IMC 2025 : comment le Maroc façonne la nouvelle architecture minière africaine ?

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IMC 2025 : comment le Maroc façonne la nouvelle architecture minière africaine ?Photo prise lors du panel ministériel de l’IMC 2025 © Ayoub Jouadi / LeBrief

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Le panel ministériel de l’IMC 2025 a révélé l’influence stratégique du Maroc dans la transformation du paysage minier africain. Le Royaume participe activement à la création d’un cadre ESG africain, à l’élaboration d’un corridor minier continental et à une redéfinition des standards industriels. Une dynamique qui confirme le tournant géopolitique du secteur : l’Afrique veut contrôler ses ressources, et le Maroc en devient l’un des chefs de file.

L’une des leçons majeures du panel ministériel du Congrès et Salon International des Mines du Maroc (IMC) 2025 tient au rôle désormais central du Maroc dans la diplomatie minière du continent. Ce leadership ne s’est pas imposé en un jour : il découle d’un ensemble de facteurs dont la maturité industrielle, la stabilité institutionnelle, les infrastructures modernes, l’expérience de gestion des ressources et la crédibilité internationale.

Ces atouts font aujourd’hui du Royaume un pivot régional capable de fédérer des pays aux intérêts parfois divergents autour d’un projet commun. Au fil des interventions, plusieurs ministres africains ont insisté sur la nécessité d’une approche collective : la richesse minérale ne suffit plus. Elle doit être organisée, certifiée et transformée sur le continent pour éviter qu’elle ne profite quasi exclusivement aux marchés extérieurs.

Lire aussi : Hydrocarbures et mines : un levier stratégique pour le Maroc

C’est précisément sur ce terrain que le Maroc, par son expertise et ses réformes internes, s’est positionné comme un catalyseur. Le corridor OTC (Origination, Transit, Certification) évoqué longuement dans le panel n’aurait pas pu émerger sans une puissance régionale capable d’en porter la vision et la logistique. Le Maroc, par ses infrastructures portuaires, énergétiques et industrielles, se place naturellement au cœur de ce dispositif.

Les réformes marocaines comme modèle

Depuis plus d’un an, le ministère marocain de la Transition énergétique et du Développement durable a engagé une modernisation profonde du secteur. Le panel l’a rappelé à plusieurs reprises :

• La digitalisation intégrale du cadastre minier est en cours, un chantier massif qui doit permettre une meilleure transparence, une sécurité accrue des titres et une attractivité renforcée pour les investisseurs.

• La réforme du code minier, elle aussi avancée, vise à l’aligner sur les exigences contemporaines, notamment les métaux critiques, la traçabilité, la transparence et la convergence internationale.

IMC 2025 : lancement à Marrakech d’une nouvelle ère minière durable et souveraine

Ces réformes, encore en consolidation, sont devenues une référence en Afrique. Dans son intervention, Leila Benali a expliqué qu’elles ne relevaient pas d’un simple exercice administratif, mais d’une vision globale destinée à renforcer la compétitivité du Maroc tout en soutenant la création d’un modèle régional plus cohérent.

Elle l’a affirmé avec franchise : « Nous sommes en train de transformer un secteur complexe, fait de risques, d’enjeux humains et d’exigences environnementales. Ce que nous construisons doit pouvoir inspirer d’autres continents ».

Cette approche intégrée (droit, digital, gouvernance, traçabilité) positionne le Maroc non seulement comme un acteur performant, mais comme un laboratoire continental.

La confiance africaine : le levier silencieux du leadership marocain

L’un des moments les plus marquants du panel a été lorsque Benali a expliqué ce qui l’avait « le plus touchée » dans ces douze derniers mois de co-construction du cadre ESG (Environnement, Social et Gouvernance) africain : la confiance exprimée par les ministres du continent.

« Ce qui m’a le plus ému, c’est que mes collègues africains sont venus dire : nous faisons confiance au Maroc ».

Cette confiance n’est pas anecdotique. Elle reflète un mouvement profond : l’idée que le Maroc dispose d’une expérience permettant d’accompagner d’autres pays sur des questions aussi sensibles que la certification, les standards environnementaux, la gouvernance minière ou la valorisation locale.

IMC 2025 : le Maroc et l’AMSG scellent un mémorandum pour une gouvernance minière unifiée

Elle témoigne également d’un changement dans le rapport traditionnel aux partenaires extérieurs. Là où les normes ESG étaient autrefois importées, souvent sans adaptation, les pays africains ont affirmé à Marrakech leur volonté d’écrire leurs propres standards, alignés sur leurs réalités, leurs ambitions et leurs capacités.

Le Maroc a joué un rôle déterminant dans cette dynamique : coordination, expertise technique, alignement politique, facilitation des réunions, mise à disposition de ses infrastructures numériques…

Cette crédibilité, construite sur le long terme, permet au Royaume de peser dans les discussions continentales tout en respectant les ambitions de chaque pays.

Vers une architecture minière africaine unifiée

À travers les échanges du panel, un nouveau paysage s’est dessiné : celui d’une Afrique qui veut structurer un écosystème minier intégré, capable de rivaliser avec les grandes régions productrices du monde. Le cadre ESG africain constitue la première pierre de cet édifice : normes environnementales partagées, exigences sociales harmonisées, méthodes de certification communes et mécanismes de gouvernance régionale.

La Déclaration de Marrakech, qui doit matérialiser l’accord politique entre les pays africains engagés, marque un tournant : l’Afrique n’entend plus se contenter d’extraire, mais elle veut tracer, transformer et valoriser.

IMC 2025 : la Déclaration de Marrakech, un tournant pour la souveraineté minérale africaine

Les exemples évoqués durant le panel rendent cette ambition tangible : une chaîne de valeur du fer extraite au Gabon, partiellement transformée sur place, certifiée le long du corridor, puis finalisée dans une unité de « green steel » au Maroc avant d’être exportée vers les marchés internationaux.

Ce scénario, autrefois utopique, s’inscrit désormais dans un horizon réaliste, à condition d’un alignement politique durable. Et c’est justement là que le Maroc joue un rôle essentiel : garantir la continuité, maintenir la dynamique, assurer la cohérence technique et accompagner l’implémentation des mécanismes.

Pour Benali, l’enjeu dépasse le secteur minier :

« L’Afrique est aujourd’hui le dernier réservoir de capacité productive du monde ».

Cette affirmation résume la philosophie de l’IMC 2025 : transformer la richesse géologique en un levier de souveraineté politique, économique et industrielle.

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