Binationaux : le Maroc séduit, la Belgique s’agace
Chemsdine Talbi © Instagram
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Le choix des joueurs binationaux continue de nourrir des tensions dans le football européen. La dernière polémique en date concerne la décision de Chemsdine Talbi, jeune talent belge, d’opter pour la sélection marocaine, une décision qui a suscité une réaction ferme de la part du directeur technique national belge, Vincent Mannaert.
Cette situation révèle un phénomène plus vaste : l’attractivité croissante du Maroc pour les jeunes talents issus de la diaspora, en réponse aux hésitations et, parfois, aux maladresses des fédérations européennes.
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La Belgique hausse le ton après la volte-face de Talbi
Vincent Mannaert, directeur technique national de Belgique, a exprimé son agacement face à la multiplication des cas de jeunes talents ayant évolué dans les catégories de jeunes belges, mais choisissant finalement une autre sélection. Interrogé par le média flamand Sporaz, il a souligné l’importance de faire des choix clairs dès le début. «Je vous conseille de faire des choix», a-t-il insisté, précisant que ces joueurs doivent se positionner dès le départ.
Chemsdine Talbi (19 ans, Club Brugge) a annoncé son choix de représenter le Maroc, bien qu’il ait auparavant porté le maillot des Espoirs belges. Mannaert a réagi en déclarant : «Avant de les sélectionner, ils doivent nous faire savoir s’ils veulent choisir la Belgique», rappelant que ces joueurs ont grandi en Belgique et ont bénéficié du soutien des clubs locaux.
Cette situation a notamment visé indirectement le Maroc, accusé de «récupérer» des talents formés ailleurs. Cependant, la Fédération belge n’est pas la seule à être confrontée à ce phénomène. D’autres joueurs, comme Matias Fernandez-Pardo (LOSC), ont opté pour l’Espagne, tandis que Konstantinos Karetsas (Genk) a choisi la Grèce.
Face à ces départs en série, le sélectionneur de l’équipe nationale belge, Rudi Garcia, partage la même ligne que Mannaert : privilégier les joueurs qui souhaitent véritablement s’engager à long terme avec la Belgique.
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Pourquoi le Maroc attire les binationaux ?
Depuis plusieurs années, le Maroc met en place une stratégie offensive pour attirer les talents issus de la diaspora. Deux leviers principaux expliquent son succès : un suivi précoce des joueurs et des infrastructures de très haut niveau.
Un suivi personnalisé dès le plus jeune âge
Contrairement aux fédérations européennes, souvent hésitantes à accorder une place aux binationaux, la Fédération royale marocaine de football (FRMF) ne se contente pas d’attendre que les joueurs atteignent le plus haut niveau pour les approcher. Des scouts sont chargés de repérer les jeunes talents dès les catégories U15 et U17, établissant ainsi une relation de confiance avec les joueurs et leur entourage. Cette approche proactive permet au Maroc de devancer des nations comme la Belgique, les Pays-Bas ou l’Italie dans la course à ces talents.
Des infrastructures de pointe
Autre atout majeur : la qualité des installations mises à disposition des joueurs. Sous l’impulsion du roi Mohammed VI, la FRMF a investi massivement dans le centre technique de Maâmora, qui rivalise avec les meilleures infrastructures européennes.
Vahid Halilhodžić, ancien sélectionneur du Maroc, qualifiait ce centre de « meilleur du monde ». Même Sadio Mané, star sénégalaise, avait été impressionné : «Honnêtement, je suis ébahi par ce centre technique. C’est magnifique. Je ne savais pas qu’on avait ce genre de complexe en Afrique».
Au-delà de ces infrastructures de qualité, le Maroc propose également un projet sportif ambitieux, avec une équipe nationale qui s’affirme parmi les meilleures d’Afrique et qui a marqué les esprits lors de la Coupe du monde 2022.
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Les limites du modèle européen : l’exemple français
Alors que la Belgique semble subir ces changements sans véritable adaptation, la France a traversé une controverse bien plus profonde sur cette question. En 2011, Mediapart révélait que la Fédération française de football (FFF) envisageait l’instauration de quotas dans les centres de formation et les équipes de jeunes.
Selon cette enquête, plusieurs dirigeants de la FFF, dont Laurent Blanc (alors sélectionneur des Bleus), auraient envisagé de limiter à 30% le nombre de joueurs d’origine africaine ou maghrébine dans les centres de formation. L’objectif ? Réduire la place des profils jugés «trop physiques» et favoriser un jeu plus technique, porté par des joueurs européens.
Cette affaire avait déclenché un véritable tollé et contraint Laurent Blanc à se justifier, précisant que son inquiétude portait avant tout sur les joueurs qui, après avoir été formés en France, choisissaient la sélection de leurs pays d’origine. Un raisonnement qui rappelle celui de la Belgique aujourd’hui, mais qui masque une réalité plus complexe : la difficulté des fédérations européennes à intégrer pleinement ces joueurs dans leur projet national.
Un changement de paradigme inévitable ?
L’évolution actuelle montre que les sélections européennes ne peuvent plus se contenter d’un discours moralisateur sur la «fidélité» des binationaux. À une époque où le Maroc, l’Algérie ou le Sénégal déploient de véritables stratégies de séduction, il est devenu crucial pour les fédérations européennes de repenser leur approche.
L’exemple marocain démontre qu’un projet clair, une reconnaissance rapide et des conditions optimales peuvent peser lourd dans la balance. En revanche, des déclarations comme celles de Vincent Mannaert ou les polémiques passées de la FFF risquent d’accentuer le sentiment de rejet chez ces jeunes talents.
Dans un football mondialisé, le choix d’une sélection ne repose plus uniquement sur des critères de naissance ou de formation. Il dépend désormais d’une combinaison de facteurs : projet sportif, reconnaissance, infrastructures et, surtout, sentiment d’appartenance. Sur ce terrain, le Maroc a indéniablement une longueur d’avance.
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