Crise économique : le moral des ménages enregistre son plus bas niveau

Avatar de Khadija Shaqi
Temps de lecture :

Confiance des ménages : légère amélioration au T1-2025Image d'illustration © DR

A
A
A
A
A

Au cours du deuxième trimestre de 2022, l’Indice de confiance des ménages (ICM) s’est établi à 50,1 points. Selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), le moral des ménages a atteint son plus bas niveau, jamais enregistré auparavant. Cette année, la crise économique nationale, engendrée par la guerre en Ukraine, a aggravé la situation financière des ménages au Maroc. Comment expliquer cette tendance baissière ? Le point avec Mohamed Rahj, expert en économie et en fiscalité.

Alors que les crises liées à la guerre russo-ukrainienne, à la pandémie de la Covid-19 et aux changements climatiques, persistent dans le monde, les Marocains subissent les répercussions. Rendus publics par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), les résultats de l’enquête permanente de conjoncture auprès des ménages montrent une tendance baissière du moral des ménages. Ce dernier s’est intensément dégradé depuis le début du conflit géopolitique en Ukraine.

Les composantes de l’Indice de confiance des ménages (ICM) sont corrélées à leur perception du chômage, de leur situation financière, de l’évolution du niveau de vie et de l’opportunité à effectuer des achats de biens durables. L’ICM enregistré au cours de ce deuxième trimestre (T2) est de 50,1 points, au lieu de 53,7 points enregistrés le trimestre précédent et 63 points le même trimestre de l’année précédente. De ce fait, la baisse de l’ICM au Maroc implique la détérioration de tous les indicateurs qui le composent.

Lire aussi : Échanges extérieurs : les exportations et importations toujours en hausse

Les ménages ressentent une forte détérioration des niveaux de vie

Eu égard aux répercussions des différentes crises mondiales sur l’économie du Royaume, 79,2% des ménages déclarent une dégradation du niveau de vie au cours des 12 derniers mois. Ce nombre est relativement élevé et est expliqué par la flambée des prix des produits alimentaires et non alimentaires, ainsi que ceux des carburants. Rappelons que, lors du premier trimestre (T1), 75,6% ont déclaré cette dégradation. En outre, 14,6% déclarent qu’ils ont maintenu le même niveau et 6,2% affirment une amélioration.

Joint par la rédaction de LeBrief, Mohamed Rahj, expert en économie et en fiscalité, nous explique : «Cette tendance baissière est constatée au quotidien à travers les discussions». Il ajoute également que «cette diminution risque de continuer, car il y a plusieurs individus qui ont perdu leur travail ou bien qui sont en chômage partiel. Pour ceux qui ont gardé leur travail, ils sont frappés de plein fouet par la flambée des prix».

En outre, le solde d’opinion sur l’évolution, est resté négatif, à moins 37 points, contre 66,8 points enregistrés au T1.

Lire aussi : Confiance des ménages : le moral s’assombrit de plus en plus avec la crise

Les attentes des ménages par rapport aux mois prochains

Concernant l’évolution du niveau de vie, au cours des 12 prochains mois, 46,8% des ménages s’attendent à une dégradation. Pour ceux qui s’attendent à maintenir le même niveau vie ou à une amélioration, ils représentent, respectivement, 40,7% et 12,5%.

Selon l’expert, face à cette situation critique, «les ménages sont en train de revoir les priorités au niveau de leur consommation, en se dirigeant, de plus en plus, vers l’essentiel». 

Avec le gouvernement actuel, plusieurs opportunités de travail ont été promises. En revanche, 86% des ménages s’attendent à une hausse du chômage au cours des 12 prochains mois. Pour la création d’emploi au Maroc, Mohamed Rahj souligne que les opportunités de travail créées à travers le programme Awrach ne couvrent pas toutes les catégories sociales. Elles sont destinées aux personnes qui ont perdu leur travail à cause de la crise sanitaire. Pour Forsa, les financements ne démarreront qu’à partir du mois d’août. Et donc, «à part les postes prévus selon le budget de l’État, qui sont autour de 24.000 et 26.000, la création de l’emploi reste limitée», éclaire l’intervenant.

Enfin, Mohamed Rahj a proposé certaines mesures pour “remonter” le moral des ménages. «D’abord, il faut stabiliser les prix, surtout pour les produits considérés comme essentiels. Aussi, il propose de revoir à la baisse la politique fiscale en matière de TVA et d’indexer les salaires sur les taux d’inflation». Ce sont des recommandations et des mesures provisoires qui peuvent être appliquées pendant cette période de crise.

Dernier articles
Les articles les plus lu
ADII 2024 : la douane au cœur de la souveraineté financière du Maroc

Économie - Entre recettes record, digitalisation et lutte renforcée contre les trafics, la douane marocaine a fait de 2024 une année charnière pour la compétitivité et la souveraineté du Royaume.

Mbaye Gueye - 26 août 2025
CMGP Group améliore son chiffre d’affaires au S1-2025

Économie - CMGP Group a réalisé un chiffre d’affaires consolidé de 1,12 MMDH au premier semestre 2025, en hausse de 0,3%.

Mbaye Gueye - 26 août 2025
Marrakech : progression de 6% des nuitées touristiques à fin juin

Économie - Marrakech confirme son statut de première destination touristique au Maroc avec plus de 5 millions de nuitées enregistrées à fin juin 2025, en progression de 6% par rapport à l’an dernier.

Ilyasse Rhamir - 26 août 2025
Trésor : déficit budgétaire en hausse malgré la progression des recettes

Économie - Au terme des sept premiers mois de 2025, le déficit budgétaire du Royaume a atteint 55 milliards de dirhams, contre 40,2 MMDH en 2024.

Mbaye Gueye - 22 août 2025
Les signaux économiques du Maroc au deuxième trimestre 2025

Économie - Le Maroc enregistre une croissance modérée au deuxième trimestre 2025 : ralentissement marqué de l’inflation, progression du crédit bancaire et amélioration du solde commercial.

Ilyasse Rhamir - 22 août 2025
Bank Al-Maghrib met en circulation une pièce pour le 62e anniversaire du Roi

Économie - À l’occasion du 62e anniversaire du roi Mohammed VI, Bank Al-Maghrib lance une pièce commémorative en argent de 250 dirhams.

Ilyasse Rhamir - 21 août 2025
Voir plus
Visa Schengen : le cauchemar européen à prix d’or

Dossier - Entre les délais interminables, les coûts exorbitants et les parcours semés d’embûches, obtenir un visa Schengen c’est devenu…

Sabrina El Faiz - 26 juillet 2025
Coût, impact… tout savoir sur la nouvelle LGV Kénitra-Marrakech

Économie - Le Maroc lance l’extension de sa LGV vers Marrakech, un projet structurant qui transformera durablement la mobilité, l’économie et la connectivité entre les grandes villes.

Hajar Toufik - 25 avril 2025
Où en est l’avancement du gazoduc Nigeria-Maroc ?

Économie - Le projet de gazoduc Nigeria-Maroc progresse : 13 pays engagés, signature intergouvernementale à venir et lancement d’un premier tronçon entre Nador et Dakhla.

Hajar Toufik - 14 juillet 2025
BTP : le Maroc bétonne ses règles

Dossier - Pas d’attestation, pas de chantier. C’est simple, non ? Pas de couverture décennale, pas de livraison. N'y réfléchissons pas trop !

Sabrina El Faiz - 19 juillet 2025
Ces Marocains qui s’endettent pour les vacances

L’endettement pour les vacances est devenu, chez beaucoup, une évidence presque banale. On ne s’en vante pas forcément, mais on ne s’en cache plus.

Sabrina El Faiz - 2 août 2025
Télécoms : en route vers un duopole ?

Dossier - Un accord entre Télécoms c’est toujours bon à prendre, mais qu’est-ce que cela engendre pour le consommateur final ?

Sabrina El Faiz - 28 juin 2025

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire