Covid-19 : clusters, dépistage et déconfinement au menu du jour

Au Maroc, bien que le nombre de contaminations au coronavirus augmente de jour en jour, celui des guérisons grimpe aussi. Ce jeudi 7 mai, le ministère de la Santé fait état de 140 nouvelles infections, 0 décès, 162 nouvelles rémissions et 1335 nouveaux cas exclus après des tests négatifs au Covid-19. Ces derniers chiffres portent ainsi le bilan national de la pandémie à 5505 cas confirmés, 183 morts, 2179 guérisons, 50.944 personnes testées négatives et 3181 patients en cours de traitement. Aujourd’hui le Maroc, qui cite Mahamed Lyoubi, directeur de l’épidémiologie au sein de la tutelle, annonce que le taux de rémission du royaume (39,28%) a largement dépassé la moyenne mondiale (34%). Le responsable a également précisé, lors de son point de presse quotidien de la veille, que la tendance baissière dupourcentage de létalitéest très rassurant, et que ce dernier a atteint à date 3,3%.

Persistance des foyers familiaux et industriels

Malgré les efforts des pouvoirs publics, les clusters endémiques industriels et familiaux persistent dans le pays. Selon Al Ahdath Al Maghribya, la plupart de ces foyers ont été identifiés dans les régions de Rabat-Salé-Kénitra et Casablanca-Settat. Les autorités sanitaires continuent de multiplier les dispositifs de prévention pour contenir les répercussions du cluster détectées dans une usine du quartier casablancais Aïn Sbaâ. Tous les contaminés ont été isolés et une investigation est en cours pour déterminer toutes les personnes avec lesquelles ils sont entrés en contact. Le journal rapporte aussi qu’à Salé, plusieurs quartiers ont été barricadés afin que les autorités locales, les services de sécurité et les sapeurs-pompiers puissent inspecter tous les moyens de transports, soupçonnés d’être à l’origine de nouveaux foyers de contagion. La mise en place de ces mesures drastiques fait suite, selon la même source, à l’augmentation du nombre de personnes positives au Covid-19 dans la région de Rabat-Salé-Kénitra.

Notons par ailleursqueCasablanca-Settat est toujours en tête des régions les plus touchées par cette pandémie, avec 26,94% du nombre total des contaminations du pays, suivie de Marrakech-Safi (20,65%), Tanger-Tétouan-El Hoceima (14,11%), Fès-Meknès (12,92%), Draâ-Tafilalet (10,12%), Rabat-Salé-Kénitra (8,63%), l’Oriental (3,18%), Béni-Mellal-Khénifra (1,58%), Souss-Massa (1,02%) et Guelmim-Oued Noun (0,74%). De son côté, Médias24 a listé les 26 provinces qui sont désormais«coronavirus-free» :

Bientôt 10000 tests par jour au Maroc

Dans une interview, accordée à Médias24, Mohamed Rhajaoui, directeur de l’Institut national d’hygiène de Rabat (INH), a déclaré que le réseau de la Santé du Maroc dispose actuellement de 11 laboratoires, qui passeront bientôt à 19. Selon lui, 4 de ces nouvelles structures se situent dans les Centres hospitaliers régionaux (CHR) d’Errachidia et Beni Mellal et dans les Centres hospitaliers provinciaux (CHP) de Nador et Tétouan. De plus, deux autres laboratoires à but non lucratif, relevant des fondations de l’hôpital Cheikh Zayed à Rabat et de l’hôpital Cheikh Khalifa à Casablanca, sont déjà opérationnels ainsi qu’un autre privé dans la capitale. Le directeur de l’INH soutient aussi que d’autres unités privéesd’analyse seront bientôt agréées, pour couvrir le besoin du royaume.

En outre, Rhajaoui a souligné à nos confrères que le nombre actuel de prélèvements testés quotidiennement est d’environ 2500 à 3000 tests PCR. Il prévoit que cette capacité doublera rapidement, et ce, grâce à la multiplication du nombre de laboratoires agréés et de leurs équipements et machines de diagnostic, notant que l’objectif final est d’atteindre 10000 tests par jour vers la fin de ce mois de mai. L’expert a également expliqué que le Maroc a fait le choix d’adopter les tests virologiques PCR au lieu de ceux sérologiques, vu que les premiers sont plus précis et plus concluants. Et de souligner que le test sérologique n’est pas aussi fiable que le PCR, malgré les progrès réalisés.

Les laboratoires reçoivent souvent des prélèvements inexploitables

Alors que le pays s’efforce de préparer de nouveaux laboratoires pour élargir les tests de dépistage, plusieurs laborantins déplorent une anarchie au niveau des opérations de prélèvement. Selon l’édition de ce jeudi du journal Assabah, les techniciens opérant dans les structures d’analyses publiques affirment qu’ils reçoivent très souvent des échantillons inexploitables provenant des services des Centres hospitaliers universitaires (CHU).Le quotidien citant une technicienne du CHU de Marrakech, rapporte que parmi les défaillances relevées figure la réception de contenants qui ne sont pas bien scellés, des tubes de prélèvements «anonymes» sans fiches détaillant le cas de la personne testée, ou encore la mauvaise manipulation des tiges de l’écouvillonnage (prélèvement nasal). Selon l’experte ce non-respect du protocole en vigueur menace le personnel soignant et celui des laboratoires, mais aussi compromet le processus d’identification des infections.

Cependant, Assabah souligne que malgré ces difficultés, les analyses se font aujourd’hui plusvite et que depuis la déclaration du coronavirus dans le pays (66 jours au total),45000 tests ont été réalisés grâce au travail acharné de quelque 1230 techniciens de laboratoire.

Les précisions du ministre de la Santé

Pour Khalid Aït Taleb, ministre de la Santé, pour assurer un retour sécurisé à la normale au Maroc, le déconfinement devra se faire par région. Il explique à L’Économiste que «lorsqu’il n’y aura plus d’infection dans une région pendant plus de 20 jours, les autorités pourront y lever l’état d’urgence sanitaire». Le ministre préconise que seuls les travailleurs soient autorisés à se déplacer dans un premier temps, et appelle les retraités et les personnes sans emploi à rester chez eux en attendant la fin de cette épidémie, pour éviter tous risques inutiles. Aït Taleb recommande également aux Marocains de se considérer tous comme porteurs du Covid-19, de continuer à porter les masques de protection, de respecter les précautions d’hygiène et de maintenir l’application des gestes barrières. Enfin, il conseille l’ensemble des citoyens de renforcer leur système immunitaire en s’alimentant sainement et en évitantles produits alimentaires manufacturés, qui contiennent des conservateurs pouvant être nocifs pour la santé.