositphotos

A
A
A
A
A

Les jeunes au Maroc font face à de nombreux défis pour s’insérer socialement et professionnellement. Selon l’avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE), les jeunes NEET (Not in Education, Employment, or Training) représentent une frange préoccupante de la population, n’étant ni en emploi, ni en éducation, ni en formation. Cette situation alarme le CESE, qui appelle à une stratégie nationale pour relever les obstacles entravant leur inclusion socio-économique.

Dans le cadre d’une récente rencontre dédiée à la présentation des résultats de son avis intitulé « Les jeunes NEET : Quelles perspectives d’inclusion socio-économique ? », le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a souligné l’importance d’une approche intégrée pour améliorer les conditions des jeunes NEET (Not in Education, Employment, or Training), c’est-à-dire ceux qui ne sont ni en éducation, ni en emploi, ni en formation. Cet avis met en lumière la situation critique de cette catégorie de jeunes, marginalisés du système d’éducation/formation et du marché du travail, représentant un million et demi de personnes, soit un jeune marocain sur quatre.

L’avis identifie trois points de rupture majeurs dans le parcours de ces jeunes. Le premier survient prématurément, lors du décrochage scolaire entre l’enseignement primaire et secondaire, touchant en moyenne 331.000 élèves chaque année. Cet abandon scolaire est aggravé par l’échec éducatif, les difficultés d’accès aux écoles en milieu rural, un déficit de formation professionnelle, et des barrières socio-économiques telles que le mariage précoce, le travail des enfants, et les contraintes sociales.

Le deuxième point de rupture concerne la transition du système éducatif vers le marché du travail. Enfin, la troisième rupture se produit lors des transitions entre deux emplois, à la suite d’une perte d’emploi ou de la recherche de meilleures opportunités. Les conditions de travail précaires, les rémunérations inadéquates, ainsi que la fragilité du tissu entrepreneurial et les aléas conjoncturels compliquent davantage la situation. L’avis du CESE plaide donc pour une stratégie globale et coordonnée, afin de permettre à ces jeunes d’accéder aux opportunités d’inclusion socio-économique qui leur font défaut.

Lire aussi : Étude : les jeunes Marocains face aux défis de l’employabilité

Regards sur les NEET Marocains

Les jeunes au Maroc représentent une part essentielle de la population, constituant environ 16% des habitants. D’après les projections du Haut-Commissariat au Plan (HCP), leur nombre devrait croître, passant de 6,1 millions en 2014 à 6,3 millions en 2030. Cependant, malgré ce potentiel démographique, les jeunes Marocains ne semblent pas exploiter toutes les opportunités offertes par le marché du travail.

Le taux d’activité des jeunes âgés entre 15 et 24 ans est de seulement 23,5%, avec une participation encore plus faible chez les femmes (11,4%) et les titulaires d’un diplôme supérieur (19,8%). Cette situation se traduit également par un taux d’emploi bas de 16,2% et un taux de chômage élevé de 31,2%, soit 2,5 fois le taux national.

Une catégorie préoccupante parmi cette jeunesse est celle des NEET. Leur structure démographique est fortement marquée par un taux de féminisation élevé, avoisinant les 72%, ainsi que par une prédominance des jeunes inactifs, qui représentent près de 70%. La majorité de ces jeunes est caractérisée par un faible niveau d’éducation, avec environ 40% n’ayant qu’une éducation de niveau primaire ou inférieure, et seulement 8% disposant d’un diplôme universitaire.

Les disparités entre les sexes et les lieux de résidence sont également frappantes. Le taux de NEET chez les femmes atteint 38,8%, presque trois fois le taux observé chez les hommes (13,6%). Les écarts entre le milieu rural et le milieu urbain ajoutent une dimension supplémentaire aux disparités socio-économiques. Le taux de NEET est de 32% en milieu rural, contre 21,9% en milieu urbain. Chez les femmes vivant en milieu rural, le taux de NEET atteint un taux inquiétant de 61%, tandis qu’il est de 33% pour les femmes en milieu urbain et de 13% chez les hommes, quel que soit leur lieu de vie.

Lire aussi : Bensaïd : le Maroc place la jeunesse au centre de ses préoccupations

Les recommandations du CESE

Le CESE recommande une approche intégrée fondée sur cinq axes pour accélérer l’insertion socio-économique des jeunes NEET. Le premier concerne le renforcement des capacités de repérage et de suivi de ces jeunes. Pour ce faire, le CESE recommande la création d’un système d’information exhaustif, rassemblant des données croisées de multiples sources. Ce système offrirait une vision claire du parcours des NEET et permettrait de développer des politiques adaptées pour leur inclusion.

Le deuxième axe vise à prévenir de nouvelles situations de NEET par la garantie d’une scolarisation obligatoire jusqu’à 16 ans. Cette obligation doit s’accompagner de mesures de rétention et de réinsertion impliquant les parents et les acteurs locaux. En milieu rural, le CESE recommande la généralisation des écoles communautaires, un renforcement de leurs équipements et une extension de la couverture du transport scolaire. L’offre publique de formation professionnelle en milieu rural doit également être élargie et adaptée aux besoins locaux.

Le troisième axe prévoit la création d’un écosystème élargi pour accueillir et orienter les NEET vers des options personnalisées répondant à leurs besoins spécifiques. Un réseau dense de points d’accueil, d’écoute et d’orientation doit être déployé à travers les collectivités locales. Une charte unifiée clarifierait les rôles et responsabilités de chaque acteur.

L’amélioration de la qualité des services et programmes d’insertion constitue le quatrième axe. Il s’agit notamment de renforcer l’efficacité des services publics d’insertion dans le marché du travail, tout en fournissant un accompagnement personnalisé. Des partenariats avec le secteur privé et le tiers-secteur doivent être mis en place pour améliorer l’employabilité des jeunes, leur réintégration dans les systèmes d’éducation ou de formation, ainsi que l’accès à des stages ou à des emplois. Ils devraient aussi bénéficier d’un soutien dans leurs démarches entrepreneuriales.

Enfin, le cinquième et dernier axe souligne l’importance d’un cadre de gouvernance cohérent et complémentaire, assurant une coordination optimale entre les différents programmes et parties prenantes. Cela permettra de maximiser l’efficacité et l’impact des efforts déployés en faveur de l’inclusion socio-économique des jeunes NEET. En combinant ces cinq axes, le CESE aspire à créer une stratégie globale qui réponde aux besoins spécifiques de cette catégorie marginalisée et leur donne une chance réelle de s’intégrer au tissu socio-économique du pays.

 

Dernier articles
Les articles les plus lu
Rabat : grande marche populaire en soutien au peuple palestinien

Société - Rabat a vu affluer des milliers de Marocains venus exprimer leur solidarité avec Gaza et dénoncer les massacres perpétrés contre les civils palestiniens.

Hajar Toufik - 5 octobre 2025
Vidéo – Tbourida : la Sorba du Moqaddem Benkheda sacrée au Salon du cheval d’El Jadida

Société - La Sorba de Béni Mellal-Khénifra a brillé à El Jadida, s’adjugeant le prestigieux Grand Prix le roi Mohammed VI de Tbourida.

Ayoub Jouadi - 5 octobre 2025
Trafic de drogue : 33 kg de cocaïne interceptés au port Tanger Med

Société - Une opération conjointe entre la DGSN et la DGST a permis de saisir 33 kg de cocaïne brute dissimulés dans un conteneur au port Tanger Med.

Hajar Toufik - 5 octobre 2025
Trafic de drogue : plus de 53 kg de cocaïne interceptés à El Guerguerat

Société - Une importante cargaison de cocaïne a été saisie au poste-frontière d’El Guerguerat lors d’une opération conjointe entre la Sûreté nationale et la Douane.

Hajar Toufik - 5 octobre 2025
Huitième jour de mobilisation : la « GenZ 212 » poursuit son mouvement dans le calme

Société - Huit jours après le lancement du mouvement « GenZ 212 », les jeunes continuent de se mobiliser pour défendre leurs revendications sociales.

Hajar Toufik - 5 octobre 2025
Kénitra : 17 personnes déférées devant la justice après les violences à Sidi Taibi

Société - 17 individus, dont 9 mineurs, ont été déférés devant la justice à Kénitra après les graves incidents survenus mercredi dernier à Sidi Taibi.

Hajar Toufik - 4 octobre 2025
Voir plus
Travaux : les Casablancais n’en peuvent plus !

Dossier - Des piétons qui traversent d’un trottoir à l’autre, des voitures qui zigzaguent… À croire que les Casablancais vivent dans un jeu vidéo, sans bouton pause.

Sabrina El Faiz - 12 avril 2025
Mariages marocains : l’amour au prix fort

Société - Au Maroc, on peut rater son permis de conduire, son bac… Mais rater son mariage ? Inenvisageable !

Sabrina El Faiz - 23 août 2025
La classe moyenne marocaine existe-t-elle encore ?

Dossier - Au Maroc, pour définir le terme classe moyenne, nous parlons de revenus. Cela ne veut pourtant plus rien dire.

Sabrina El Faiz - 5 juillet 2025
Faux et usage de faux, la dangereuse fabrique de l’illusion

Dossier - Un faux témoignage peut envoyer un innocent en prison ou blanchir un coupable. Un faux diplôme casse la méritocratie. Un faux certificat peut éviter une sentence.

Sabrina El Faiz - 24 mai 2025
Le Maroc des voisins qu’on n’a pas choisis

Dossier - Les voisins ont bien changé. Les balcons étaient les réseaux sociaux d’antan. On y partageait les breaking news du quartier et les hommes étaient aussi bien surveillés que les enfants !

Sabrina El Faiz - 12 juillet 2025
Casablanca : les malls en perte de vitesse, sauf exceptions

Société - Les mails de Casablanca traversent une période de transformation, entre défis liés à l’entretien, évolution des attentes et adaptation à un nouveau contexte économique.

Hajar Toufik - 8 août 2025

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire