Chronique CADENCE
Sabrina El Faiz Publié le 26/09/25 à 10:30
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Au nom de Imane

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Imane a 20 ans. 20 ans et déjà toute une vie foutue. Elle a été violée, mariée de force, battue, humiliée, puis laissée à la merci d’un ex-mari qui l’a agressée en pleine rue. Ici, on aime s’enorgueillir de réformes, d’« avancées en termes de droits des femmes » et pourtant ! Tous ces codes n’ont pas suffi à protéger une jeune femme de son propre bourreau.

Comme pour le chômage, l’inflation, la pauvreté… on a malheureusement pris l’habitude, au point de lire ces informations sans émotion aucune. Parce qu’au final, c’est quand même ça le vrai souci, cette répétition ad vitam æternam.

Une victime, des cris d’alarme, des associations qui s’indignent, des débats télévisés et au final… toujours rien. Circulez, il n’y a rien à voir, sauf peut-être une femme de plus envoyée à l’abattoir.

La fameuse loi 103-13 contre les violences faites aux femmes ? Une coquille vide apparemment. De nobles mots sans manières. Pas de mécanismes clairs de protection, pas d’hébergement garanti, pas de suivi sérieux. Juste de quoi remplir les communiqués ministériels et rassurer Bruxelles, la FIFA et l’OMS !

Parce que qu’on se le dise, cet homme est un récidiviste. Il a d’abord violé la jeune femme, l’a laissée enceinte, puis a profité d’un système pour la contraindre à l’épouser, une « solution » administrative qui a scellé sa domination tout en évitant « la honte » environnante.

Divorcée, Imane n’a pas été libérée, puisque 6 mois plus tard, il est revenu la traquer et l’a attaquée en pleine rue à l’aide d’un couteau, lui causant des mutilations et des blessures graves. Arrêté par la police judiciaire de Taza, il demeure l’exemple parfait d’une criminalité permise par des failles juridiques.

Le cas de Imane devrait être la dernière gifle que les Marocains devraient accepter. Mais vous pariez combien que dans deux semaines, son nom ne sera plus qu’un ancien hashtag ?

Au Maroc, la vie d’une femme pèse moins qu’un communiqué.