Finances publiques 2024 : ce que les chiffres nous révèlent

Mbaye Gueye
Temps de lecture :

DEPF : ce qu’il faut retenir de la note de conjoncture de févrierImage d'illustration © DR

A
A
A
A
A

Les finances publiques ont connu une année 2024 marquée par des évolutions contrastées. Entre hausse des dépenses, dynamisme des investissements et défis structurels, l’équilibre budgétaire demeure au centre des priorités gouvernementales. Détails.

La note de conjoncture de la direction des études et des prévisions financières (DEPF) a révélé que le déficit budgétaire a atteint 47,3 milliards de dirhams (MMDH) à fin octobre. Ce qui correspond à une hausse de 37,5 MMDH par rapport à la même période en 2023. Cette évolution s’explique par une augmentation globale des dépenses publiques de 16%, qui a néanmoins été partiellement compensée par une progression des recettes ordinaires de 14,4%.

Le déficit reflète également l’impact des engagements pris par le gouvernement pour répondre aux besoins d’investissement stratégique et au financement des projets prioritaires.

Lire aussi : Internet : un taux de pénétration record de 112,7% à fin septembre (DEPF)

Selon la note, l’investissement public est resté un moteur essentiel de l’économie marocaine en 2024. Les dépenses d’investissement du budget général de l’État ont augmenté de 9,9% pour atteindre 79,4 MMDH à fin octobre. Ces fonds ont servi à soutenir des initiatives telles que le renforcement des infrastructures, la transition énergétique et l’accompagnement de la campagne agricole 2024-2025.

En parallèle, les crédits bancaires destinés aux entreprises non financières ont progressé (+3,7% à fin septembre), témoignant d’une reprise des projets privés. De plus, les importations de biens d’équipement ont bondi de 11,5%, ce qui traduit un besoin accru en équipements dans divers secteurs productifs.

Exportations et recettes dynamiques

Quant aux exportations, celles-ci ont affiché une croissance de 5,3% à fin septembre 2024, principalement grâce aux performances des secteurs automobile (+6,9%), aéronautique (+20,2%), et des phosphates et dérivés (+11,3%). Cette dynamique exportatrice a renforcé les recettes fiscales liées au commerce extérieur, un levier essentiel pour la mobilisation des ressources publiques, souligne la note.

En parallèle, les recettes ordinaires ont bénéficié des efforts de modernisation et de digitalisation de l’administration fiscale, visant à renforcer la collecte des impôts et à lutter contre la fraude.

Malgré ces résultats encourageants, plusieurs défis subsistent. La hausse des dépenses publiques, bien que nécessaire pour soutenir l’économie, exerce une pression sur le déficit budgétaire. À cela s’ajoutent les incertitudes liées aux tensions géopolitiques et aux aléas climatiques, qui pèsent sur les perspectives économiques mondiales.

Lire aussi : Énergie électrique : hausse de la production de 2,3% à fin août (DEPF)

En effet, le secteur de l’énergie demeure un point de vigilance. Bien que la production électrique ait augmenté de 2,4% à fin septembre 2024 et les efforts de développement des énergies renouvelables, les importations d’énergie ont progressé (+30,7%). Ce qui accentue la dépendance énergétique du Maroc vis-à-vis de l’étranger.

Vers une gestion budgétaire optimisée

Face à ces défis, le gouvernement devra renforcer ses réformes pour garantir une utilisation optimale des ressources publiques. Cela inclut une meilleure priorisation des investissements, une rationalisation des dépenses non productives et une diversification accrue des sources de recettes.

Le développement des secteurs stratégiques, tels que les énergies renouvelables, l’industrie verte et les technologies de l’information, sera également essentiel pour renforcer la résilience économique et réduire les vulnérabilités.

Globalement en 2024, les finances publiques ont révélé une capacité de résilience face aux pressions internes et externes, tout en mettant en lumière la nécessité d’une gestion budgétaire rigoureuse et stratégique. Les investissements réalisés cette année jettent les bases d’une croissance durable, mais leur impact devra être soutenu par des réformes structurelles pour assurer une trajectoire budgétaire stable et pérenne.

Dernier articles
Les articles les plus lu
Chèques-vacances : des années de promesses, 0 départ

Economie - Les vacances, au Maroc, restent un privilège à crédit… C'est pour casser ce cercle vacances = dettes que les chèques-vacances ont été inventés… ailleurs !

Sabrina El Faiz - 9 août 2025
PLF 2026 : le Maroc trace sa voie vers l’émergence

Économie - Stabilité macroéconomique, investissements ciblés, réforme sociale, infrastructures stratégiques… le PLF 2026 vient consolider la trajectoire du Maroc.

Ilyasse Rhamir - 8 août 2025
Dakhla : lancement d’un guichet unique pour les Marocains du monde

Économie : Le CRI de Dakhla-Oued Eddahab lance un Guichet Unique pour les Marocains du Monde, visant à faciliter l’investissement et à renforcer les liens avec la diaspora.

Mouna Aghlal - 8 août 2025
PLF 2026 : une feuille de route pour accélérer l’émergence économique et sociale

Économie - Avec plus de 300 milliards de DH investis, le Maroc accélère sa transformation économique et sociale, visant un développement équilibré et une meilleure justice territoriale.

Hajar Toufik - 8 août 2025
PLF 2026 : voici les grandes priorités fixées par le gouvernement

Économie - Le PLF 2026 fixe quatre priorités : émergence économique, justice sociale et territoriale, renforcement de l’État social et réformes structurelles, tout en préservant les équilibres financiers.

Hajar Toufik - 8 août 2025
Les tomates marocaines gagnent du terrain sur le marché danois

Économie : Le Maroc renforce sa présence au Danemark avec 1.660 tonnes de tomates exportées entre juillet 2024 et avril 2025.

Mouna Aghlal - 8 août 2025
Voir plus
Coût, impact… tout savoir sur la nouvelle LGV Kénitra-Marrakech

Économie - Le Maroc lance l’extension de sa LGV vers Marrakech, un projet structurant qui transformera durablement la mobilité, l’économie et la connectivité entre les grandes villes.

Hajar Toufik - 25 avril 2025
Visa Schengen : le cauchemar européen à prix d’or

Dossier - Entre les délais interminables, les coûts exorbitants et les parcours semés d’embûches, obtenir un visa Schengen c’est devenu…

Sabrina El Faiz - 26 juillet 2025
Où en est l’avancement du gazoduc Nigeria-Maroc ?

Économie - Le projet de gazoduc Nigeria-Maroc progresse : 13 pays engagés, signature intergouvernementale à venir et lancement d’un premier tronçon entre Nador et Dakhla.

Hajar Toufik - 14 juillet 2025
BTP : le Maroc bétonne ses règles

Dossier - Pas d’attestation, pas de chantier. C’est simple, non ? Pas de couverture décennale, pas de livraison. N'y réfléchissons pas trop !

Sabrina El Faiz - 19 juillet 2025
Télécoms : en route vers un duopole ?

Dossier - Un accord entre Télécoms c’est toujours bon à prendre, mais qu’est-ce que cela engendre pour le consommateur final ?

Sabrina El Faiz - 28 juin 2025
Ces Marocains qui s’endettent pour les vacances

L’endettement pour les vacances est devenu, chez beaucoup, une évidence presque banale. On ne s’en vante pas forcément, mais on ne s’en cache plus.

Sabrina El Faiz - 2 août 2025

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire