Comment le Maroc s’impose sur le marché mondial de l’avocat ?

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Avocats : le Maroc gringotte des parts de marché à l'internationalImage d'illustration avocats © DR

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En quelques années, le Maroc s’est hissé parmi les géants africains de l’avocat. Avec plus de 130.000 tonnes produites en 2024/2025 et des exportations atteignant 179 millions de dollars, le Royaume occupe désormais la troisième place en Afrique, derrière le Kenya et l’Ethiopie et devance l’Afrique du Sud. Cette croissance fulgurante positionne le Maroc comme un acteur incontournable sur le marché mondial des avocats, notamment en Europe, son principal débouché.

Avec une production estimée à plus de 130.000 tonnes d’avocats pour la campagne 2024/2025, le pays est désormais le troisième producteur du continent, derrière le Kenya et l’Éthiopie, mais devant l’Afrique du Sud. Un exploit qui place le Royaume au cœur d’un marché mondial en pleine effervescence, où l’Europe reste le client le plus friand. Malgré l’essor spectaculaire de cette filière, il ne faut pas perdre de vue certaines problématiques telles que la chute des prix, la pression sur l’eau et la nécessité d’un modèle plus durable.

Au Maroc, l’avocatier n’est pas un fruit exotique marginal, mais une culture qui a conquis les plaines du Gharb, du Loukkos et du Souss. En l’espace de cinq ans, les vergers se sont étendus à une vitesse impressionnante. Les surfaces cultivées, qui couvraient à peine 4.000 hectares en 2018, dépassent aujourd’hui les 12.000. Cette expansion est le fruit d’une demande mondiale qui ne faiblit pas. Dans les rayons européens, l’avocat est devenu le symbole d’une alimentation saine et tendance, un produit recherché par les jeunes générations, les sportifs et les adeptes de la « green food ».

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Le Maroc a su saisir cette opportunité en misant sur ses atouts naturels tels qu’un climat favorable, une proximité logistique avec l’Europe et des accords commerciaux qui facilitent les exportations. Les produits marocains traversent la Méditerranée à grande vitesse pour se retrouver sur les marchés espagnols, français ou néerlandais.

Cette proximité géographique joue un rôle clé. Alors que le Kenya ou le Pérou doivent affronter des délais de transport longs et coûteux, le Maroc bénéficie d’un avantage compétitif évident. Plus de 80% de ses exportations sont absorbées par l’Union européenne, avec l’Espagne en tête, suivie de la France et des Pays-Bas. Mais le Royaume ne se contente plus de ces destinations traditionnelles. La Belgique et le Portugal affichent des hausses spectaculaires de leurs importations, et de nouveaux marchés se dessinent, au Canada, en Turquie et même en Asie.

En 2024/2025, les exportations marocaines ont rapporté près de 179 millions de dollars, un chiffre qui témoigne du poids économique croissant de l’avocat dans les recettes agricoles. Cette réussite permet au Maroc de dépasser l’Afrique du Sud, longtemps considérée comme un champion historique de la filière.

Le long voyage de l’avocat

La dernière campagne a aussi montré les fragilités de ce modèle. L’abondance d’avocats sur le marché mondial a entraîné une chute brutale des prix, parfois de 30 à 35%. Certains producteurs marocains ont même préféré laisser des fruits sur les arbres plutôt que de les vendre à perte. Face à la concurrence féroce du Pérou, du Mexique et du Kenya, les marges des agriculteurs marocains se réduisent, mettant en lumière la dépendance du pays aux fluctuations des cours internationaux.

Au-delà de la volatilité des prix, une autre inquiétude grandit, celle de l’impact environnemental. L’avocat est une culture gourmande en eau. Chaque arbre requiert environ 70 litres par jour, une consommation difficilement soutenable dans un pays régulièrement frappé par la sécheresse. Dans certaines régions, la filière est accusée de détourner des ressources hydriques au détriment d’autres cultures vivrières.

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Les professionnels en sont conscients et tentent d’apporter des réponses. Le recours massif au goutte-à-goutte permet de réduire les pertes, et des expérimentations sont menées pour implanter des plantations dans des zones plus humides. Mais jusqu’où le Maroc peut-il développer ses vergers sans aggraver la crise de l’eau ?

Un acteur africain de premier plan

Sur le continent africain, le Maroc fait désormais partie du trio de tête, à en croire le classement de The African Exponent. Le Kenya reste largement en tête avec près de 600.000 tonnes prévues en 2025, suivi par l’Ethiopie avec 167.000 tonnes. Mais le Maroc s’affirme comme le fournisseur naturel de l’Europe, avec une logistique et une proximité que ses concurrents d’Afrique de l’Est ne peuvent égaler. Cette position stratégique pourrait lui permettre, dans les années à venir, de devenir non seulement un exportateur majeur, mais aussi un modèle en matière de qualité et de traçabilité.

La demande mondiale devrait continuer à croître, tirée par l’Europe et l’Asie, ce qui ouvre des perspectives considérables. Cependant, le Maroc devra faire face à la problématique de la durabilité, en adoptant des pratiques agricoles économes en eau et adaptées aux contraintes climatiques. Ensuite, celui de la qualité, car les importateurs européens sont de plus en plus exigeants sur les standards de récolte, de conditionnement et de traçabilité. Enfin, celui de la valeur ajoutée : au lieu d’exporter uniquement des fruits bruts, le pays pourrait développer des filières de transformation, dans l’huile d’avocat, les cosmétiques ou les produits surgelés.

En réussissant ce virage, le Maroc pourrait stabiliser ses revenus face à la volatilité des prix et asseoir sa position de leader africain. Les projections parlent déjà de 200.000 tonnes à l’horizon 2030.

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Ilyasse Rhamir - 20 octobre 2025
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2 commentaires

  1. Peut on arrêter de promouvoir l’exportation des produits primaires notamment agricoles ? En quoi cela est il bénéfique aux marocains si ce n’est à une minorité de grands producteurs. En plus de créer de la rareté, de pénaliser les ressources en eau, renchérir les produits agricoles de base sur la marché local. Encourageons plutôt la petite agriculture familiale et de subsistance ainsi que la sobriété hydrique.

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