Face à la révolution de l’IA, quel avenir pour l’éducation et le travail ?
Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences face à Jacques Attali, président d’Attali Associates lors d'un panel organisé lors de la 14e édition de the Atlantic dialogues 12 décemebre 2025, Rabat © LeBrief
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Lors d’un échange dense et sans détours, Jacques Attali, président d’Attali Associates, et Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, ont livré une lecture lucide et parfois inquiétante de l’avenir des systèmes éducatifs à l’ère de l’intelligence artificielle. Les deux intervenants, bien que venant d’horizons différents, se rejoignent sur un point central : la formation actuelle est incapable de préparer les sociétés aux bouleversements technologiques et sociaux à venir.
Construire des alliances pour un apprentissage réellement transformateur
Pour Younes Sekkouri, la question ne se limite pas à l’identification des compétences indispensables. Le défi réside plutôt dans la capacité collective à mener des réformes structurelles. « Nous n’avons pas l’infrastructure de décision nécessaire pour que le public, le privé et le secteur associatif travaillent ensemble », souligne-t-il. Selon lui, les compétences humaines que l’IA ne remplacera pas, curiosité, ingéniosité, pensée critique, doivent être cultivées dans des environnements repensés, capables de rapprocher les politiques publiques des pratiques pédagogiques et industrielles.
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Le ministre insiste sur l’urgence d’un apprentissage relié au terrain : les entreprises détiennent aujourd’hui une partie essentielle du savoir, parfois plus que les institutions éducatives. Il plaide ainsi pour des partenariats directs avec les industries, afin de concevoir des cursus intégrant des périodes de formation en immersion. Reste toutefois la grande question : qui financera cette transformation ? Le secteur privé a ses limites ; la réponse ne peut être que collective.
Plus largement, Sekkouri décrit un moment charnière qu’il appelle le « big scattering » : le passage brutal du monde structuré de l’école à un univers professionnel où chacun doit réinventer seul son système social, ses objectifs, et affronter les échecs. Sans accompagnement, beaucoup restent au bord du chemin. D’où son appel à une véritable coalition nationale pour offrir à tous un espace d’expérimentation et d’apprentissage continu.
L’explosion des inégalités et le risque d’une révolution
Jacques Attali, lui, élargit le débat en dénonçant d’abord l’ampleur historique des inégalités. « 1% de la population mondiale possède 50% des richesses », rappelle-t-il, et ce contexte rend dérisoire toute conversation sur l’IA si l’accès aux infrastructures de base, eau, écoles, électricité, n’est pas garanti. À ses yeux, une « révolution sans agenda » se profile, nourrie par un fossé économique et éducatif grandissant.
Attali va plus loin en affirmant que « le système scolaire est mort ». L’école enseigne le passé alors que les métiers de demain n’existent pas encore ; l’apprentissage risque même d’être absorbé par les machines, avec la menace d’une humanité dépendante d’outils qu’elle ne maîtrise plus. Pourtant, la porte de sortie existe : la science. Les nations de demain seront celles qui forment le plus grand nombre d’ingénieurs et qui savent les retenir. La science, insiste-t-il, est universelle et peut transcender les fractures sociales si elle est bien enseignée.
Une urgence politique
Interrogés sur la mesure prioritaire à adopter dans les 12 mois, les deux intervenants divergent, mais convergent sur l’importance du courage politique. Attali propose d’imposer des classes socialement mixtes pour rompre la reproduction des élites. Sekkouri appelle, lui, à dépasser les clivages partisans pour construire un compromis démocratique durable sur l’éducation. « Le temps est un point de rupture », prévient-il, rappelant que retarder les réformes met en péril les générations futures.
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