Le dernier congrès provincial de l’USFP à Nador n’aura laissé personne indifférent. Ce qui devait être un moment d’organisation interne s’est rapidement transformé en scène de tension politique, révélant au grand jour un conflit larvé entre deux figures locales : le président de la Commune de Nador et le député vétéran du parti. Le tout sous les yeux du patron du parti de la rose, contraint de jouer les équilibristes.
Une passe d’armes presque physique, à deux doigts de dégénérer, qui en dit long sur l’état du parti dans la région. Car si le congrès a abouti à un compromis apparent avec la reconduction du député en tant que secrétaire provincial alors que le président de la commune occupe désormais le poste de secrétaire provincial. Devant les caméras : sourires crispés et poignées de main tièdes. Les couteaux restent affûtés sous les tables.
À l’origine du malentendu, ou plutôt du mal tout court : des ambitions mal digérées. Le maire voit déjà plus loin. Il rêve d’un ticket parlementaire pour 2026, et d’un parti à sa main. En face, le vieux briscard du Rif, préfère l’influence discrète, les réseaux internes et les arbitrages de coulisses. Il n’a peut-être plus la fougue des années 90, mais il connaît trop bien les règles du jeu pour lâcher prise.
Et puis, il y a ce que tout le monde comprend sans le dire : dans les équilibres locaux, l’USFP ne peut pas se permettre deux têtes, deux agendas, deux stratégies. Ce genre de guerre larvée finit toujours par se traduire dans les urnes, en pertes sèches.
Le premier secrétaire, lui, a tenté de sauver la façade. Louanges pour l’honorable maire, présenté comme « un modèle de gestion communale », clin d’œil appuyé à le distingué député, et en prime, l’annonce de la candidature de ce dernier aux prochaines élections. Un pas de côté stratégique, pour réinjecter de la discipline dans les rangs et envoyer un signal : le parti choisit ses champions, pas l’inverse.
Mais la fracture est là. Politique, humaine, générationnelle. Ce qui s’est joué à Nador, ce n’est pas seulement un affrontement local. C’est une métaphore du dilemme plus large que vit la gauche marocaine : entre fidélité aux appareils et tentation du renouveau, entre héritiers de l’ancienne garde et élus ancrés dans la nouvelle réalité territoriale.
Si l’USFP veut encore peser, il lui faudra autre chose que des compromis fragiles. Il lui faudra du courage, de la clarté, et peut-être, un peu moins de calcul.
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