Journée internationale des infirmiers : retour sur les difficultés de ce métier

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Journée internationale des infirmiers : occasion de revenir sur les doléances du métier © DRJournée internationale des infirmiers : occasion de revenir sur les doléances du métier © DR

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La journée internationale des infirmiers, célébrée le 12 mai de chaque année, est une occasion pour dresser le bilan des acquis et des doléances des professionnels de ce secteur. Ceux-ci représentent l’un des piliers du système sanitaire du pays. Au Maroc, ce secteur connaît un déficit de plus de 65.000 infirmiers, techniciens et sages-femmes. Quelles sont donc les principales revendications des infirmiers ?

La pandémie de la Covid-19 a rappelé l’importance de toutes les composantes du système sanitaire. Médecins, infirmiers, techniciens et administrateurs se sont tous mobilisés pour faire face à cette crise sanitaire d’ordre mondial.

Ainsi, le corps médical marocain s’est sacrifié, malgré le manque d’infrastructures et de personnel, pour venir en aide aux patients. Certains infirmiers ont même perdu la vie dans ce combat contre le virus.

À l’occasion de la journée internationale des infirmiers, célébrée le 12 mai, le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Khaled Aït Taleb, a tenu à «remercier le personnel infirmier». Selon lui, ce dernier «constitue l’un des piliers les plus importants du système de santé au Maroc, et ce, en reconnaissance aux efforts considérables et distingués qu’il déploie au quotidien».

Le ministre a souligné que les infirmiers «ont fait preuve d’un courage et d’une bonne humeur sans pareil, au service de leurs concitoyens touchés par l’épidémie. Ils ont garanti la continuité du service public et des services hospitaliers de santé fournis aux citoyens, dans des circonstances difficiles malgré tous les défis».

Déficit de plus de 65.000 infirmiers, techniciens et sages-femmes

Le système de santé au Maroc est porté par des personnes qui luttent tous les jours et travaillent avec acharnement pour venir en aide aux patients, mais aussi pour combler la pénurie flagrante de ses ressources humaines.

Aujourd’hui, le Maroc fait face à un manque de 130.000 professionnels de santé, entre docteurs, techniciens et infirmiers. Le pays ne compte que 23.000 médecins alors que le besoin est de 35.000. Il connait aussi un déficit de plus de 65.000 infirmiers, techniciens et sages-femmes, selon les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Une situation qui s’explique par l’important nombre de départs à la retraite, mais aussi par la migration des professionnels de la santé vers le marché international.

Lire aussi : Santé : former davantage pour combler un déficit de plus de 30.000 médecins

Dialogue social : le syndicat indépendant des infirmiers s’accroche à ses revendications

Pour rappel, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a présidé, en février dernier, la cérémonie de signature d’un accord entre le ministère de la Santé et l’ensemble des syndicats représentant le secteur.

Un accord qui a permis aux médecins du secteur public de bénéficier de l’indice 509 (augmentation de salaire) tant revendiqué avec la totalité de ses indemnités. Les cadres administratifs ont vu, quant à eux, leur indemnité concernant les risques professionnels revalorisée jusqu’à 1.400 DH.

Cependant, le mouvement des infirmiers et techniciens de santé (MITSM) et le syndicat indépendant des infirmiers ont rejeté en bloc cet accord, qui, selon eux, ne répond en rien à leurs revendications.

Pour le syndicat indépendant des infirmiers, cet accord ne change pas grand-chose à leur situation. Ils ont donc choisi de ne pas le signer. «Le ministère de la Santé n’a pas répondu à la majorité de nos revendications. En ce qui concerne les promotions, seulement 17 infirmiers d’un certain âge obtiennent une promotion de l’échelle 9 vers l’échelle 10. 2.000 à 2.500 auront droit à deux ans de bonification d’ancienneté pour monter en grade», affirme Bouabid Abassi, membre du Bureau national du syndicat indépendant des infirmiers.

Et de poursuivre : «Au Maroc, nous sommes au total 35.000 infirmiers, ce qui veut dire que 32.000 d’entre nous ne bénéficient guère des réformes mises en place par le gouvernement. C’est pour cela que nous avons refusé, entre autres, de signer cet accord qui, clairement, exclut plus que la moitié des fonctionnaires du ministère. Ces derniers sont au nombre de 57.000».

Sur le volet financier, «toutes les revendications ont été exaucées à l’exception de celle du syndicat, notamment l’équité en termes d’indemnisation du risque professionnel», regrette Abassi. Selon lui, «la prime de risque pour un infirmier est de 1.000 DH, un montant fixe qui ne change pas, et ce, depuis le début de son activité professionnelle jusqu’à la retraite. Sachant que d’autres catégories d’infirmiers qui exercent dans le même ministère peuvent toucher 2.800 DH jusqu’à 5.600 DH de prime. Nous demandons à ce qu’elle soit augmentée à 1.400 DH».

Percevant cela comme une injustice, ce membre du syndicat ne comprend pas pourquoi «les médecins et les ingénieurs travaillant au sein du ministère sont promus tous les quatre ans. Alors que les infirmiers, eux, sont soumis au système de la fonction publique, soit un quota de 13% sur une durée de six ans».

Lire aussi : Santé : les infirmiers rejettent l’accord gouvernement/syndicats et appellent à une grève nationale

L’élaboration d’un référentiel d’emploi et de compétences (REC), une réforme tant attendue

Le syndicat revendique également l’élaboration d’un référentiel d’emploi et de compétences (REC).

«Il permettra ainsi de préciser les domaines d’intervention exacts de l’infirmier et tout ce qui relève de son entière responsabilité. Car, il existe certaines zones d’ombre, voire même des contradictions, au niveau de la loi qui nous laisse perplexes. Par conséquent, nous avons du mal à nous sentir légitimes dans l’exercice de certaines pratiques en raison de ce flou», déplore Abassi.

Les autres revendications ont trait à l’augmentation des effectifs et à la création de l’ordre des infirmiers et des techniciens de santé. Cet ordre permettra de structurer le métier et de protéger les droits du personnel. «Il y a toujours eu un manque d’effectif, une seule personne assume plusieurs tâches à la fois et fait le travail de trois ou quatre personnes» déplore-t-il.

Lire aussi : Santé : grève de 3 jours des infirmiers et techniciens de santé

Premières assises nationales de la recherche en sciences infirmières et techniques de santé

Par ailleurs, à l’occasion de la journée internationale des infirmiers, la tutelle organise les premières assises nationales de la recherche en sciences infirmières et techniques de santé, les 12 et 13 mai 2022 à Rabat. Cet événement connait la participation des différents acteurs et parties prenantes pionniers dans ce domaine.

Cette initiative vise à mettre en place un processus d’instauration et de développement de la recherche dans le domaine des sciences infirmières et techniques de santé.

Cette occasion a également permis la signature d’une alliance entre des Instituts supérieurs des professions infirmières et techniques de santé (ISPITS) afin d’assurer la consolidation de leur dispositif inter-ISPITS. Ce dernier vise la promotion de la coopération et du partenariat dans les domaines de la formation et de la recherche en sciences infirmières et techniques de santé. Cette promotion se concrétisera à travers la mutualisation des ressources et moyens, le renforcement des compétences professionnelles et scientifiques des ressources humaines et l’échange d’expertise et des expériences scientifiques, techniques et administratives entre lesdits instituts.

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