Été 2025 : où se baigner sans risque au Maroc ?

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Été 2025 : où se baigner sans risque au Maroc ?Plages marocaines © DR

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Alors que l’été approche et que les plages marocaines s’apprêtent à accueillir des millions d’estivants, le dernier rapport national sur la qualité des eaux de baignade et du sable met en lumière des progrès notables… mais aussi des défis persistants. Entre plages exemplaires et zones toujours polluées, le Maroc navigue entre succès environnemental et urgence d’action.

Le littoral marocain, qui s’étend sur plus de 3.500 kilomètres entre Méditerranée et Atlantique, est un trésor naturel convoité, autant pour sa richesse écologique que pour son attractivité touristique. Chaque année, des millions de Marocains et de visiteurs étrangers s’y rendent pour profiter du soleil, du sable et de la mer. Mais cette fréquentation accrue met à rude épreuve la qualité des plages, en particulier celle des eaux de baignade et du sable.

Afin de suivre l’évolution de cette situation, le Programme National de Surveillance de la Qualité des Eaux de Baignade et du Sable des Plages du Royaume, piloté par le Laboratoire National des Études et de Surveillance de la Pollution (LNESP), a publié le 23 avril 2025 son dernier rapport. Celui-ci dresse un état des lieux précis pour la saison balnéaire 2024, révélant à la fois des améliorations encourageantes et des zones encore à risque.

Une couverture élargie du littoral

En 2024, 199 plages ont été soumises à la surveillance de la qualité de leurs eaux de baignade, réparties sur 488 stations de prélèvement. Cette couverture permet une observation fine et régulière, deux prélèvements mensuels sont réalisés entre mai et septembre, période de forte affluence.

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Parallèlement, 64 plages ont été analysées pour la qualité de leur sable, notamment à travers des campagnes sur les déchets marins et les analyses mycologiques (champignons pathogènes). Ces suivis visent autant la santé publique que la préservation des écosystèmes côtiers.

Une qualité en nette amélioration

L’un des faits saillants du rapport est la hausse du taux de conformité des eaux de baignade aux normes marocaines (NM 03.7.199). Sur les 459 stations ayant fait l’objet d’une surveillance suffisante sur quatre années, 93% ont été déclarées conformes :

• 47% avec une qualité « excellente »

• 32% « bonne »

• 14% « suffisante »

Cette tendance positive, amorcée en 2023, témoigne des efforts conjoints des autorités locales, des collectivités territoriales et des associations environnementales.

Des plages encore non conformes

Malgré les avancées, 32 stations (7%) restent non conformes, réparties sur 13 plages du Royaume. Ces zones présentent des concentrations excessives en Escherichia coli et entérocoques intestinaux, témoins de pollutions fécales.

Les causes sont multiples :

• Rejets directs ou indirects d’eaux usées

• Insuffisance d’infrastructures sanitaires

Lire aussi : Face aux récentes pluies, peut-on tourner la page de la sécheresse ?

• Proximité d’embouchures de rivières polluées

• Influence des résultats négatifs des années précédentes

Certaines plages emblématiques comme Quemado à Al Hoceima, Sidi Kacem à Tanger-Asilah, ou encore Petit Zenata à Casablanca figurent parmi ces zones problématiques.

Le sable, autre enjeu sanitaire

La qualité du sable, longtemps négligée, fait aujourd’hui l’objet d’un suivi rigoureux. En 2024, deux campagnes ont permis d’évaluer la présence de déchets marins et de champignons pathogènes sur les plages marocaines.

Les résultats révèlent une tendance préoccupante, plus de 56% des plages présentent des traces de champignons comme le Trichophyton rubrum, responsable d’affections dermatologiques. Côté déchets, la moyenne nationale reste supérieure aux seuils recommandés par le PAM/PNUE (543 éléments pour 100m contre un seuil de 369).

Lire aussi : Gestion de l’eau : quand une goutte vaut de l’or

Parmi les déchets les plus fréquents :

• Mégots de cigarettes (21%)

• Bouchons et couvercles en plastique (20%)

• Emballages de bonbons (18%)

L’impact estival sur la pollution

Le rapport met aussi en évidence une corrélation directe entre la fréquentation estivale et l’accumulation des déchets. En 2024, les quantités de déchets marins collectés après l’été étaient significativement plus élevées qu’avant la saison.

Les plages atlantiques comme méditerranéennes subissent cette pression, bien que la tendance soit à la baisse par rapport aux années 2021-2023, grâce à une sensibilisation accrue et à des opérations de nettoyage plus fréquentes.

Des recommandations claires

Conscient des lacunes encore présentes, le rapport propose une série de recommandations concrètes :

• Renforcer les systèmes d’assainissement, notamment dans les zones rurales ou touristiques

• Contrôler et éliminer les rejets d’eaux usées dans le milieu marin

• Mettre en place des infrastructures de base (toilettes, douches, poubelles) sur toutes les plages

Lire aussi : Plages marocaines : la qualité en progrès, le plastique en alerte

• Promouvoir le tri sélectif et les alternatives aux plastiques à usage unique

• Encourager les partenariats public-privé pour financer les installations écologiques

• Sensibiliser les usagers à l’impact des pollutions sur la santé et les écosystèmes

Une mer plus propre est possible

Le Programme National de Surveillance s’inscrit aussi dans des initiatives régionales comme MED POL (pour la Méditerranée) ou AT-POL (pour l’Atlantique), qui visent à contrôler la pollution d’origine terrestre. Ces efforts conjoints ont permis des progrès, mais certains points noirs demeurent, notamment dans la région de Tanger ou autour de Casablanca, où la qualité reste souvent « moyenne » à « mauvaise ».

Lire aussi : Rapport : plus de 90% des eaux de baignade sont conformes aux normes de qualité

Le rapport 2025 est à la fois une photographie d’un littoral en transition et un appel à la mobilisation. Oui, les eaux marocaines deviennent plus sûres pour les baigneurs. Oui, les déchets diminuent lentement. Mais l’objectif de plages 100% propres, durables et accueillantes reste à portée de main seulement si les efforts se poursuivent et s’intensifient. À l’aube de l’été, chacun (citoyens, élus, industriels, vacanciers…) est appelé à faire sa part pour préserver ce bien commun qu’est la mer.

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