Naima Ben Yahia face au malaise des travailleurs sociaux

Mbaye Gueye
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Naima Ben Yahia face au malaise des travailleurs sociauxNaima Ben Yahia, ministre de la Solidarité, de l’Inclusion sociale et de la Famille. © DR

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Confrontés à des retards de subventions et à un manque de moyens, les travailleurs sociaux tirent la sonnette d’alarme sur la dégradation de leurs conditions de travail et ses répercussions sur les populations vulnérables. En réponse, la ministre de la Solidarité, Naima Ben Yahia, annonce une réforme articulée autour de trois axes, visant à structurer la profession et à renforcer l’efficacité des services sociaux dans une logique d’État social.

Il y a quelques mois, la Fédération nationale des travailleuses et travailleurs sociaux (FNTTS) avait alerté les autorités, prenant l’opinion publique à témoin des difficultés rencontrées dans l’exercice de leur métier. Dans leur communiqué, ils ont énuméré plusieurs problèmes, dont les plus criants sont les retards persistants dans le versement des subventions gouvernementales et le manque de financement pour des programmes essentiels. Ces difficultés financières ont des répercussions directes sur la qualité et la continuité des services sociaux, affectant à la fois les professionnels du secteur et les populations vulnérables qu’ils accompagnent.

Ces derniers avaient souligné que cette situation menace la pérennité de leur activité, notamment celles destinées aux personnes handicapées, aux victimes de violence et aux enfants en situation de rue. Ces populations, déjà fragilisées, risquent de se retrouver sans soutien adéquat, ce qui aggraverait leur précarité et leur isolement.

                                Lire aussi : Dialogue social

Face à ces doléances, la ministre de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille, Naima Ben Yahia, s’est engagée à réorganiser les métiers de l’action sociale et à améliorer les performances des travailleurs sociaux. Devant les parlementaires de la Chambre des représentants, elle a affirmé que ces réformes étaient désormais érigées au rang d’urgence nationale. Selon elle, cette refonte s’inscrit dans le cadre des orientations royales visant à renforcer les fondements de l’État social et à améliorer les conditions de vie des citoyens.

La ministre indique que le Maroc compte aujourd’hui quelque 10.800 cadres et employés dans le domaine de l’action sociale. Cette force humaine constitue un maillon essentiel de l’accompagnement des personnes en situation de précarité et de la mise en œuvre des programmes sociaux de l’État. Consciente de cet enjeu, elle a présenté un plan structuré en trois axes pour promouvoir cette profession.

Trois piliers pour revaloriser les métiers de l’action sociale

Le premier axe concerne le cadre juridique. Il s’est concrétisé par la promulgation de la loi n° 45.18 régissant l’exercice de la profession, suivie de son décret d’application. Une décision fixant la liste des diplômes et certificats requis pour l’accréditation a également été publiée. Cette base légale vise à reconnaître officiellement le statut des travailleurs sociaux, à encadrer leur activité et à renforcer leur légitimité.

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Le deuxième axe est axé sur la formation. Le ministère, en partenariat avec le ministère de l’Enseignement supérieur, a lancé un programme de formation de 10.000 assistants sociaux à l’horizon 2030. Ce plan de renforcement des capacités est accompagné par l’élargissement du réseau des instituts nationaux de l’action sociale, afin de répondre à la demande croissante de compétences qualifiées dans ce secteur.

Le troisième axe, quant à lui, porte sur l’amélioration des conditions de travail. Naima Ben Yahia a souligné que les cahiers des charges des partenariats insistent désormais sur l’obligation de respecter le Code du travail, notamment en ce qui concerne les salaires, la protection sociale et les conditions générales de travail. Selon elle, l’objectif est de professionnaliser davantage le secteur et d’offrir un environnement de travail digne aux travailleurs sociaux.

Une mise en œuvre progressive et inclusive

Dans le cadre de la mise en œuvre de la loi n° 45.18, le ministère a déjà engagé plusieurs actions concrètes : création d’instances de gouvernance nationales et territoriales, mise en place de commissions intersectorielles d’accréditation, ouverture de guichets régionaux et provinciaux pour l’accueil des demandes, ainsi que mobilisation de ressources humaines qualifiées.

Des sessions de formation ont également été organisées pour les responsables de ces guichets, en vue d’assurer une gestion efficace et professionnelle des dossiers.

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La dernière étape de ce processus est prévue pour septembre prochain avec le lancement officiel de la réception des demandes d’accréditation. La ministre a affirmé que son département s’emploiera, dans les mois à venir, à renforcer la coordination et la communication avec toutes les parties prenantes, ainsi qu’à mettre en place un programme de sensibilisation destiné aux professionnels du secteur.

Pendant ce temps, les populations vulnérables espèrent que ce chantier amorcé, situé à la croisée des chemins entre le social et l’institutionnel, leur permettra de voir le bout du tunnel dans un pays qui promeut l’État social, la solidarité et l’inclusion.

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