Carte illustrant la région du Cachemire, le Pakistan et l'Inde © DR
Plus de deux semaines après l’attentat de Pahalgam, les tensions entre l’Inde et le Pakistan ne cessent de s’intensifier. Ce vendredi, New Delhi a de nouveau accusé Islamabad de frappes nocturnes sur son territoire, ignorant les appels répétés à la désescalade de la communauté internationale.
Depuis les premières frappes de représailles lancées par l’Inde le 6 mai dernier, une cinquantaine de civils ont trouvé la mort dans des échanges de tirs croissants. Le Cachemire, région déjà marquée par un lourd passé de violences, redevient donc l’épicentre d’un conflit qui prend désormais les allures d’un état de guerre non déclaré.
Rappel des faits
Les faits déclencheurs remontent au 22 avril dernier, lorsque 26 pèlerins hindous ont été tués dans un attentat à Pahalgam, station touristique du Cachemire indien. L’Inde accuse le Pakistan de soutenir le groupe terroriste présumé responsable de l’attaque, une accusation que rejette catégoriquement Islamabad. En réponse, l’armée indienne a lancé l’«Opération Sindoor» dans la nuit du 6 au 7 mai, visant des sites soupçonnés d’abriter des groupes islamistes dans le Cachemire pakistanais. Le Pakistan a dénoncé une agression délibérée contre des zones civiles, parlant de mosquées touchées et de victimes innocentes, dont des enfants.
Dans la foulée, Islamabad a répliqué par des frappes aériennes et affirmé avoir abattu cinq avions de chasse indiens. Les échanges de tirs se sont multipliés le long de la ligne de contrôle, la frontière de facto qui divise le Cachemire, entraînant de nouvelles pertes humaines. Sur le terrain comme dans les airs, chaque jour semble désormais rythmé par des opérations militaires, offensives et défensives. La situation dégénère rapidement, nourrie par la rhétorique belliqueuse des deux capitales et un nationalisme exacerbé.
L’inquiétude internationale est palpable. Washington, Bruxelles, Pékin et d’autres grandes capitales ont multiplié les appels à la retenue. Mais pour l’instant, ces initiatives diplomatiques restent vaines face à une spirale de violence qui échappe peu à peu au contrôle des autorités civiles. L’ombre d’un conflit prolongé et plus destructeur que jamais plane désormais sur le sous-continent indien.
Un contentieux historique ancré dans le Cachemire
Le conflit actuel ne peut se comprendre sans remonter à la partition de l’Empire britannique des Indes en 1947. À cette époque, le Cachemire, majoritairement peuplé de musulmans, mais dirigé par un maharajah hindou, se retrouve dans une zone grise politique. Ce flou entraîne immédiatement la première guerre entre l’Inde et le Pakistan, suivie de trois autres conflits majeurs (1965, 1971, 1999), tous centrés autour de cette région stratégique et symbolique. Depuis, le Cachemire reste divisé : un tiers est administré par le Pakistan, les deux tiers restants par l’Inde, chaque État réclamant la totalité du territoire.
Cette rivalité territoriale est alourdie par des enjeux religieux et identitaires. Pour l’Inde, majoritairement hindoue, le Cachemire représente un enjeu d’unité nationale. Pour le Pakistan, fondé comme un État musulman, la région est perçue comme un territoire à libérer. Le nationalisme, de part et d’autre, empêche toute solution négociée durable. De surcroît, les populations locales, souvent prises entre deux feux, subissent les conséquences humanitaires et économiques de cette guerre larvée.
Un tournant majeur a été pris en août 2019, lorsque le gouvernement indien a abrogé l’article 370 de sa Constitution, supprimant l’autonomie partielle du Jammu-et-Cachemire. Cette décision, considérée par le Pakistan comme une provocation, a relancé les tensions. Dans la foulée, les groupes séparatistes, dont certains sont soupçonnés d’être soutenus par Islamabad, ont intensifié leurs actions armées. L’attentat d’avril 2025 à Pahalgam s’inscrit dans cette continuité, ravivant les peurs d’un embrasement régional.
La ligne de contrôle, censée stabiliser la région, est devenue un lieu d’affrontements quasi quotidiens. Des milliers de soldats y sont postés, dans des conditions extrêmes. Les populations civiles, elles, vivent dans la peur constante des bombardements. Cette situation instable entretient un climat de guerre permanente, dans lequel chaque incident peut faire basculer l’ensemble de la région dans le chaos.
Inde-Pakistan : les tensions virent à l’affrontement militaire, au moins 38 morts
Une rivalité nucléaire lourde de menaces mondiales
L’un des aspects les plus inquiétants de ce conflit indo-pakistanais est la possession par les deux pays de l’arme nucléaire. Depuis leurs essais respectifs en 1998, ni l’Inde ni le Pakistan n’ont signé le Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP), préférant développer librement leurs arsenaux. Aujourd’hui, chacun disposerait d’environ 150 ogives, avec des projections allant jusqu’à 250 d’ici à 2030. Cette course effrénée à l’armement augmente dangereusement les risques d’escalade incontrôlée.
Le Pakistan mise sur des armes nucléaires dites «tactiques», comme les missiles NASR à courte portée, destinés à un usage sur le champ de bataille. L’Inde, quant à elle, développe une stratégie de seconde frappe, avec notamment des sous-marins nucléaires et des missiles intercontinentaux comme l’Agni-V. Cette doctrine vise à garantir une capacité de riposte en cas d’attaque nucléaire surprise. Mais elle rend aussi chaque crise plus sensible, car les deux pays doivent maintenir une vigilance constante sur leurs installations stratégiques.
L’hypothèse d’un conflit nucléaire entre les deux puissances est étudiée de près par les experts. Une étude publiée en 2019 estimait qu’un échange de 100 ogives pourrait entraîner jusqu’à 125 millions de morts, mais surtout provoquer un hiver nucléaire planétaire. Les incendies massifs généreraient d’immenses nuages de suie, bloquant la lumière solaire, abaissant les températures mondiales et perturbant l’agriculture. Une telle catastrophe menacerait directement la sécurité alimentaire de près de deux milliards de personnes dans le monde.
Ce scénario reste improbable à court terme, car ni l’Inde ni le Pakistan ne souhaitent une guerre totale. Mais le danger réside ailleurs : dans ce que les stratèges appellent le «paradoxe de stabilité/instabilit». Parce que les deux pays se savent dissuadés par l’arme nucléaire, ils se permettent des provocations limitées, sans craindre une escalade incontrôlée. Un jeu dangereux qui pourrait, à la faveur d’une erreur de calcul ou d’une crise mal gérée, faire basculer le monde dans une tragédie.
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Rédaction LeBrief - 22 août 2023