Affaire du viol à Tiflet : report du procès, sit-in, commission de suivi…Voici les derniers rebondissements

Avatar de Hajar Toufik
Temps de lecture :

Affaire de viol à Tata : alourdissement des peines des impliquésViol sur mineurs (image d'illustration) © DR

A
A
A
A
A

La chambre criminelle près la Cour d’appel de Rabat a décidé de reporter le procès en appel des trois accusés du viol collectif sur une mineure à Tiflet. Ces derniers ont été condamnés en première instance à des peines allant de 18 mois à 2 ans de prison. Prévu ce jeudi, le procès a été renvoyé au 13 avril prochain, à la demande du collectif des avocats de la victime. En attendant, les condamnations, jugés trop clémentes, continuent de susciter la colère sociale. Un sit-in de protestation contre ce verdict a d’ailleurs eu lieu hier à la capitale.

L’affaire de la jeune fille de Tiflet semble parfaitement illustrer les lacunes du système judiciaire et les failles dans l’application des textes de lois qui permettent aux violeurs d’échapper à la grosse punition.

En première instance, les trois accusés, poursuivis pour «détournement de mineure» et «attentat à la pudeur sur mineure avec violence», avaient écopé de deux ans de prison, avec six mois de sursis pour deux d’entre eux. Le troisième, identifié par des tests ADN comme étant le père biologique de l’enfant Rayane, né du viol présumé de la jeune fille, a écopé quant à lui de deux ans de prison ferme.

Le procès en appel de ce dossier, qui scandalise l’opinion publique, devait s’ouvrir ce jeudi, mais il a été reporté au 13 avril prochain à la demande des avocats de la victime. Ces derniers voulaient disposer de plus de temps pour bien l’étudier et préparer leurs plaidoiries. Ce report devra permettre de faire comparaître un témoin qui aurait assisté au viol, à la demande du Parquet. C’est une mineure qui dit avoir été témoin des faits incriminés et de leur caractère répétitif, indiquant avoir accompagné l’un des accusés, à sa demande, sur les lieux du crime.

Lire aussi : Maman à 12 ans, un printemps v(i)olé !

Le sit-in de la colère

À l’appel de plusieurs ONG de défense des droits de la femme et de l’enfant, une marche de protestation a été organisée, hier devant le Palais de Justice à Rabat, contre le verdict clément, dont a bénéficié trois violeurs ayant agressé une fillette de 11 ans, ce qui avait entraîné une grossesse. Leur condamnation en mars dernier à des peines allant de 18 moins à deux ans de prison a suscité émotion et colère dans tout le pays et même ailleurs, et a ravivé la protestation qui entoure cette affaire depuis plusieurs jours.

Les manifestants ont crié au scandale et ont qualifié ce verdict d’incompréhensible, d’injuste et de choquant, appelant la cour d’appel à le réviser en punissant sur la base de la loi les responsables. «Il est temps de rendre justice à cette fillette et à son enfant. Ce type d’affaires ne doit en aucun cas être jugé avec laxisme», a estimé Amina Khalid, secrétaire générale de l’association Insaf (Institution nationale de solidarité avec les femmes en détresse).

En effet, le Code pénal punit d’une peine d’au moins cinq ans de prison quiconque est reconnu coupable d’un viol contre un mineur. Des peines plus lourdes, allant de jusqu’à 30 ans, sont même prévues si la gravité du viol avec violence est établie.

Le département de Hayar fait le suivi

Après le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, qui s’est dit « choqué » par ce verdict, c’est au tour de celle qui dirige le département de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la famille, Aawatif Hayar. La ministre s’est exprimée sur l’affaire de la petite de Tiflet, indiquant qu’elle suit de près son dossier en coordination avec le ministère public.

Hayar a fait savoir qu’une commission, composée de deux assistantes sociales et une psychologue, s’est rendue au domicile de la jeune fille pour se renseigner sur sa situation et celle de sa famille. Selon elle, la victime bénéficiera d’un accompagnement psychologique soutenu, sous la supervision d’un spécialiste. Elle profitera également du programme d’autonomisation économique des familles, qui cible particulièrement la population vulnérable et qui a pour objectif d’améliorer leur situation, en renforçant leurs capacités pour faire face à diverses formes de vulnérabilité économique et sociale.

Notons qu’une pétition demandant l’annulation et la révision du jugement à l’encontre des trois hommes a été lancée. Mise en ligne il y a cinq jours, elle devrait franchir le cap de 35.000 signatures dans les prochaines heures.

Les signataires exigent justice pleine et entière pour ces deux enfants, la petite fille et son bébé, ainsi que la mise en place d’un observatoire ou tout mécanisme indépendant et actif ayant pour mandat de signaler tous les manquements de la justice dans les verdicts concernant les violences faites aux femmes et aux enfants.

Dernier articles
Les articles les plus lu
Lancement de la plateforme nationale de surveillance des décès maternels

Société - Découvrez la nouvelle plateforme pour le suivi des décès maternels, lancée par le ministère de la Santé à Rabat.

Mouna Aghlal - 20 novembre 2025
Le Procureur général du Roi communique sur les nouvelles dispositions du Code de procédure pénale

Politique - Le Procureur général du Roi présente des changements clés pour les parquets du Royaume. Découvrez les implications essentielles.

Mouna Aghlal - 20 novembre 2025
CNSS : lancement du contrôle de scolarité 2025-2026 pour les enfants bénéficiaires

Société - Les parents ou tuteurs doivent impérativement déposer un certificat de scolarité dans un délai d’un mois via le service en ligne « Taawidaty ».

Rédaction LeBrief - 20 novembre 2025
Vidéo virale d’un enfant agressé : le démenti de la DGSN

Société - La DGSN dément une vidéo montrant un enfant agressé, faussement attribuée à une école marocaine, et confirme qu’elle provient d’un pays asiatique.

Hajar Toufik - 20 novembre 2025
Affaire chlorure de potassium : carte de la transparence… ou diversion ?

Société - La tutelle plaide la pénurie de chlorure de potassium, l'opposition veut les détails de chaque appel d'offre octroyé par l'AMMPS.

Rédaction LeBrief - 20 novembre 2025
La coordination syndicale de la santé conditionne son retour au dialogue

Société - La coordination syndicale du secteur de la santé refuse toute rencontre avec le ministère tant qu’un calendrier précis n’est pas fixé pour valider les décrets liés à l’accord du 23 juillet 2025.

Ilyasse Rhamir - 19 novembre 2025
Voir plus
Manifestations de la « GenZ 212 » : 60 personnalités marocaines exhortent le Roi à engager des réformes profondes

Société - Soixante figures marocaines appellent le roi Mohammed VI à lancer des réformes profondes en phase avec les revendications de la jeunesse.

Hajar Toufik - 8 octobre 2025
Travaux : les Casablancais n’en peuvent plus !

Dossier - Des piétons qui traversent d’un trottoir à l’autre, des voitures qui zigzaguent… À croire que les Casablancais vivent dans un jeu vidéo, sans bouton pause.

Sabrina El Faiz - 12 avril 2025
Manifestations de la « GenZ 212 » : appel à boycotter les entreprises liées à Akhannouch

Société - Les manifestations de la « GenZ 212 », poursuivent leur mobilisation à travers un appel au boycott des entreprises liées à Aziz Akhannouch.

Ilyasse Rhamir - 7 octobre 2025
Mariages marocains : l’amour au prix fort

Société - Au Maroc, on peut rater son permis de conduire, son bac… Mais rater son mariage ? Inenvisageable !

Sabrina El Faiz - 23 août 2025
La classe moyenne marocaine existe-t-elle encore ?

Dossier - Au Maroc, pour définir le terme classe moyenne, nous parlons de revenus. Cela ne veut pourtant plus rien dire.

Sabrina El Faiz - 5 juillet 2025
Faux et usage de faux, la dangereuse fabrique de l’illusion

Dossier - Un faux témoignage peut envoyer un innocent en prison ou blanchir un coupable. Un faux diplôme casse la méritocratie. Un faux certificat peut éviter une sentence.

Sabrina El Faiz - 24 mai 2025
pub

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire