Dirigeants sportifs derrière les barreaux : des affaires en série
Prison (image d'illustration) © DR
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Depuis plusieurs années, le sport national est ébranlé par une succession de scandales judiciaires touchant ses dirigeants les plus influents. Ces derniers ont vu leur carrière brutalement interrompue par la justice.
Mohamed Aouzal, un sage derrière les barreaux
Mohamed Aouzal, ancien président du Raja de Casablanca et figure emblématique du sport national, a été condamné à deux ans et demi de prison ferme. Cette peine a été réduite en appel, après une condamnation initiale à trois ans et demi de prison ferme. La cour d’appel a écarté la contrainte par corps en raison de l’âge avancé d’Aouzal. Elle a également réduit le montant des dommages et intérêts, les fixant à un million de DH au lieu des deux millions de DH prononcés en première instance.
Mohamed Aouzal avait été condamné, le vendredi 27 décembre 2024, par le tribunal de première instance de Casablanca pour abus de confiance et émission de chèques sans provision. L’ancien patron du Raja avait été incarcéré fin novembre à la prison de Oukacha, après avoir été déféré devant le procureur du Roi près le tribunal de première instance de Casablanca, qui l’a ensuite soumis au juge d’instruction de la même Cour. Ces accusations ne concernent pas le sport, ni le football dont Aouzal fut l’une des figures majeures.
Depuis plusieurs années, la famille Aouzal fait face à des ennuis judiciaires liés aux difficultés de leur entreprise, l’Africaine de conseil et courtage en assurance (ACECA), placée en liquidation judiciaire en mai 2023. Quelques mois avant, l’entreprise avait perdu son agrément sur décision de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS). Parmi les griefs retenus, figurait la présentation de chèques sans provision, ce qui a motivé une procédure pénale contre les deux principaux dirigeants de la société.
Mohamed Aouzal, PDG du groupe ACECA, faisait notamment l’objet d’actions en paiement, dont une venant d’une grande banque locale, pour une créance s’élevant à 35 millions de DH.
Lire aussi : Mohamed Aouzal : de la gloire sportive à la tourmente judiciaire
Né à Casablanca en 1944, Mohamed Aouzal a occupé d’importantes fonctions dans le sport national. Président du Raja dans les années 1980, il fut l’un des fondateurs du Groupement national de football (GNF), l’ancêtre de la Ligue nationale de football professionnel (LNFP) avant la professionnalisation du championnat. Il a présidé cette instance entre 1998 et 2009.
Par la suite, il a également présidé la Fédération royale marocaine d’athlétisme (FRMA) de 2000 à 2006. Il faisait toujours partie des «Sages» du Raja, un cercle d’anciens présidents prêts à intervenir pour soutenir le club en cas de crise.
Mohamed Boudrika, de la présidence à l’extradition
Un autre Rajaoui est incarcéré. Il s’agit de Mohamed Boudrika, ancien président du club et ex-député du Rassemblement national des indépendants (RNI). Il vient d’être condamné à cinq ans de prison ferme par le tribunal de première instance de Casablanca. Reconnue coupable de faux et usage de faux, escroquerie et émission de chèques sans provision, il a également écopé d’une lourde amende et d’une interdiction d’émettre des chèques pendant un an.
Son arrestation, survenue le 16 juillet 2024 à l’aéroport de Hambourg en Allemagne, a mis fin à plusieurs mois de fuite durant lesquels il justifiait son absence par des problèmes de santé. Il a été extradé vers le Maroc en avril 2025, après que la justice marocaine ait constitué un dossier complet, notamment sur une affaire d’escroquerie immobilière liée à la vente de biens fictifs.
Parallèlement à ces poursuites judiciaires, Mohamed Boudrika a été déchu de son mandat de député en janvier 2025 pour absence prolongée, puis révoqué en mai 2025 de la présidence du conseil d’arrondissement de Mers Sultan à Casablanca. Son parcours illustre la chute spectaculaire d’une figure influente du sport et de la politique marocaine.
Aziz El Badraoui, les ordures à prix d’or
Lui aussi, ancien président du Raja entre 2022 et 2023, l’homme d’affaires Aziz El Badraoui est incarcéré pour une affaire de corruption liée à la gestion des déchets à Bouznika. Avec l’ancien président de la commune, Mohamed Karimine, il est poursuivi pour falsification, abus de pouvoir et détournement de fonds publics.
L’affaire trouve son origine dans une plainte dénonçant des irrégularités budgétaires au sein du conseil communal de Bouznika. Lors de la session d’octobre 2014, une modification budgétaire avait réduit l’enveloppe de la gestion déléguée de 14 à 8 millions de DH. Pourtant, en novembre 2015, il a été constaté que le montant final dépassait à nouveau les 14 millions de DH, soulevant des soupçons de manipulation comptable. Le président du conseil et le comptable municipal avaient justifié cette situation en invoquant une intervention des autorités de tutelle, représentées par la préfecture de Benslimane.
Le juge d’instruction avait ordonné la détention provisoire des deux accusés à la prison locale de Ain Sebaâ (Oukacha), aux côtés d’un ingénieur à la retraite également impliqué dans l’affaire. El Badraoui, qui a eu une brève mais médiatique présidence au Raja, voit ainsi son image ternie par cette affaire.
Said Naciri, l’ombre d’un baron malien
Du côté du Wydad, Said Naciri, ex-président des Rouges, et ancien président du conseil préfectoral de Casablanca, est poursuivi dans une affaire complexe de trafic de drogue. Le juge d’instruction de la Cour d’appel de Casablanca l’a inculpé pour trafic international de stupéfiants, falsification de documents officiels, formation de bande criminelle et trafic d’influence.
Selon l’accusation, Naciri aurait joué un rôle de facilitateur logistique auprès du réseau, grâce à ses réseaux politiques et sa posture institutionnelle. Des écoutes téléphoniques l’accusent d’avoir tenté d’organiser l’extradition du principal mis en cause vers le Mali, et de l’aider matériellement, sans contrepartie financière, notamment en mettant un appartement à disposition et en promettant des aides financières.
Au total, ils sont 25 personnes placées en détention préventive depuis décembre 2023 dans ce dossier, soupçonnées de participation à un trafic international de drogues, de corruption, falsification, escroquerie et abus de pouvoir. Parmi elles figuraient aussi des cadres politiques, des fonctionnaires et des responsables sportifs, à l’image de l’ancien président de la région de l’Oriental, Abdenbi Bioui.
Le «baron» de Tétouan rattrapé par son passé
Après plusieurs années de cavale en Europe, l’ex-président du Moghreb de Tétouan, connu sous le nom de Temsamani, a été extradé de Belgique vers le Maroc. Il a été condamné à six ans de prison pour trafic international de stupéfiants.
Considéré comme un baron de la drogue, il avait déjà fait l’objet d’une vaste opération judiciaire au début des années 2000, avant d’être libéré puis de s’enfuir à nouveau.
Son dossier illustre la lutte constante des autorités marocaines contre le narcotrafic, un fléau qui touche aussi le monde du sport, souvent utilisé comme relais d’influence par ces réseaux.
Lors de la dernière audience de ce procès, Temsamani a été confronté à d’autres trafiquants qui, tant durant l’enquête qu’à la barre, avaient nié toute connaissance de lui.
En novembre 2023, il avait été condamné à six ans de prison ferme, à une amende de 10 000 dirhams, ainsi qu’au versement de 360 millions de dirhams à la direction des douanes. En appel, sa peine de prison a été réduite à quatre ans, tandis que l’amende et la somme due ont été maintenues.
Mohamed El Haidaoui, l’affaire des tickets du Mondial
Président de l’Olympique de Safi et député du RNI, Mohamed El Haidaoui a été condamné à huit mois de prison ferme dans une affaire de revente illégale de billets lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar.
L’enquête menée par la police judiciaire a révélé l’existence d’un réseau organisé de trafic de tickets, impliquant plusieurs cadres de la Fédération royale marocaine de football (FRMF). Cette affaire a provoqué un véritable choc dans le football marocain, poussant le président de la FRMF, Fouzi Lekjaâ, à promettre une transparence totale.
Dans le même dossier, Adil El Omari, chroniqueur à Radio Mars, initialement condamné à dix mois de prison ferme pour «participation à une escroquerie», a été finalement innocenté de ces accusations par la Cour, qui a néanmoins maintenu une amende de 10.000 DH à son encontre.
Rappelons que la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), sur instructions du ministère public, avait ouvert une enquête pour élucider les circonstances entourant la revente au marché noir d’une centaine de billets destinés aux matches de la sélection nationale lors du Mondial 2022. Ces billets devaient, pour rappel, être distribués gratuitement aux supporters marocains.
El Jadida : condamnation pour scandale sexuel
La chambre criminelle de première instance près la Cour d’appel d’El Jadida a condamné, le 29 avril dernier, un responsable d’un club local de football évoluant au stade Lchheb, à huit ans de prison ferme pour son implication dans une affaire d’attentat à la pudeur sur un mineur.
Le mis en cause a été poursuivi en état d’arrestation, à la suite d’une plainte déposée par la famille de la victime, un garçon âgé de 11 ans, après avoir appris que leur fils avait été la cible d’une tentative d’agression sexuelle lors d’une séance d’entraînement.
Les faits remontent à la mi-avril, lorsque le père de la victime a saisi les services de police, qui ont immédiatement interpellé le suspect et l’ont placé en garde à vue.
Selon les informations disponibles, le prévenu aurait tenté de piéger l’enfant à la fin d’une séance sportive, en lui demandant de rester un moment pour l’aider à ranger le matériel. L’enfant ayant accepté, l’adulte aurait alors adopté des comportements déplacés, que la victime a rapidement rapportés à sa famille.
Hassania de Ben Slimane : gestion douteuse
Et une dernière affaire : l’ancien président du club Hassania de Ben Slimane et plusieurs membres de son bureau ont été condamnés à des peines allant jusqu’à trois ans de prison ferme pour détournement de fonds publics, falsification de documents et malversations financières.
L’affaire a débuté suite à une plainte d’un conseiller municipal qui a dénoncé des irrégularités dans la gestion des subventions publiques destinées au club. L’enquête judiciaire a mis en lumière un système de corruption bien installé au sein de la direction.
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