Agent immobilier : une profession qui n’existe pas en droit
Image d'illustration. © DR
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Fondée pour encadrer et défendre les professionnels du secteur, l’association fait partie d’un réseau national visant à professionnaliser un métier trop souvent livré à lui-même. « Notre rôle est de représenter, défendre et surtout former les agents immobiliers afin de les amener au niveau et aux standards internationaux », insiste-t-il.
Selon Kamal Hakimi, le principal problème du secteur réside dans l’absence d’un cadre législatif clair. « Nous sommes reconnus par les services fiscaux, mais juridiquement, aucun texte ne régit notre profession », déplore-t-il. Autrement dit, le Maroc ne dispose toujours pas d’une loi protégeant ou reconnaissant officiellement le statut d’agent immobilier.
Cette situation ouvre la porte à toutes les dérives. « On peut être agent, mandataire, intermédiaire… autant d’appellations qui n’ont aucun fondement juridique », explique Hakimi. Le résultat est un marché où cohabitent professionnels qualifiés et acteurs informels, sans aucune distinction.
L’informel constitue également l’un des principaux fléaux du secteur. « Ce métier est majoritairement exercé par des acteurs de l’informel, qui ne paient ni TVA, ni patente, ni impôts », dénonce le vice-président. Selon lui, l’absence de régulation alimente une économie parallèle aux conséquences lourdes, tant pour l’État que pour les clients.
L’informel, un manque à gagner pour tous
« L’informel, c’est de l’argent sans couleur ni odeur », résume Kamal Hakimi. Autrement dit, des transactions non déclarées, des commissions non facturées et un manque à gagner colossal pour le Trésor public. Mais au-delà de l’aspect fiscal, c’est aussi une perte de crédibilité et de confiance envers le client.
Le cœur du métier repose sur « le livrable », explique-t-il : une information, une donnée, parfois immatérielle, mais toujours essentielle. Or, cette information circule librement entre acteurs formels et informels, sans protection ni traçabilité. « C’est une donnée que n’importe qui peut vendre sans aucun encadrement ».
L’absence de mandats signés, de contrats de prospection ou de bons de visite accentue cette confusion. « Le mindset marocain n’est pas encore habitué à ces pratiques professionnelles », regrette Hakimi. Résultat : une insécurité juridique permanente, où même les agents sérieux peinent à faire valoir leurs droits.
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Vers un modèle inspiré de l’international
À l’étranger, la situation est bien différente. « En Europe, aux États-Unis ou en Australie, un agent doit posséder un certain niveau universitaire et suivre une formation pour obtenir une carte professionnelle », explique Kamal Hakimi. Cette carte, obligatoire, atteste de la compétence du professionnel et lui permet d’exercer légalement son métier. Sans elle, il est impossible de se présenter devant un notaire ou de percevoir des honoraires.
Pour le Maroc, le vice-président de l’association plaide en faveur de l’instauration d’un système équivalent. Il en appelle à l’État pour légiférer et définir des conditions d’accès à la profession : « Il faut des prérequis avant de se prétendre agent immobilier, comme c’est déjà le cas pour le métier de promoteur ».
La formation, pilier de la professionnalisation
L’association de Rabat ne se contente pas de dénoncer les dérives : elle agit. « Nous organisons des formations continues tout au long de l’année », explique Hakimi. Dès la publication de la loi de finances, un panel d’experts-comptables et de juristes se réunit pour analyser les nouveautés impactant le secteur immobilier.
Ces formations couvrent plusieurs volets : fiscalité, droit, urbanisme et lecture de documents techniques. « Nous apprenons à nos membres à lire une note de renseignement, à interpréter un plan cadastral et à comprendre les limites juridiques d’un bien ». Même les nouveaux entrants dans la profession bénéficient d’un accompagnement sur la durée.
L’objectif est double : protéger le métier et le client. Comme le souligne Kamal Hakimi, « l’association n’est pas seulement là pour défendre les agents immobiliers, mais aussi pour garantir des informations juridiques et fiscales fiables, afin de mieux conseiller le client ». L’enjeu, ajoute-t-il, est d’éviter que certains « vendent du rêve » sans se soucier de la réalité légale.
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Encadrer pour crédibiliser
La professionnalisation du secteur ne vise pas seulement à encadrer le marché, mais aussi à valoriser l’image de l’agent immobilier. « Un agent inscrit au registre de l’État, doté d’expérience, d’un historique et d’une expertise, offre une prestation qualifiée. L’informel, en revanche, banalise le métier et diffuse l’information de manière anarchique », explique Hakimi.
Pour Hakimi, la reconnaissance légale de la profession est urgente. Sans elle, le secteur continuera de fonctionner en marge du droit, au détriment des agents sérieux, des clients et de l’État. Alors que la Fédération nationale des promoteurs immobiliers prépare déjà des textes pour encadrer son métier, Kamal Hakimi espère que les agents immobiliers suivront la même voie. « Nous plaidons énergiquement pour une loi qui protège et reconnaît le statut de l’agent immobilier », insiste-t-il.
Dans un marché où la confiance est primordiale, le vice-président de l’Association régionale de Rabat estime que transparence et formation sont les piliers d’une réforme réussie. « Encadrer, c’est protéger tout le monde : le professionnel, le client et l’État », souligne-t-il.
À l’heure où le Maroc s’attelle à moderniser son économie et à formaliser ses secteurs clés, la voix de Kamal Hakimi résonne comme un appel à l’action. Car derrière chaque transaction immobilière se joue bien plus qu’un simple acte de vente : c’est la crédibilité d’une profession et la confiance d’un pays qui sont en jeu.
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