Indemnités CNSS : entre espoir et désespoir

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Indemnités CNSS : entre espoir et désespoir

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La Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS) a annoncé, ce dimanche 7 mars, que les employés des crèches privées, des salles de sport et des industries culturelles et créatives peuvent désormais bénéficier des indemnités financées par le Fonds spécial de gestion des effets de la pandémie de la Covid-19. Bien que cette décision réjouisse les professionnels de ces trois secteurs, les opérateurs d’autres secteurs, tout aussi impactés par la crise sanitaire, dénoncent quant à eux le silence des autorités compétentes face à leurs réclamations et revendications.

Bonne nouvelle pour les professionnels des crèches privées, des salles de sport et des industries culturelles et créatives. Ces derniers, lourdement impactés par la pandémie de la Covid-19, vont enfin pouvoir faire leurs demandes pour bénéficier des mesures d’aide exceptionnelles, sur le portail de la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS) : covid19.cnss.ma. Cette décision a été annoncée par la CNSS ce dimanche 7 mars, soulignant que les concernés peuvent également soumettre leurs requêtes dereport de paiement des cotisations.

Selon le communiqué de la CNSS, ces indemnités, dont le décret a été signé le 3 mars dernier par le Chef du gouvernement et les ministères compétents,concernent la période allant du 1er juillet 2020 au 31 mai 2021. Ainsi, à partir de ce dimanche 7 et jusqu’au 15 mars, les demandes relatives aux périodes allant de juillet 2020 à janvier 2021 et de février à mars 2021 seront acceptées. S’agissant des demandes portant sur la période d’avril à mai 2021, elles seront prises en compte à partir du 16 mars et jusqu’au 3 avril 2021.

Afin de faciliter l’accès à ces indemnités, la CNSS a mis en place unguide consultable sur son portail officiel, ainsi qu’une vidéo explicative, publiée sur ses réseaux sociaux. Aussi, le service «Allo Damane» (aux numéros suivants : 0802033333/0802007200) a été mis à la disposition des opérateurs à cet effet.

Qu’en est-il des autres secteurs en détresse ?

Bureaux de change : Malgré les efforts de la CNSS, des autorités et des ministères compétents, plusieurs autres secteurs ont été écartés de la subvention du Fonds spécial Covid-19. Vendredi dernier, la Fédération nationale des associations régionales des sociétés de change et ses professionnelsont dans ce sens observé une grève pour dénoncer l’important impact de la pandémie sur leur secteur. Dans un communiqué de presse, datant de la semaine écoulée, la fédération a souligné que «les sociétés de change manuel jouaient un rôle de 1er ordre sur le plan économique en drainant aux finances du pays 80% des devises en billets de banque collectées auprès des Marocains du monde et des touristes étrangers». Cependant, poursuit la même source, les bureaux de change, n’ayant aucune source de revenus depuis près d’un an,souffrent aujourd’hui des retombées de la pandémie, qui menace plusieursopérateurs de faillite. La fédération déplore que 781 sociétés de change sont confrontées à un gel total de leur activité, exposant leurs 5.000 employés au chômage, «car ils ont été exclus par le Comité de veille économique (CVE) et de façon inexplicable du bénéfice de l’indemnité du Fonds de soutien depuis juillet 2020». Aussi, bien qu’ils aient tenté à mainte reprise de solliciter l’autorité de tutelle pour évoquer la gravité de leur situation, ils sont restés sans réponses.

Pharmacies : Même son de cloche du côté de l’Ordre national des pharmaciens. Ce dernier a avancé qu’en raison de la crise sanitaire, ses répercussions et ses restrictions, 25% à 30% des officines du Royaume risquent désormais de faire faillite. D’après l’Ordre, le chiffre d’affaires des pharmacies a connu une baisse de 70%, et ce à la suite de la période de confinement décrétée en mars 2020, mais aussi en raison de la perte de revenus qu’ont subie les Marocains lors de cette conjoncture. Aujourd’hui, ils sont 3.000 à 3.500 pharmacies, sur un total de 12.000, qui font face à une situation financière critique. La même source explique aussi que la concurrence déloyale des ventes de médicaments en ligne, menace le métier des pharmaciens, qui imputent «cette aberration» au ministère de la Santé, qui selon eux ne fait rien pour y mettre un terme.L’Ordre national des pharmaciensajoute que si la consommation moyenne de médicament des Marocains ne dépassait pas les 400 DH par an avant l’arrivée du nouveau coronavirus, cette dernière continue de baisser avec la prolongation desmesures restrictives.

Cafés-restaurants : Autre secteur fortement impacté par la pandémie et ses conséquences, celui des cafés et des restaurants. D’ailleurs, les opérateurs de ce secteur ont menacé de lancer une grève nationale ou, pire encore,de ne plus se conformer aux dispositions préventives en vigueur. L’Association nationale des employeurs de cafés et de restaurantsa de ce fait exprimé son mécontentement quant au maintien des restrictions de lutte contre la pandémie, alors que lesindicateurs épidémiologiques sont en constante amélioration, et que certaines régions n’enregistrent même plus de nouveaux cas d’infection. Afin de mettre la lumière sur la détresse des dizaines de milliers de professionnels et des centaines de milliers de travailleurs de ce secteur, l’association a déclaré qu’elle compte adresser une lettre au roi Mohammed VI «pour démontrer la gravité de la situation vécue par les commerçants et professionnels marocains, à la suite des décisions gouvernementales aléatoires et arbitraires, et de l’absence de décisions qui allègent la souffrance des professionnels marocains». Une réunion du Conseil national de ladite association est prévue le mercredi 17 mars 2021, afin de «trancher entre la décision de lancer une grève nationale et celle de ne pas se conformer aux décisions restrictives du gouvernement».

Enfin, il est clair que malgré les efforts déployés par les autorités marocaines pour atténuer les effets de la pandémie de la Covid-19, le Maroc a encore du pain sur la planche pour subvenir aux besoins et répondre aux attentes de tous les secteurs sinistrés. Toutefois, il ne faut pas dénigrer les importantes réalisations du pays, notamment à travers les décisions du CVE et les subventions du Fonds spécial Covid-19, et qui ont réussi tant bien que mal à amortir l’impact de la crise sanitaire actuelle.

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