Impayés et escroquerie : ce que pourrait cacher le FLAM

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FLAM 2025 : Société générale Maroc partenaireFLAM 2025. DR

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Le Festival du livre de Marrakech (FLAM), censé être une célébration de la littérature, serait entaché par des pratiques douteuses. Impayés, pressions et promesses non tenues : les prestataires et consultants dénoncent ce qu’ils qualifient de véritables escroqueries orchestrées par son délégué général.

Le Festival du livre de Marrakech (FLAM) s’est imposé ces dernières années comme un rendez-vous culturel incontournable au Maroc, attirant auteurs, éditeurs et passionnés de littérature. Pourtant, derrière cette vitrine séduisante se cacherait une réalité bien plus sombre.

Consultants, experts en communication, prestataires et journalistes ayant collaboré avec les équipes organisatrices de l’événement affirment être victimes d’une série d’escroqueries orchestrées par le délégué général, Younès Ajarrai. Entre engagements non tenus et silence radio, une même question persiste : ces accusations révèlent-elles une pratique isolée ou un système bien rodé ?

Une mécanique d’exploitation bien huilée ?

Ajarrai aurait sollicité divers partenaires et prestataires en validant oralement leurs devis, les incitant à travailler de manière urgente et intensive, souvent sans la moindre contractualisation formelle. Les prestataires, animés par la promesse de collaboration professionnelle, auraient répondu à ses demandes en fournissant un travail rigoureux.

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Cependant, alors que près de 90% des missions aient été accomplies, une rupture brutale est survenue. Prétextant un mécontentement envers la qualité des prestations, le délégué général aurait refusé d’honorer ses engagements financiers, tout en coupant toute communication avec les prestataires concernés.

Cette stratégie, reposant sur des pressions psychologiques et des délais serrés, aurait laissé de nombreux professionnels démunis, sans recours immédiat pour récupérer leurs rémunérations légitimes.

Une répétition systématique ou un cas isolé ?

Les accusations portées ne semblent pas se limiter à une simple mésentente contractuelle. Plusieurs victimes présument qu’il s’agirait d’un modus operandi. En l’absence de preuves formelles dans certains cas (notamment des devis signés), la difficulté de poursuivre légalement l’affaire aurait renforcé un sentiment d’impunité chez l’organisateur.

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Les victimes évoquent une violation flagrante de la déontologie professionnelle, mais aussi une atteinte à l’intégrité de l’événement et des partenaires qui y sont associés. Ces derniers, souvent institutionnels ou privés, seraient eux-mêmes mis dans une position délicate par l’absence de clarté dans cette affaire.

Un silence préoccupant de l’organisation

Nous avons tenté de contacter les responsables du Festival du livre de Marrakech pour recueillir leur version des faits. Malgré nos sollicitations répétées, aucune réponse n’a été apportée à ce jour. Ce silence pourrait renforcer les soupçons et poser davantage de questions sur les pratiques managériales entourant cet événement.

Quelles perspectives pour les victimes ?

Face à cette situation, les prestataires lésés appellent à une mobilisation générale. Ils demandent à la fois une régularisation immédiate des paiements dus et des sanctions fermes contre les pratiques dénoncées. Certains n’hésitent pas à envisager des recours juridiques, bien que ces démarches soient souvent longues et coûteuses.

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Par ailleurs, les victimes encouragent les partenaires et institutions associés à l’événement à réexaminer leur soutien et à garantir une meilleure transparence dans les éditions futures.

Un impact durable sur l’image du FLAM ?

Ces accusations, si elles s’avéraient fondées, pourraient ternir durablement la réputation d’un événement culturel d’envergure. Au-delà des pertes financières subies par les prestataires, c’est toute la crédibilité du Festival du Livre de Marrakech qui pourrait être mise en péril.

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En attendant des clarifications de la part des organisateurs, l’affaire soulève une question fondamentale, qui est : les festivités littéraires peuvent-elles encore se dérouler sans l’assurance d’une éthique professionnelle et contractuelle irréprochable ?

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