À Washington, le Congrès s’est emballé ce week-end. Certains élus se demandent si Pete Hegseth, secrétaire à la Défense des États-Unis, figure de l’aile trumpiste, n’a pas franchi une ligne rouge en revendiquant des opérations létales contre des « narcotrafiquants » vénézuéliens, jusqu’à donner l’ordre de « kill them all » pour achever les survivants d’une première attaque du week-end ? Cette nuit, avec courage, il a rejeté la faute sur l’amiral Frank Bradley, mais le mal est fait. Des assassinats extrajudiciaires, sans procès, sans cadre légal, hors du territoire américain, justifiés comme de simples actes de défense nationale. L’affaire gêne, car si ces faits étaient avérés, ils constitueraient exactement ce que le droit international définit comme un crime de guerre. Pour la première puissance mondiale, autoproclamée gendarme du monde, l’hypocrisie serait flagrante.
Le Venezuela demeure un vieux caillou dans la chaussure américaine. Depuis Chávez puis Maduro, dont Trump a exigé le départ avant le week-end dernier, Washington cherche à juguler un régime qui lui tient tête. S’y ajoutent d’immenses réserves pétrolières qui nourrissent depuis longtemps les appétits américains. On croirait presque que la lutte contre le narcotrafic n’est qu’un prétexte pour justifier la pression stratégique, d’autant que Washington vient de déployer le plus grand contingent militaire dans les Caraïbes depuis la crise des missiles de Cuba. Dans ce jeu, chaque incident est prétexte à monter la pression. La fermeture unilatérale de l’espace aérien vénézuélien démontre une fois de plus comment les États-Unis utilisent leur puissance en dehors de tout cadre légal. Et cette dérive n’est pas un accident : c’est la poursuite d’une histoire où le pays de l’Oncle Sam, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, est de loin l’État qui est le plus intervenu sans mandat du Conseil de sécurité de l’ONU, en violation des règles qu’il a lui-même contribué à rédiger. Les précédents ne manquent pas. De l’Irak, avec la pseudo fiole d’anthrax de Colin Powell, au soutien au coup d’État de Pinochet au Chili… comme si, au fond, c’était une habitude.
Ce qui se passe aujourd’hui au Venezuela n’est donc pas un accident, mais un pattern. Un pays cible, des intérêts américains, un prétexte sécuritaire, une opinion intérieure en émoi, un Congrès à la botte d’un leader charismatique : la recette est connue. Et surtout, pas de contrainte effective. La question demeure : qu’est-ce qui peut réellement contenir une puissance qui ne reconnaît pas la CPI, qui sanctionne ses juges et qui se place aux côtés de la Russie, de la Chine, de l’Iran, d’Israël ou de la Corée du Nord lorsqu’il s’agit d’échapper à la juridiction de La Haye ?
Que réserver, alors, comme punition à ces commanditaires de telles opérations clandestines ? Rien. Rien, l’impunité est totale. Les États-Unis ont créé un espace juridique où leurs dirigeants opèrent hors du droit commun, sans crainte de poursuites. Quand l’architecte de l’ordre international se met au-dessus des règles qu’il a lui-même établies, tout s’écroule. Et ce d’autant plus que, dans la pratique, les intérêts commerciaux, énergétiques ou de coopération militaire pèsent toujours plus lourd que le respect des droits fondamentaux consacrés par les conventions internationales. Dans cette absence d’éthique, d’autres pays tels qu’Israël à Gaza et au Liban, la Russie en Ukraine, la Turquie en Syrie…, trouvent à leur tour des motifs pour légitimer leurs propres dérives.
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On pourrait penser qu’il ne s’agit que d’un nouvel épisode de la diplomatie musclée américaine, dont Donald Trump n’est pas l’inventeur. Mais c’est plus grave : c’est un rappel brutal de ce qui se produit quand les normes qui encadrent la guerre, protègent les civils et garantissent la souveraineté deviennent optionnelles pour les plus forts. La Charte des Nations unies, les Conventions de Genève, les Statuts de Rome, tout ce qui devait préserver le monde de l’arbitraire et de la terreur du début du XXᵉ siècle, se vident de leur sens lorsque certains les méprisent en toute impunité.
À quatre-vingt-neuf secondes de minuit, selon l’horloge de l’apocalypse, on peut se demander pendant combien de temps ce « nouvel ordre des siècles », revendiqué avec fierté depuis 250 ans sur un droit commun, peut encore perdurer, si ceux qui devraient le défendre le voient leur échapper.
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