Nouveau code électoral : ce qu’il faut retenir des concertations

Mbaye Gueye
Temps de lecture :

Nouveau code électoral : ce qu'il faut retenir des concertationsLe ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, a tenu, le 2 août 2025, deux réunions consécutives avec les dirigeants des partis politiques, consacrées à la préparation des élections législatives pour l'élection des membres de la Chambre des représentants en 2026 @ MAP

A
A
A
A
A

À l’approche des élections législatives prévues en 2026, le Maroc engage une démarche politique inédite. Sur instructions du roi Mohammed VI, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a entamé une série de concertations avec l’ensemble des formations politiques appelées à participer au scrutin. Cette initiative, lancée plus d’un an avant l’échéance, marque une rupture avec les pratiques passées, où le code électoral était souvent défini sans implication directe et précoce des partis.

Depuis le samedi 2 août 2025, le Maroc a entamé un virage dans sa vie politique. Cette étape s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre immédiate des orientations royales énoncées dans le discours du Trône du 29 juillet dernier. Dans ce contexte, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a réuni les chefs des partis politiques les plus représentatifs afin de lancer officiellement les concertations en vue de l’élaboration du prochain code électoral. Il a invité ces partis à lui soumettre leurs propositions d’ici à la fin du mois d’août.

Cette initiative royale vient à point nommé. Le code électoral a longtemps fait l’objet de polémiques. Les Marocains se sont toujours interrogés sur la manière dont il est élaboré et par qui. Les observateurs espèrent que le nouveau code électoral, issu des concertations, permettra de trouver un consensus sur certaines divergences. Même s’il faut le dire, le délai semble court !

Un dialogue ouvert pour un consensus électoral

Selon le politologue Driss Aissaoui, ces rencontres visent à recueillir les avis, conditions et propositions des acteurs politiques sur des questions cruciales : découpage électoral, âge du vote, représentation des jeunes et des femmes, quotas ou ouverture totale des listes. L’objectif est de bâtir un consensus autour d’un texte reflétant la diversité des visions et répondant aux exigences de transparence et d’efficacité. Elles offrent également aux partis politiques l’occasion de se remettre en question au vu des nombreux scandales ayant émaillé cette législature. Toutefois, il faut noter que certains partis tentent tant bien que mal de se mettre au niveau en mobilisant leurs ressources humaines — universitaires, experts, spécialistes. Parfois même, ils font appel à des cabinets de conseil spécialisés pour affiner leurs propositions. Leur préparation est à la fois idéologique et technique, afin de dialoguer efficacement avec le ministère.

                       Lire aussi :Tournant ?

Au-delà des aspects techniques, cette démarche vise à instaurer un climat de confiance entre le ministère de l’Intérieur et les partis. En plaçant ces derniers au cœur de la réflexion, le gouvernement espère réduire les tensions qui ont souvent accompagné les débats sur la loi électorale et encourager une participation plus active des citoyens, en particulier des jeunes, souvent désengagés de la vie politique.

Jeunesse, crédibilité et réformes à long terme

Le politologue explique que ces consultations s’attaquent également à plusieurs défis structurels. Le premier concerne la participation des jeunes. Depuis plusieurs années, une désaffection croissante vis-à-vis de la chose publique se manifeste, alimentée par l’absence de programmes clairs et par la perception d’une faible efficacité des élus. Les discussions en cours visent donc à intégrer davantage les jeunes dans la représentation nationale, que ce soit par des quotas, une ouverture des listes ou une refonte du découpage électoral.

Élections législatives : le ministère de l’Intérieur engage les concertations avec les partis politiques

Le second défi est la crédibilité du scrutin. La transparence des procédures, la lutte contre l’influence de l’argent et la qualité des candidats constituent autant d’enjeux que le ministère et les partis souhaitent encadrer par un texte clair et consensuel. L’objectif est d’éviter la répétition des critiques récurrentes sur le manque de compétence ou d’engagement de certains élus.

Enfin, ces élections s’inscrivent dans une perspective de réforme plus large. L’année 2026 marquera la fin du mandat de l’actuel gouvernement et ouvrira la voie à une nouvelle étape du développement politique du Royaume, en lien avec les ambitions du modèle de développement 2030-2035. La réussite de cette échéance dépendra de la capacité des acteurs politiques à parler un langage de vérité aux citoyens et à faire émerger une nouvelle génération de responsables capables de répondre aux attentes réelles du pays, souligne Driss Aissaoui.

Cette démarche inédite vise à anticiper les défis électoraux, à garantir la transparence du processus et à renforcer la démocratie. Les contributions recueillies seront synthétisées par le ministre de l’Intérieur dans un document transmis au Souverain, avant d’être soumises au débat public. L’objectif est de parvenir à un code électoral consensuel au niveau national, qui fixera les règles encadrant les prochaines joutes électorales.

Dernier articles
Les articles les plus lu
Manifestations de la « GenZ 212 » : voici la réaction de la majorité gouvernementale

Politique - La majorité gouvernementale, réunie à Rabat, réaffirme son engagement pour les réformes, l’écoute des revendications sociales et la mise en œuvre des orientations royales.

Hajar Toufik - 30 septembre 2025
Le Maroc et le Ghana renforcent leur coopération militaire

Politique - Le Général Mohammed Berrid a reçu à Rabat son homologue ghanéen William Agyapong.

Ilyasse Rhamir - 30 septembre 2025
Nasser Bourita reçoit plusieurs nouveaux ambassadeurs au Maroc

Politique - Bourita reçoit plusieurs diplomates, en tant qu’ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires auprès du roi Mohammed VI.

Rédaction LeBrief - 30 septembre 2025
Le Mouvement Populaire propose une nouvelle doctrine pour l’industrie marocaine

Politique - Le Mouvement Populaire appelle à une rupture avec le modèle industriel basé sur les IDE. Le parti défend une doctrine progressive et endogène, axée sur l’intégration locale, l’innovation réaliste et une répartition plus équitable des retombées productives.

Ilyasse Rhamir - 30 septembre 2025
Organisation du ministère, indemnités et statut des internes : la santé au menu du Conseil de gouvernement

Politique - Le Conseil de gouvernement, présidé par Aziz Akhannouch, examinera ce jeudi plusieurs projets de décrets, notamment dans le secteur de la santé.

Rédaction LeBrief - 30 septembre 2025
Sahara : Omar Hilale réfute les propos algériens à l’ONU

Politique - À la tribune des Nations Unies, l’ambassadeur marocain Omar Hilale a répliqué aux déclarations du ministre algérien des Affaires étrangères.

Ilyasse Rhamir - 30 septembre 2025
Voir plus
Sahara : 4 ans pour tout régler ?

Dossier - Le Maroc peut maintenant demander plus : sortir le dossier du Sahara de la quatrième commission de l'ONU, inscrire le Polisario comme organisation terroriste…

Sabrina El Faiz - 25 janvier 2025
Sahara : Guterres appelle à un changement de cap

Politique - L’ONU tire la sonnette d’alarme : le Sahara reste en tension, Guterres appelle les parties à un changement de cap pour éviter l’escalade.

Hajar Toufik - 25 août 2025
Fête du Trône : le Roi adresse un discours à la Nation

Le roi Mohammed VI a adressé, mardi, un discours au peuple marocain à l’occasion du 26e anniversaire de son accession au Trône. Voici le texte…

Rédaction LeBrief - 29 juillet 2025
Parlement : la diplomatie de l’ombre

Dossier - À l’instar d’un pur-sang arabe, le Parlement avance toujours, rectifiant ses virages au besoin. Immersion dans un univers parallèle.

Sabrina El Faiz - 28 décembre 2024
Le Roi préside à Rabat un Conseil des ministres

Politique - Le roi Mohammed VI a présidé un Conseil des ministres à Rabat, validant des réformes importantes, des nominations stratégiques et des conventions renforçant la coopération internationale.

Hajar Toufik - 12 mai 2025
Sahara : pourquoi le Maroc doit agir avant la fin du mandat de Trump ?

Politique - Pour le Sahara, l'heure n'est plus à la négociation, le contexte international offre une fenêtre d'opportunité inédite. Interview avec Pr. Nabil Adel.

Sabrina El Faiz - 24 avril 2025

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire