Gafi : sortir de la liste grise, nouvel objectif du Maroc

Avatar de Khadija Shaqi
Temps de lecture :

Blanchiment d'argentImage d'illustration © DR

A
A
A
A
A

En début de l’année 2021, le Groupe d’action financière (GAFI) a placé le Maroc sous surveillance pour ses défaillances dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Un mauvais souvenir pour le Royaume, qui a été ajouté à la liste grise des pays présentant des déficiences stratégiques. En revanche, le wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, a précisé que le Maroc devrait bientôt sortir de cette liste. Quid des derniers détails relatifs à ce sujet ?

En compagnie du Sénégal, des îles Caïmans et du Burkina Faso, le Maroc a été placé sous surveillance concernant la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, en février de l’année précédente. Ce verdict a été prononcé par le Groupe d’action financière (GAFI), à l’issue d’une réunion plénière des délégués représentant les 205 membres du Réseau mondial, ainsi que les organisateurs qui ont le statut d’observateur de cet organisme. Il s’agit du Fonds monétaire international (FMI), de l’Organisation des Nations unies (ONU) et de la Banque mondiale (BM).

Ajouté à la liste grise des pays présentant des déficiences stratégiques, le Maroc a pris l’engagement de mettre en œuvre des plans d’actions pour contrer ces activités illégales. Il s’est fixé comme objectif d’améliorer sa situation, en respectant les délais impartis.

Ladite liste se compose de 19 pays et régions. Selon le GAFI, ces États ne respectent pas les règles internationales de lutte contre ces actes. Il précise également que les lacunes ont été repérées au niveau des renseignements financiers et de la conservation des informations des bénéficiaires réels du blanchiment et du financement du terrorisme.

Le Maroc est pays membre fondateur du GAFI Moyen-Orient et Afrique du Nord (MOAN). Son ajout à la liste grise est dû à la faiblesse de ses résultats immédiats et son manque d’efficacité concernant les jugements et condamnations de ce genre d’activités frauduleuses. «Cette situation est due à un vide juridique et elle sera bientôt réglée. En effet, le projet de loi 12/18, amendant la loi 43-05 relative au blanchiment de capitaux, est bien avancé dans le circuit d’adoption», avait expliqué la cellule marocaine de lutte contre le blanchiment de capitaux et financement du terrorisme au média les Inspirations ÉCO.

Lire aussi : La présidence du ministère public et Bank Al-Maghrib s’allient

L’engagement du Maroc par rapport à ce verdict

Sortir de cette liste est l’objectif du Maroc. En effet, il s’est engagé dans un plan d’action pour remédier à toutes ces lacunes, afin de renforcer l’efficacité de son régime de lutte contre le blanchiment de capitaux et financement du terrorisme.

Le wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, avait expliqué la position du Maroc concernant ce sujet. Lors d’un point avec la presse, suivant la réunion du Conseil de la Banque centrale, il a soulevé qu’«un travail colossal a été fait jusqu’ici par l’ensemble des parties prenantes. Maintenant, il reste encore à appliquer quelques recommandations, qui se comptent sur le bout des doigts – ce que j’appelle les derniers 100 mètres – pour que le Maroc ne soit plus sur la liste grise dès septembre, au plus tard». Une révélation qui témoigne la volonté du Maroc de quitter cette liste qui constitue un point négatif de son parcours.

Par ailleurs, le Maroc avait entamé les négociations avec le FMI pour l’octroi de la ligne de crédit modulable. Cependant, la présence du Maroc sur la liste grise du GAFI lui joue des tours. Le représentant du FMI au Maroc, Roberto Cardarelli, avait souligné que «cette situation soulève une problématique liée à la possibilité de conclure que le Maroc a un cadre de supervision financière très fort. Sur la base de la position du Maroc sur la liste grise, l’on peut conclure qu’il y a encore des choses à faire avant d’affirmer que le Royaume a un cadre de sécurité financière très fort».

Pour rappel, le Royaume avait publié son Rapport d’évaluation mutuelle (REM) en 2019. Une année après, le ministre de la Justice avait présenté le projet de loi n°12-18 modifiant et complétant le Code pénal et la loi n°43.05 relative à la lutte contre le blanchiment des capitaux. Le GAFI reconnaitra donc les efforts déployés par le Maroc et le supprimera de la liste grise ? Reste à suivre, de près, l’évolution de cette affaire.

Dernier articles
Les articles les plus lu
Que manque-t-il à la Bourse de Casablanca pour décoller ?

Dossier - La Bourse de Casablanca passe-t-elle à côté de son potentiel ? Quelles solutions pourraient tout changer ? Analyse.

Sabrina El Faiz - 6 décembre 2025
Visite inopinée du Conseil de la concurrence auprès de cinq acteurs avicoles

Économie - Le Conseil de la concurrence a mené des visites et saisies simultanées auprès de cinq entreprises du secteur avicole, suspectées de pratiques anticoncurrentielles, afin de collecter des preuves pour d’éventuelles investigations futures.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2025
CAP 2030 : comment la CDG veut devenir le moteur de la transformation économique et sociale du Maroc ?

Économie - Avec CAP 2030, la CDG ambitionne de devenir un acteur décisif de la transformation économique et sociale du Maroc.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2025
Le Maroc adopte une nouvelle charte pour booster le financement des TPE

Économie - Une nouvelle charte vient renforcer le soutien aux TPE au Maroc, en unifiant les efforts des institutions financières et publiques pour élargir l’accès au financement, améliorer l’accompagnement et dynamiser l’investissement territorial.

Ilyasse Rhamir - 4 décembre 2025
La BAD accorde une garantie de 450 M€ pour soutenir la stratégie verte de l’OCP

Économie - Une garantie financière à hauteur de 450 M€ par la BAD ouvre la voie au renforcement du programme d’investissement vert de l’OCP.

Ilyasse Rhamir - 4 décembre 2025
Conjoncture économique : industrie et construction entre reprise sélective et fragilités

Économie - Le dernier rapport du HCP met en lumière une reprise sélective de l’industrie et de la construction, dans un contexte de fragilité économique et d’incertitudes persistantes.

Mouna Aghlal - 4 décembre 2025
Voir plus
Visa Schengen : le cauchemar européen à prix d’or

Dossier - Entre les délais interminables, les coûts exorbitants et les parcours semés d’embûches, obtenir un visa Schengen c’est devenu…

Sabrina El Faiz - 26 juillet 2025
Coût, impact… tout savoir sur la nouvelle LGV Kénitra-Marrakech

Économie - Le Maroc lance l’extension de sa LGV vers Marrakech, un projet structurant qui transformera durablement la mobilité, l’économie et la connectivité entre les grandes villes.

Hajar Toufik - 25 avril 2025
Où en est l’avancement du gazoduc Nigeria-Maroc ?

Économie - Le projet de gazoduc Nigeria-Maroc progresse : 13 pays engagés, signature intergouvernementale à venir et lancement d’un premier tronçon entre Nador et Dakhla.

Hajar Toufik - 14 juillet 2025
BTP : le Maroc bétonne ses règles

Dossier - Pas d’attestation, pas de chantier. C’est simple, non ? Pas de couverture décennale, pas de livraison. N'y réfléchissons pas trop !

Sabrina El Faiz - 19 juillet 2025
Régions : qui profite vraiment du Maroc des grands chantiers ?

Économie - Le Maroc construit partout, mais se développe-t-il partout ? Analyse région par région…

Sabrina El Faiz - 25 octobre 2025
Indemnités CNSS 2025 : nouveaux plafonds et conditions d’exonération

Économie - Un arrêté du 19 mai 2025 redéfinit les règles d’exonération des indemnités liées au transport, à la représentation ou aux aides sociales. La CNSS est désormais dotée d’un cadre harmonisé avec la fiscalité, garantissant plus de clarté pour les employeurs.

Ilyasse Rhamir - 20 octobre 2025
pub

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire