Après sa libération, Boualem Sansal brise le silence
Capture d’écran montrant l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal lors d’une interview diffusée au journal télévisé de France 2, à Paris, le 23 novembre 2025 © THIBAUD MORITZ / AFP
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Gracié le 12 novembre après un an de détention en Algérie, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal s’est exprimé pour la première fois depuis sa libération, dimanche 23 novembre, sur France 2. À 81 ans, l’auteur, connu pour ses critiques envers le régime algérien, dit renouer difficilement avec une vie d’homme libre. « Retrouver la vie est compliqué », confie-t-il, évoquant « des senteurs, des murmures » et un environnement auquel il peine encore à se réhabituer. Il affirme toutefois être « en bonne santé » après avoir été « remarquablement » pris en charge pour un cancer de la prostate.
Sansal : « Je contrôle chacun de mes mots »
Face aux caméras, Boualem Sansal a insisté sur la prudence qui guide aujourd’hui chacune de ses prises de parole. « Je ne vous parle pas naturellement. Je suis plutôt exubérant, mais là je contrôle chacun de mes mots », explique-t-il, évoquant le contexte tendu entre Paris et Alger. L’écrivain dit aussi penser au journaliste sportif français Christophe Gleizes, toujours détenu en Algérie, ainsi qu’« à plusieurs dizaines de prisonniers politiques » toujours incarcérés.
L’auteur affirme redouter d’éventuelles représailles si ses propos étaient mal interprétés. « J’ai peur pour ma famille, pour mon épouse, si je reviens en Algérie. Je pense à mes compagnons de cellule, qui risquent d’être questionnés : que savent-ils ? Que leur ai-je dit ? ».
Il revient également sur les premiers jours de son arrestation, en octobre 2024, moment qu’il décrit comme une sidération totale. « En sortant de l’aéroport, ils m’ont passé une cagoule sur la tête. Pendant six jours, je n’ai pas su où j’étais ni à qui j’avais affaire ».
Lire aussi : Vers un réchauffement entre Paris et Alger ?
Une libération annoncée la veille
Selon sa version, Boualem Sansal n’a appris sa future libération que la veille de celle-ci, lors de la visite d’un « monsieur très autoritaire », qu’il pense être lié aux services de sécurité algériens. L’homme l’aurait interrogé sur ses éventuelles déclarations après sa sortie : « Il me demandait si j’allais continuer mes critiques sur l’Algérie. Je lui ai répondu que je n’ai jamais critiqué l’Algérie : je critique un régime, une dictature ».
Transféré à Berlin pour des soins médicaux, il a ensuite rejoint la France mardi dernier, où il a été reçu par le président Emmanuel Macron dès son retour.
🔴⚡️ « Je lui ai dit : "Je n'ai jamais critiqué l'Algérie. Je critique un régime, je critique une dictature" »
Boualem Sansal révèle les coulisses d'une discussion avec "quelqu'un de très important" dans sa prison la veille de sa libération. #JT20h pic.twitter.com/adPewhO5Ef
— Le20h-France Télévisions (@le20hfrancetele) November 23, 2025
Une affaire aux répercussions diplomatiques
Dans un entretien au Figaro, Boualem Sansal affirme que sa détention est étroitement liée aux positions françaises sur le Sahara. D’après lui, la reconnaissance par Paris du plan d’autonomie sous souveraineté marocaine aurait provoqué la réaction d’Alger. Il évoque également son amitié avec l’ancien ambassadeur Xavier Driencourt comme l’un des éléments ayant aggravé son cas.
Cette affaire s’inscrit dans une crise diplomatique profonde entre la France et l’Algérie, déclenchée à l’été 2024 lorsque Emmanuel Macron a soutenu officiellement la proposition marocaine sur le Sahara.
Condamné en Algérie à cinq ans de prison pour « atteinte à l’unité nationale », Boualem Sansal avait tenu en octobre 2024 des propos controversés au média français Frontières, affirmant que certaines régions de l’ouest algérien, comme Oran et Mascara, relevaient selon lui historiquement du Maroc. Ces déclarations avaient été jugées inacceptables par les autorités algériennes.
Entre gratitude et prudence
L’écrivain a également évoqué son lien d’amitié avec Bruno Retailleau, reconnaissant que la fermeté de l’ex-ministre de l’Intérieur français vis-à-vis d’Alger avait pu compliquer sa libération. « D’une certaine manière, oui, parce qu’il offrait à l’Algérie l’occasion de dire : “Regardez, ils nous détestent” », estime-t-il tout en affirmant que, selon lui, les autorités algériennes auraient réagi de la même façon.
Malgré les tensions politiques et personnelles, Boualem Sansal assure rester attaché à l’idée d’une réconciliation durable entre les deux rives : « Je suis depuis toujours pour la réconciliation entre la France et l’Algérie. Soixante ans ont passé, et pourtant on continue d’utiliser les discours de la guerre de libération ».
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