Déconfinement, le mystère reste entier

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Déconfinement, le mystère reste entier

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Alors que tout augurait un déconfinement progressif à partir du 20 mai prochain, le ministre de la Santé, Khaled Ait Taleb, ne semble pas de cet avis. La presse nationale s’est largement fait écho de sa sortie médiatique du 10 mai sur la première chaîne Al Aoula, et durant laquelle il a déclaré que la situation reste critique et ne justifie pas la levée du confinement.

La situation actuelle de l’évolution de la pandémie du Covid-19 au Maroc n’a rien de réconfortant, et le ministre n’a pas pris la peine de cacher ses craintes à ce sujet, estime Al-Massae dans son édition de ce lundi 11 mai. Une régression serait envisageable et le système de santé national ne pourrait plus suivre l’évolution de la situation épidémiologique si le virus arrivait à se propager rapidement.

Le laxisme gagnant du terrain auprès des citoyens, l’apparition récurrente de foyers pandémiques et la baisse de la moyenne d’âge des malades à 35 ans n’arrange rien.Pour Ait Taleb, une série de conditions doit être réunie: la stabilisation de la situation épidémiologique d’abord, puis la baisse du nombre de contaminations quotidiennes, ce qui n’est pas le cas puisque le pays continue d’enregistrer 150 à 200 nouveaux cas par jour. S’y ajoute la nécessité de l’inflexion de l’indice de contagiosité du virus (R0) sous la valeur de 1.

Le confinement de moins en moins respecté au Maroc

C’est ainsi que le département de la Santé verra son organisation adaptée pour veiller, détecter, traiter, et ce jusqu’à… la fin de l’année! «Khalid Ait Taleb n’a pas fermé la porte, mais il a douché les optimismes, lui qui a une sorte de droit de véto sur la date du déconfinement», commente Médias24. Au cours des dernières 24 heures, le site d’information a calculé environ 79 nouveaux cas à Fès-Meknès et une trentaine à Marrakech-Safi, autant à Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Ces trois régions ne cessent d’alimenter le compteur pandémique, avec de nouveauxfoyers. Même Essaouira, qui n’avait plus de cas actifs, a vu la confirmation récente de deux nouveaux cas, ce qui place la province à nouveau en rouge.

Un relâchement «sensible» observé également par Yabiladi. Entre les sorties régulières, les rassemblements sans respect de la distanciation recommandée, notamment dans les rues commerçantes ou magasins, ou encore le laxisme sur les ports de masques, la vie semble pratiquement revenir à son cours normal sans attendre la date fatidique du 20 mai. En vidéo, le site rapporte des scènes de marchés et d’espaces publics bondés de monde.

Confinement, entre mesures restrictives et droits de l’Homme

Ce relâchement comportemental observé ne verse pas en faveur de la prise d’une décision aussi risquée que de mettre fin au confinement prématurément. Mais sa prolongation a également ses inconvénients. Le débat s’intensifie autour de son positionnement entre mesures restrictives et droits de l’Homme. Selon Libération, la coalition marocaine des instances des droits de l’Homme avance le chiffre de 81489 personnes arrêtées pour transgression des dispositions de l’état d’urgence, alors que le Parquet général en annonçait 65352. «Il est vrai qu’il y a beaucoup d’arrestations, mais, en pratique, le Parquet reste tolérant et tente de gérer la situation avec beaucoup de doigté puisqu’il y a une loi et il est censé l’appliquer», indique au journal Allal El Bassraoui, avocat et président de la Commission régionale de Béni-Mellal-Khouribga.

Qu’en est-il alors des propos qui évoquent le retour de l’autoritarisme et la régression des droits et libertés au Maroc pendant cette crise liée au coronavirus ?«Aujourd’hui, on constate que des cas de violation des droits de l’Homme sont documentés par des vidéos. Ces cas sont souvent commis par des caïds ou d’autres agents d’autorité. Heureusement qu’ils sont peu nombreux, mais pour un défenseur des droits de l’Homme, il suffit d’une seule vidéo pour déclencher le système d’alerte, car il estime qu’aucun cas de violation des droits ne doit exister et c’est ça qui donne l’impression qu’il y a régression», explique pour sa part le président de l’Organisation marocaine des droits de l’Homme (OMDH), Boubker Largo.

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