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Anass Hajoui Publié le 31/07/25 à 10:39
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TPE : trop petites pour exister ?

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Chaque année, on se réunit. On consulte les rapports, on relit les constats, on aligne les sigles comme un code secret qu’on aurait oublié de déchiffrer : TPE, PME, VSE, informel, flexibilité, bancarisation… Tout est là. Imprimé, tamponné, publié.

Et pourtant. Sur le terrain, rien ne bouge vraiment. Ou si peu ! Les TPE restent fragiles. L’informel, massif. Et les dispositifs, toujours bien intentionnés, ne mordent pas sur la réalité.

C’est étrange, ce décalage entre le discours et le terrain. En réalité, et le dernier rapport de Bank Al-Maghrib le confirme, les TPME sont les plus représentées dans le tissu économique. Mais c’est comme si les règles du jeu étaient posées pour une partie que certains ne jouent pas. Ou plutôt, qu’ils jouent selon d’autres règles. Parce qu’en face, dans l’informel, il n’y a pas de scoring bancaire. Pas forcément de business plan. Pas de compte, de résultat. Juste des gens qui avancent, encaissent et parfois s’en sortent !

Alors, on simplifie. On flexibilise. On crée des chartes, des plateformes, des guichets et surtout on fait en sorte que la tournure de phrase soit assez jolie dans un rapport. Mais les règles, celles qui devraient s’appliquer sur le terrain, n’ont pas été inventées pour ce type d’entreprises. On ne peut mimer le système d’une usine employant 2.000 personnes dans le cadre d’une TPE.

À force de ménager ce tissu, on a oublié de le renforcer. Par peur de le froisser, on n’a jamais osé le réformer. Et voilà que ceux qui jouent le jeu se demandent s’ils ne sont pas les seuls à suivre les règles. Ce n’est pas un manque de volonté. Ce n’est pas un déficit d’initiatives. C’est un refus d’assumer le déséquilibre. De dire que l’informel n’est pas qu’un problème de seuils ou de procédures. C’est un choix de système.

Et pendant ce temps, chacun reste dans sa case : le gouvernement annonce, la banque finance, l’entreprise improvisée survit… et l’économie formelle, celle qui paye ses impôts, s’essouffle à terme.

Mais franchement, veut-on vraiment changer les règles, ou juste éviter le conflit avec ceux qui refusent de les respecter ?